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Face à la suspicion autour du rachat de la raffinerie italienne Sonatrach n’arrive pas à convaincre

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le 15.05.18 | 12h00 Réagissez

 
	Le Pdg de Sonatrach, A. Ould Kaddour, hier au siège du Conseil de la nation

 
Le Pdg de Sonatrach, A. Ould Kaddour, hier au siège du Conseil de...
 

Le rachat par Sonatrach de la raffinerie italienne continue de faire des remous, par presse interposée, en Algérie, en écho à des écrits de la presse italienne, sans que le staff dirigeant du groupe algérien ne renie sa décision qualifiée de «réfléchie et porteuse de bonnes perspectives en termes de raffinage et de disponibilité de carburants pour la production nationale et l’exportation».

L’information, ainsi donnée,  reste maladroite, approximative, ce qui ne fait qu’en rajouter à la suspicion qui entoure toutes les décisions du  groupe, malmené depuis de longues années par des affaires de corruption qui ont fini par entamer totalement  sa crédibilité.
Si Ahmed Mazighi, proche conseiller du PDG de Sonatrach,  s’est prêté au jeu des clarifications autour de cette affaire, lors de la journée parlementaire organisée hier au Sénat, il n’est pas sûr qu’il ait convaincu.

Pour le responsable de Sonatrach, le groupe a acheté une «raffinerie idéale, fiable à 98,9%». Il souligne que «tout ce qui relève d’ExxonMobil continuera d’être pris en charge par le vendeur trois ans après le transfert total de la propriété». C’est ce que révèlent aussi les écrits de la presse italienne qui souligne que le vendeur, en l’occurrence ExxonMobil, est responsable, pour trois ans encore, de l’aspect environnemental notamment.

Au-delà des qualités techniques et des capacités de raffinage de la raffinerie, avancées par Sonatrach, le groupe n’arrive ni à rassurer ni  à marteler une information qui soit claire, tranchée, moins hésitante. Autrement dit, tout simplement convaincante. Le responsable de Sonatrach a parlé d’audit sur tous les aspects du processus d’achat sans expliciter la démarche, ni trancher dans le vif, et une bonne fois pour toutes, au sujet de la polémique. Il se  contentera de dire que «les contentieux et les litiges ont été  identifiés par le cabinet d’avocats».

 

Ainsi, malgré les efforts que veut entreprendre le groupe pour moderniser sa gestion, en vue de se lancer dans une communication affranchie des lourdeurs bureaucratiques, tel que martelé par le PDG de Sonatrach  depuis des mois, le moins que l’on puisse dire, c’est que les maladresses persistent et que la stratégie de communication reste rigide et loin d’être réactive.

La polémique enfle et les accusations s’amplifient en Algérie, sur la seule foi des médias étrangers, et des personnalités politiques et des syndicats italiens qui ont raison de défendre leurs acquis et leur territoire, sans que le groupe algérien, pour sa part, ne  se décide à mettre les pieds dans le plat,  en explicitant  clairement ses prises de décision pour faire enfin sauter ce carcan bureaucratique qui enserre le groupe, et rétablir une confiance perdue vis-à-vis des Algériens depuis longtemps, dans le sillage des affaires de corruption. L’information est aujourd’hui «mondialisée» et ce ne sont pas les communiqués laconiques qui peuvent faire dévier les Algériens de ce qui s’écrit et s’ébruite au-delà des frontières, qu’il soit vérifié ou «fake».

Cité par la presse italienne, le PDG du groupe algérien,  Abdelmoulmen Ould Kaddour, souligne que «Sonatrach est extrêmement fière d’effectuer en Italie, en particulier à Augusta, son premier investissement international dans le secteur du raffinage». Il ajoute que son groupe  s’engage «à maintenir les niveaux d’emploi, la continuité de la gestion, l’excellence opérationnelle et des normes élevées de santé, de sécurité et d’environnement. Notre objectif est une présence à long terme». Des propos qui auraient gagné à être  développés à Alger et décortiqués en Italie, et en Algérie, pour la presse notamment. Certaines choses ne sont pas dites.

Pourquoi en Italie, certains politiques et syndicalistes, loin d’axer sur le volet environnemental soulevé par des associations locales, ce qui est une cause défendable,  s’insurgent plutôt contre l’irruption inattendue de Sonatrach dans le paysage industriel en Sicile et le secret dans lequel a été maintenue la transaction par ExxonMobil ? La multinationale est ainsi accusée d’avoir unilatéralement pris la décision qui risque d’avoir de graves répercussions sociales.

La peur pour l’emploi est ainsi mise en avant. Mais pas seulement. Le groupe Sonatrach est un inconnu pour la majorité des Italiens et en particulier des Siciliens proches du site d’Augusta en question, et même si Sonatrach assure que l’opération est conservatrice des besoins d’emploi, le gouverneur de Sicile, Nello Musumeci, estime que «le mode anormal dans lequel la prise de contrôle de la société algérienne Sonatrach d’Esso Augusta laisse très perplexe et soulève de sérieuses préoccupations.

 

Ceux qui viennent investir en Sicile sont toujours les bienvenus, mais ils ont avant tout le devoir de présenter des lettres de créance et des garanties aux institutions». Sonatrach a ainsi la lourde tâche de rassurer en Italie, par une sérieuse opération de communication avant le rachat définitif de la raffinerie d’Augusta fin 2018, mais surtout en Algérie, où le groupe qui s’adonne à une opération de proximité avec la presse, n’a pas encore trouvé le canal idéal pour s’affranchir des postures bureaucratiques et d’une communication encore caractérisée par la rétention de l’information et la langue de bois. Une démarche qui n’est pas du tout dans l’intérêt du groupe.

Zhor Hadjam
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