Tayeb Hafsi,( idéologue malgré lui ?) poursuit sa croisade de chevalier du capitalisme sur les terres algériennes. Comme les sciences
sociales et donc économiques également n'ont jamais été la loi de l'attraction terrestre, qui rallie tous les Terriens unanimement ou presque, il est tout à fait concevable qu'un Algérien, à qui
l'Algérie de ses rêves de jeunesse a offert un emploi et des responsabilités gratifiants dans la plus grande entreprise du pays puis une bourse pour une autre formation aux Etats-Unis, et qui a
fini par s’installer depuis fort longtemps au Canada, choisisse finalement de se mettre au service de la famille idéologique qui nous a réduit au rang de yaouleds, Ahmed et
Fatma, 132 ans durant. Sans doute y a t-il trouvé une réalisation de soi plus grande. Rien donc qui ne relève du banal et de l’ordinaire en ce bas monde matériel. Il suffit
juste de rester modeste pour ne pas en faire une ligne de conduite pour tous ses compatriotes et à fortiori l'ériger en théorie pour penser l’avenir de son
pays. Car cette petite lucarne, on en conviendra, ne saurait être adaptée pour apprécier à sa juste valeur et dans toutes leurs dimensions l’immense œuvre de construction nationale et l'ambition
de reconquête du moi national entamée courageusement par l'Algérie au lendemain de l'indépendance. Cette courte tentative pour faire changer de file , au chaab Al Djazairi, pour la première fois
de son histoire, a été mise en échec et sabordée par les épigones de l'idéologie à laquelle se source à présent(sans naïveté?) Tayeb Hafsi. Cette Algérie du temps où les milliers d'étudiants
qu'elle envoyait à l'étranger se former, revenaient, malgré les sollicitations de l’étranger, se mettre se mettre au service du développement et du progrès de son peuple, cette Algérie là a
permis entre autres à des centaines de milliers de ses compatriotes d'accéder à la dignité "d'opérateurs" du devenir de leur pays, comme on disait à l'époque. Entre autres aussi, elle a mis
solidement en selle d'authentiques entrepreneurs industriels qui ont mis à profit les projets de développement national qui fleurissaient dans toutes les régions du pays. Omar Aktouf a fait lui
aussi partie de ces cadres de valeur formés par l'Algérie de nos rêves de jeunesse, mais lui, il sait ce que la reconnaissance internationale méritée dont il jouit aujourd'hui, doit aux choix du
développement national quand l'Algérie était encore préservée des aventures ruineuses et destructrices inaugurées il y a une trentaine d'années, au nom de l'idéologie cauchemardesque qui nous a
conduit à l'impasse actuelle. Une idéologie effectivement de malheur qui a causé et qui continue de causer les désastres que l'on sait dans le monde entier et d'abord dans les Etats qui nous la
"conseillent" au besoin à coups de Tomahawks sur la tête. On comprend que Tayeb Hafsi craigne comme la peste le langage des faits et des chiffres quand
celui-ci lui déroule implacablement l’inventaire des dégâts monumentaux que le modèle qui l’inspire a causé à notre pays en 30 ans de travaux pratiques successifs : la
casse du secteur industriel et de ses entreprises, la plongée de la jeunesse dans le chômage, la fragilité sociale et le désespoir, l'affaiblissement dangereux de l'indépendance nationale,
l'impasse dans laquelle est piégée notre économie. Il ne veut pas voir une réalité qui le dérange dans ses certitudes, ce vaisseau libéral amiral en irrémédiable perdition, ce modèle de référence
qui se brise aux fondations. Mais tout le monde n'a pas vocation à porter les œillères de gestionnaire des comptes (petits ou grands peu importe) du capital ni à se faire porte voix des patrons.
Tayeb Hafsi joue une partition connue et orchestrée par les gourous de l'idéologie du management. Derrière l'argumentaire de bon sens, savamment décoré, du management et au nom
même du rejet des idéologies, il nous en sert une cousue de fil des plus usés : les recettes les plus plates du
comment réussir en tbasniss. Rien de nouveau ni d'original, en réalité, dans cette prose managériale qui se donne pour science, mais
qui est une bien trop petite arithmétique pour se mettre à la hauteur des desseins et des exigences
du développement national, pour voir grand. Vouloir en faire l’horizon de l’ambition nationale c’est aller vite en besogne même si le propos, bien huilé et enrobé de sucre,
peut donner l’illusion du contraire.
Ben Houari Wafi