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Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

 LE  HASARD  ET LE SACRE

 
 
 
  Il était une fois ,un roi ordonna, tard dans la nuit, à   son meilleur conseiller de se présenter en toute urgence au palais.Celui-ci arriva en toute hâte, car on ne tergiverse pas avec les ordres de sa majesté.
On fit entrer le conseiller.
 Envahi par la  peur, il avait le visage blême. Époumoné par cette inexplicable alerte, sa respiration etait hachée et entrecoupée.Elle semblait offenser le silence religieux de la salle d'attente, d'autant plus qu'il était impatient de savoir l'objet de cet impératif.
- D'une voix austère et solennelle, le roi  l'aborda:  " Écoutes, connaissant tes aptitudes et ton talent, je t'ai choisi parmi mes meilleurs conseillers pour ta fine analyse et ta perspicacité   " 
-Là, Son visage s’épanouit et s’illuminât soudain, en écoutant cette bénédiction.Il fit la révérence au roi puis balbutia  : " Merci Majesté, je serai à la hauteur de votre insigne confiance"
-En s'adossant doucement sur son divan, le roi lui dit : " Des insomnies me hantent chaque nuit et une question lancinante et obsédante me perfore, constamment,  l'esprit.  En effet et selon ton expérience avérée et reconnue par nos soins, Je voudrai  une réponse à la mesure de cette situation qui m'est devenue agaçante."
- Oui Majesté, soyez certain, et  de votre immense générosité je puiserai tous mes efforts afin de vous soulager de vos veilles pesantes et de  répondre, ainsi,  à vos interrogations nocturnes et préoccupantes.
- Le roi enchaîna : " Dites moi conseiller, lequel est  préférable, selon vous, le hasard ou le sacré ? Quelle est à ton avis la meilleure des deux situations ? "
Et sans réfléchir, le conseiller répondit : " bien sur Majesté c'est le sacré !"
Le roi esquissa un sourire et rajouta : " Je crois qu'il fait tard maintenant et je préfère différer la conversation. Chacun de nous aura demain toute la latitude du temps pour exposer  ses preuves "
Le lendemain, ils partirent faire une tournée dans l'ancien souk de la ville. Le roi observait et scrutait ses "sujets avec examen".Tout d'un coup et par hasard son regard se fixa sur un vieil porteur. Il avait l'air misérable.Sur son visage abîmé, se sont  tracées les rides des anciennes souffrances.Déguenillé et disetteux, la vie l'avait terriblement marqué par des malheurs sans fin.Plongé dans sa condition traîne-misère, il n'osait pas relever ses yeux vers le ciel. Le ciel l'avait déjà, si bien longtemps, abandonné.
Le roi ordonna à sa garde de l'emmener au palais.
Craintif,Le miséreux leva  ses yeux vers le ciel pour implorer dieu et crier sa détresse : " qu'ai je fait encore pour que ce grand malheur s'abatte principalement sur moi ? De ces nombreux gueux, pourquoi m'a-t-on choisi ? Le corps tremblant comme une feuille d'automne, le regard figé ,  il venait , même, de perdre l'usage de la parole. Une larme ruisselante dévalait sur le relief escarpé de son visage. Son cœur battait la chamade. Il arrivait à peine à respirer. Ses mains sont devenues moites...Enfin, il était dans le cirage et ne comprenait plus rien de cette situation confuse..
Arrivé au palais, le roi ordonna de bien le nourrir et le vêtir.Choqué tout d'abord par tant de bienveillances , notre vieillard parvint a prendre gout. Bien soigné, dorloté, choyé, il était aux petits oignons.Il ne manquait plus de rien, en plus, il jouissait de la faveur et de la considération. 
Apres des séances ardues de lifting et de réparation à l'image d'une pièce usée, cruellement, par le temps qu'il fallait  restaurer, il était devenu " un homme du monde ". Mais il ne comprenait toujours pas le sens de ce rêve et de cette métamorphose involontaire. 
Petit à petit,  notre ex-porteur s’habituait à cette nouvelle vie. Il croquait, à pleines dents,  le plaisir de la vie friande et désirable du palais et en fit même  partie des courtisans. Tout juste,  après ce "stade bloqué"   ou stage de perfectionnement;  le roi le nomma ministre.
Le lendemain,Le conseiller était surpris et étonné lorsqu'il apprit la nouvelle.....Le porteur est devenue ministre !
En accueillant le conseiller, le roi fier et fanfaronnant apostropha le malheureux conseiller : " Tu as vu, le hasard n'est-il pas mieux que le sacré ? " N'est-ce pas moi qui l'à choisi par hasard ? Et n'est-ce pas le hasard qui l'a fait ministre ?
Le conseiller baissa la tète un moment puis reprit ses états : " Majesté, la vérité vous appartient et le bon sens ne saurait se départir de votre noblesse, mais tout de même, accordez-moi une faveur de deux jours et je vous démontrerai le contraire ".
- " Votre requête est acceptée ".
Le lendemain, notre brave conseiller qui était tenu par un défi " royal ", partit au souk de la ville. Le regard perçant, Il dévisageait toutes les personnes dans cette cité grouillante. Peine perdue, aucun détail n'avait retenu, jusqu'à présent, son attention. En effet, il cherchait autre chose. Puis, abordant une ruelle étroite, il vit un âne chétif, osseux et amaigri. Sa peau en chapelure laissait apparaître des plaques dépourvues de poil. Exténué, le quadrupède avait le pas lent et boiteux. Épuise, ses oreilles éprouvaient de la peine à se relever et ses yeux crasseux semblaient se refermer, définitivement, sur sa vie errante. Son maître l'avait , probablement, abandonné depuis des mois.
Un eurêka d’Archimède fut prononcé par le conseiller qui venait de découvrir la solution à son  problème ! 
Il poussa, délicatement, la bête vers le souk et commença à la caresser, à lui passer la main et la câliner. La foule se rassembla autour. Elle affluait de toutes parts.Elle était ébahie et étonnée de voir le conseiller du roi palucher cet affreux et galeux ongulé. Lorsqu'il vit que la place du souk s’était remplie,    il s'écria  :" O braves gens ! mes frères ! Savez-vous que cet âne négligé et solitaire avait transporté sur son dos un prophète ? Savez-vous aussi que plusieurs savants l'avaient cités dans leurs livres ? Voyez-vous ces indices et ces signes. Observez-bien ses yeux ils sont de couleurs différentes et même la longueur de ses oreilles, elles sont de taille impressionnante. Regardez cette partie du dos , la nature douce du poil n'est pas la même. C'est là, où s'asseyait le prophète.
Jugeant que la foule a été médusée, il rajouta avec insistance : "Tout ces détails  ont été décrit et relaté dans les livres cités " 
Crédules, naïfs et superstitieux, les badauds ont cru au mystère. Quelques uns commencèrent à toucher ce thaumaturge équidé, d'autres carrément,  à le caresser pour "la baraka". Une femme lui prend la queue pour avoir cet enfant tant désiré. Une autre lui arrache quelques poils teigneux pour se marier.  celui là lui lave les pieds pour être adulé par sa femme. Et ce sourd  qui se frotte les oreilles contre celles du "mammifère transporteur attitré de prophète" pour que son ouïe  guérisse et renaît.
Ils lui soignèrent les plaies, le lavèrent et le décrassèrent de toutes les impuretés accumulées durant cette longue période d'errance. On lui aménagea une écurie propre et spacieuse.Libre, il se déplaçait d'un quartier à un autre et chaque résidant était heureux de voir notre " si cher baudet "s’arrêter devant sa maison. Un signe que le bonheur ne tardera pas à illuminer la demeure de ce chanceux habitant. 
  Et à l'image de ces rituels qui nous viennent du Tibet, où l'on suspend sur  "des arbres à vœux " des morceaux de vêtements, ou de sa forme moderne qu'est le sapin de noël, les habitants de la cité " de la révélation " suspendirent des haillons autour du coup et des sabots de cet âne sacré et vénéré.C'est ainsi que son dos galeux et lépreux se transforma, magiquement, en un endroit fétiche et divinisé.On viendra des villes limitrophes et même lointaines pour obtenir la baraka ou la "berrakha" en hébreux, de cet âne sacré.
Des bruits incessants autour de ce miracle arrivèrent au palais. Le roi savait qu'il avait perdu le pari, mais voulait en savoir d'avantage, il fit convoquer le conseiller.
Cette fois ci c'est le conseiller qui aborda le roi : " majesté, vous n’êtes pas sans le savoir que l'histoire de l’âne sacré occupe l'esprit de vos sujets.  Au fait, Excellence, lequel est meilleur le sacré ou le hasard ?"
Confus et désemparé, le roi lui dit : " mais quelle est la différence ?" 
Vous savez Majesté, enchaîna le conseiller :"   Vous aviez fait de ce pauvre porteur un ministre, vous pouvez à tout moment le décharger de ses fonctions. Vous pouvez aussi le déposséder de ses titres de noblesse.Vous pouvez le dépouiller de son grade.Ceci vous appartient et vous êtes seul décideur. Toutes les jouissances qu'il a obtenues sont en réalité éphémères. Par contre, moi, j'ai revêtu l’âne d'un habit  sacré immuable . Les gens ont cru sans réfléchir. C'est la nature des peuples qui se cachent derrière le passé et les mystères. C'est la nature propre aux peuples qui vivent le déclin et qui s’entêtent à s'agripper  aux légendes. Et enfin, c'est le caractère des peuples qui ont , depuis longtemps, évacué tout doute méthodologique dans leur démarche. Aucun de nous, même vous Majesté , ne pourra, jamais, lui ôter cet habit divin. Il vous sera difficile de libérer l'esprit des gens lorsque les idées fausses ou mortes s'implantent et le pseudo  sacro-saint s'installe. Les fausses croyances sont des sédiments ou des dépôts de roche calcaire qui empêchent  la raison de retrouver la lumière. Meme après sa mort, cet âne sera, continuellement, vénéré."
Le roi baissa les yeux et s'affaissa dans son trône, et d'une voix à peine perceptible, lui dit " C'est juste, ton raisonnement est  cohérent et sage. J'ai perdu le pari  "  
Pour terminer le récit, j'ajouterai  mes chers amis: Combien de peuples dans le monde arabe ont été dupé, berné, mystifié par des ânes enturbannés en faux-chioukhs et guides?.... Combien de peuples dans le monde arabe , aussi, ont été floué et roulé par des ânes qui se sont auto-proclamés, dirigeants à vie et gouvernants, et qui ont conduit leurs troupeaux vers l’abîme et le désastre. Ces peuples qui ont " vénéré, jadis, l’âne de la cité"  par manque de réaction de leur part et par absence d'une conscience collective, ont perdu aujourd'hui, tout espoir de vivre dignement et se sont retrouvés, immanquablement, face au mur et en dehors de l'histoire
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