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Réseau des Démocrates

De la nécessaire refondation du système national de Culture physique et sportive

Depuis la fin du processus de renouvellement des instances sportives fédérales et olympique(2017), un débat passionné mais salutaire, s'est instauré au sein du MSN. Le texte ci dessoustexte, datant certes de 2013, se veut, sans plus, une contribution à ce débat.

 

Dans nos chroniques sportives, à paraître, la pratique et la réflexion nous ont conduits à la mise en évidence d’un système de Culture physique et sportive, en voie de déstructuration et de désarticulation  avancées. C’est ce que d’autres ont appelé « délabrement du Mouvement Sportif national ».

Cette introduction s’inspire des analyses et propositions développées au cours de la première Université d’été, organisée par le Forum de Rénovation de l’Education Physique et Sportive (FOREPS).

 

Nous pouvons comprendre que le délabrement intègre, non seulement un état de déstructuration-désarticulation au plan de l’organisation des institutions, mais aussi une déliquescence des valeurs dans un MSN progressivement atteint d’anomie, de la perte de toutes ces valeurs pour lesquels des milliers de cadres, se sont battus pour faire du MSN un espace d’éducation et d’expression de la citoyenneté. Le sens de leur combat était d’inscrire le sport au cœur de la Cité pour participer à son développement multiforme.

Au lieu de cela, le MSN, fourvoyé dans des querelles pour rente et prébendes, avait perdu, progressivement, toute vitalité pour produire de la performance et encore moins pour créer les conditions de sa reproduction.

 

Face à cet état de  déstructuration-désarticulation, il nous a paru que la sauvegarde du MSN passait par une phase salutaire de refondation- reconstruction.

C’est au cœur de la cellule de base de la nation que doit s’opérer cette refondation-reconstruction, en donnant une énergie nouvelle, des moyens adéquats et une vision et une vie nouvelle au sport communal et à l’enseignement de l’EPS au sein de l’école élémentaire.

 

Le processus de cette refondation-reconstruction doit s’efforcer de redéfinir la place, le rôle et les fonctions de chaque composante du système national de Culture Physique et Sportive et, surtout, la nature de leurs relations opérationnelles et fonctionnelles.

 

Pourquoi et comment sommes-nous arrivés à ce stade ?

 

Il nous a semblé que cette désarticulation est le résultat de l’absence d’un projet unificateur ; soit d’une politique, ou plus exactement de l’existence de bribes de politique sportive éparses, attestées par plus de lois qu’il n’en faut pour aider le MSN à se développer.

Le PROJET est le résultat d’une politique claire ayant été définie à l’issue de débats démocratiques organisés, entre toutes les institutions et tous les acteurs concernés du MSN : ses finalités, ses objectifs, ses valeurs et ses principes, son identité et ses singularités, ses connexions et ses rythmes de réalisation. Un projet qui tourne le dos à l’obsession du résultat à tout prix, ayant empoisonné et perturbé la vie de nos fédérations et de nos clubs.

Le souci constant de la performance, de sa production et de sa reproduction a ainsi constamment préoccupé les responsables du MSN. Essentiellement parce que la performance - moteur non seulement du sport de haut niveau, mais aussi de l’ensemble du mouvement sportif - et le capital médailles qui l’exprime, a toujours été mis en relation avec l’envergure économique, culturelle et sociale de la nation considérée.

 

A la fin de chaque grande manifestation sportive, jeux olympiques ou championnats du monde, le tableau des médailles a toujours été le reflet de ce que Paul E.OHL a appelé  « la Guerre Olympique ». Il devait y rappeler les dérives pressenties par le père de l’olympisme moderne. [1]

 

Toutefois, il est évident, que les pays avancés n’ont pas travaillé dans cette seule perspective. Ils ont toujours considéré qu’il leur fallait agir pour le développement d’un capital autrement plus large et fondamental : le capital éducation-santé de la nation.

 

Le Code de l’EPS fut l’expression de cette vision équilibrée du phénomène sportif.

Promulgué en octobre 1976, son application fut tout aussi précipitée qu’incohérente. Une seule préoccupation habitait les esprits à l’époque, la mise en œuvre, sans délais, de ce qu’il fut convenu d’appeler la Réforme Sportive.

Des 34 textes d’application qui devaient voir le jour pour l’application de la première loi relative à l’Education Physique et au sport en Algérie, aucun, ne vit le jour.

 

Seule importait la mise en place des Associations Sportive de Performance – dont le code de l’EPS ne soufflait mot – en tant que vecteurs de la Réforme sportive.

Dans son exposé relatif aux «  Politiques sportives et aux réalités vécues », Aziz Derouaz mit en évidence la rupture introduite par la Réforme sportive au sein du MSN, mais aussi les failles qui en découlèrent.

 

Alors que le Code de l’EPS définissait les attributions de chaque département ministériel et les mécanismes devant relier leurs actions respectives sous le parrainage du MJS. Nous citerons entre autres l’article 7 (Titre II -  De l’enseignement de l’éducation Physique et sportive et de la formation des cadres) qui dispose :

 

« Le contenu des programmes et horaires de l’éducation physique et sportive, son application et son évaluation dans les établissements de formation ou d’enseignement, est élaboré conjointement par le ministre chargé des sports et les ministres intéressés. »

 

Cet article consacre plus la liaison efficiente et la coordination permanente que la rupture brutale et sans appel, telle qu’elle fut mise en œuvre par le MJS, dans les années soixante dix.

Le transfert des personnels du MJS vers le ministère de l’éducation nationale que ni le Code de l’EPS, ni nul autre texte d’application n’exigeait, se fit donc dans la précipitation, alors qu’il aurait fallu ménager une période de transition, permettant aux uns et aux autres, de choisir leur bord, en toute connaissance de cause, avec conscience et lucidité.

 

Faut-il rappeler que c’était l’époque où l’opération 400 écoles battait son plein, sous l’égide de la CMC (Commission Mixte de Conception) et les Instructions Officielles, réglementant l’enseignement de l’EPS, devaient être évaluées et, assurément, modifiées.

Par ailleurs, la formation des cadres nécessaires au fonctionnement du MSN, suivit, comme l’enseignement de l’EPS, un autre cours que celui préconisé par une étude approfondie du système global de formation. Cette étude  avait abouti à la définition de profils diversifiés, adaptés à des besoins et profils de postes bien définis, dans des secteurs bien cernés.

 

L’exposé d’Aziz Dérouaz a mis également en lumière ce que nous pourrions appeler l’inflation législative. Après le Code de l’EPS qui semblait suffire aux besoins de l’époque, il fut décompté une loi en 1989, une autre en 1995, suivie de la loi de 2004.

 

L’avant projet de loi relative à l’organisation et au développement du système national de culture physique et sportive avançait l’argumentaire suivant :

 

« Pourquoi une nouvelle Loi sur le sport ? Pourquoi ne pas simplement procéder à de simples aménagements du Code de l’EPS instauré par l’ordonnance du 23 octobre 1976.

Cette double interrogation, loin d’être formelle, interpelle sur des questions de fond qui nous renvoient, en dernière instance, à la nécessaire reconstextualisation économique et sociale du sport dans notre pays. »

 

Après octobre 1988, l’Algérie entrait dans une nouvelle ère. De nouveaux choix économiques et sociaux,  tournant le dos à la construction d’une société et d’une économie socialistes, imposait la révision du Code de l’EPS.

 

Est-ce uniquement là l’esprit de la loi 89.03 ? Cette loi signe le désengagement de l’Etat et des entreprises publiques du processus de financement du sport de performance en Algérie, tout autant que la diminution des subventions accordées aux associations en charge du développement du sport de masse.

 

Avec la loi de 2013, l’accent est, encore une fois, mis sur la production de la performance, et ses conséquences, le dopage et la violence sur les stades.

Mais bien peu de choses en ce qui concerne le développement du sport éducatif de masse au niveau de l’école et de la commune.

L’Université d’été du Foreps en se donnant pour thème «  Vers les Etats généraux du sport communal », a voulu préciser que l’on ne peut parler de la performance et de la haute compétition, sans se donner les moyens de rééquilibrer un système délabré. Sans refonder et reconstruire ce système.

Les chroniques sportives que vous allez lire fournissent une grille de lecture de près de cinquante années de développement sportif avec ses résultats « olympiques » et ses reculades pratiquement annoncées par sa constante tension vers le résultat à obtenir quel qu’en soit le prix.

 

Baghdadi Si Mohamed

 

 

[1] Le 7 avril 1923, Pierre de Coubertin étalera ses craintes et prédira les malheurs qui s’abattront sur l’olympisme : 

« …Le succès renferme en soi-même les germes de sa propre décadence et le sport n’échappe pas à cette loi. En dehors de la vénalité, les germes de cette décadence sont l’esprit de caste qui s’oppose à la diffusion démocratique du sport et l’entoure d’un appareil de luxe ; la politique qui tend à s’emparer de lui ; la vanité outrecuidante des champions entretenue par une certaine presse qui, épaulée par les industries dont elle sert les intérêts, a été entrainée dans les voies d’un mercantilisme grandissant et qui transforme les vedettes sportives en cabotins : l’idolâtrie du sport devenue idée fixe et bouleversante, au profit de la moins importante, la hiérarchie des valeurs : le chauvinisme qui, peu soucieux de l’intérêt véritable des champions et de leur avenir, les conduit au surmenage, à la tricherie, au dopage ; enfin les mouvements passionnels de certaines foules faisant descendre des tribunes jusqu’aux terrains l’instinct de la brutalité et le désir de vaincre à tout prix. Qui porte la responsabilité de ces divers facteurs de corruption ?

L’Athlète ? Je continue de le tenir pour un grand calomnié et à rendre les parents, les maîtres, les politiciens, la presse et les dirigeants de fédérations responsables de ses chutes, non sans admirer que celles-ci ne soient pas plus nombreuses encore. »

In Marie Thérèse Equeym, Pierre de Coubertin, l’épopée olympique, Calman Levy, 1966, pp.273-274

 

 

 

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