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Alors que la dégringolade des cours du brut se poursuivra Les chances de l’Algérie pour diversifier son économie à court terme sont «nulles»

Le Conseil national économique et social (Cnes), a présenté, hier à Alger, en présence de son président Mohamed Séghir Babès et de membres du gouvernement, son rapport de conjoncture économique et sociale du 1er semestre 2015. Une conjoncture marquée, selon le rapport, par la poursuite de la baisse des cours des hydrocarbures qui ont fortement et frontalement impacté les indicateurs fondamentaux de l’économie nationale. Cela, alors que celle-ci, note le rapport, avait bien résisté au cours du deuxième semestre 2014, sachant que la chute des prix du pétrole a été amorcée dès le mois de juin 2014.

Younès Djama - Alger (Le Soir) -

En somme, le rapport reprend les chiffres officiels qui tendent davantage à minimiser la crise qu’à la mettre en évidence. C’est ce qu’a d’ailleurs relevé Youcef Benabdallah, enseignant à l’Ecole nationale de la planification et de la statistique d’Alger et ancien chercheur au Cread.
«À l’écoute du rapport, on a l’impression que le pays n’est pas en crise. Nous avons un pays créancier sur le reste du monde, puisque sa dette est d’à peine 3 milliards de dollars alors qu’il dispose d’un stock de réserves de change évaluées à 160 millions de dollars, nous avons une épargne publique excellente, puisque l’Etat n’est pas endetté si on parle de dette nette. Peu de pays sont dans la situation de notre pays», a affirmé cet expert en guise de préambule. Alors, où est le problème ?

D’où vient la peur, sur quoi nous interrogeons-nous ?

«Personnellement, je ne vois pas d’éléments de crise, même le taux de croissance est à 3%, il y a peu de pays au monde qui font ce chiffre», a souligné l’expert qui tient à répondre à cette interrogation, en affirmant que l’Algérie a aujourd’hui peur que la situation s’aggrave dans les années à venir. La raison en est simple : elle n’a plus d’autres ressorts, celui sur lequel elle s’appuie jusque-là (les hydrocarbures) a fini par casser. «Aujourd’hui, nous avons peur de nous-mêmes, parce que nos graisses commencent à fondre. Nous avons peur de ne pas pouvoir les reproduire, et pour moi c’est là où se situe le vrai débat», a poursuivi M. Benabdallah sur un ton ironique.
Abordant la conjoncture mondiale, Youcef Benabdallah estime que l’économie mondiale est le «seul référent» devant la fin des Etats nationaux du point de vue économique. Où se situe l’économie algérienne au sein de cette économie mondiale de référence et quelles sont ses chances de diversification à court terme ? «Nulles», répond catégorique Benabdallah «parce que la diversification suppose une longue période durant laquelle il faut investir et faire des choix judicieux».
Ainsi, observe-t-il, l’industrie aurait pu aider le pays à mieux se diversifier et par là même le mettre à l’abri des soubresauts macroéconomiques qui lui viennent par le canal mondial. Est-il possible aujourd’hui de nous réindustrialiser ? «Pour une fois, il semble que le cap est clair au moins du point de vue du système d’incitation mis en place, quoique partiellement», note Benabdallah qui préconise d’aller vers l’économie mondiale, «car il va falloir y aller», une décision qui selon lui va au-delà du cadre politique, et qu’«à la volonté politique, il va falloir ajouter des choix judicieux».
Pour sa part, le vice-président du Cnes, Mustapha Mékidèche, a estimé que l’économie algérienne «a été insérée par le mauvais côté» dans l’économie mondiale. Il s’explique en donnant l’exemple du gel par le gouvernement d’un projet d’irrigation à partir de la région de Ménéa vers les Hauts-Plateaux, à la suite de la chute des prix du brut. Mékidèche prévient de procéder de la sorte. «En coupant dans le budget des infrastructures, nous risquons de nous retrouver dans le cas de l’Inde qui n’arrive plus à porter la croissance au niveau qu’elle veut parce que ses infrastructures sont insuffisantes et médiocres (en comparaison avec la Chine)». C’est le cas aussi de l’Afrique du Sud, pays hautement industrialisé avec une haute base technologique, qui est confronté à une forte pénurie d’eau potable.

Le choc pétrolier de 2015
«de plus grande amplitude que celui de 1
986»
Par ailleurs, Mékidèche a estimé que la tendance baissière des cours du brut allait se poursuivre surtout avec la dernière déclaration du ministre saoudien du Pétrole et qui a dit que son pays compte mettre sur le marché 5 millions de barils/jour en réponse à celle du ministre iranien du Pétrole qui a mis en avant l’intention de son pays de reprendre, dans le cadre de sa reconstruction, sa position en tant que l’un des leaders en matière d’exportation des hydrocarbures.
S’agissant des répercussions sur l’Algérie, M. Mékidèche a souligné que le choc externe est, dans le cas de notre pays, «de plus grande amplitude» que celui de 1986. «Nous sommes dans une crise de cycle long, j’espère qu’elle ne durera pas comme celle de 1986», a-t-il affirmé.
De son côté, l’expert pétrolier Mourad Preure a déclaré que le scénario le plus probable est que les prix tourneront autour de 50 dollars le baril pendant une bonne partie de 2016, prévoyant que les prix s’apprécieront de 10 dollars durant le 4e trimestre.
Y. D.

Le Cnes favorable à un prêt extérieur

Dans son rapport de conjoncture, le Cnes estime «pertinent» que l’Algérie contracte des prêts auprès des institutions internationales et des partenaires et ce, «à des conditions avantageuses». Pour cette institution, la soutenabilité des indicateurs de la dette intérieure et externe conjuguée au niveau des réserves de changes situé à 160 milliards de dollars en juin 2015, a pu maintenir les équilibres extérieurs dans une position «appréciable» et dont, juge encore l’institution présidée par Babès, il serait pertinent de tirer profit pour contracter des prêts.
Y. D.

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