Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Plus de 15 000 km de projets routiers d’ici 2019 Les petites entreprises veulent leur part du gâteau

 Plus de 15 000 km de projets routiers d’ici 2019 Les petites entreprises veulent leur part du gâteau

le 08.12.14 | 10h00 2 réactions

zoom | © Saâd

Imprimer Envoyer à un ami Flux RSS Partager

Des cahiers des charges sur mesure, un code des marchés publics accommodant, ou complicité de l’administration, tout serait fait pour que les projets d’infrastructures routières ne bénéficient qu’aux entreprises étrangères et quelques entreprises nationales publiques et privées. Les plus petites entreprises dénoncent en tout cas l’hégémonie des grandes, y compris «sur des projets de petite taille».

Les entreprises de catégorie 5, 6 et 7 n’ont droit qu’à des bricoles ou alors elles sous-traitent pour des entreprises étrangères», déplore Mahfoud Mégatli, chef d’entreprise dans les travaux publics. Dans le cadre du programme 2010-2014, il y a plus de 2600 km d’autoroutes, des rocades et des pénétrantes. «Les petites entreprises de catégorie 5 et 6 émargent très peu. Elles héritent d’ouvertures de pistes, refont le bitume, des travaux de préservation ou des contournements», dit-il. Il faut dire que toutes les entreprises ne disposent pas des mêmes capacités d’intervention. D’ailleurs, un décret exécutif (n°14-139) promulgué en mai dernier obligeait les entreprises du secteur à être titulaires d’un certificat de qualification pour émarger aux marchés publics.

La qualification définit la capacité financière, matérielle, technique et humaine de l’entreprise à réaliser des travaux selon des nivaux de complexité plus au moins élevés. Les entreprises sont ainsi classées sur une échelle de 1 à 9. La catégorie la plus élevée correspondant à des entreprises disposant de moyens conséquents, capables d’effectuer des travaux de haut niveau de complexité. Les micro-entreprises sont classées, selon ce décret, à la catégorie 1.

La plupart des entreprises du secteur sont classées dans les catégories inférieures à 5. La 9, quant à elle, ne compte qu’une vingtaine d’entreprises, selon un document du ministère des Travaux publics. Dans ce contexte, les petites entreprises s’estiment lésées. Non seulement leurs capacités limitées ne leur permettent pas d’accéder à tous les marchés, mais «dans les soumissions, il y a les gros calibres de catégorie 8 et 9 qui viennent concurrencer les petits entrepreneurs sur de petits projets de qualification 4 ou 5», témoigne un chef d’entreprise de travaux routiers à Tiaret.

Concurrence

A bien y voir, le nom de certaines entreprises est omniprésent aux abords des multiples chantiers ouverts dans le pays. Leurs moyens financiers, humains et techniques, ainsi que leur expérience éclaboussant la concurrence de facto. Parmi eux figurent notamment le groupe Cosider dont le chiffre d’affaires de la filiale TP augmente de plus de 30% annuellement et pourrait atteindre les 50 milliards de dinars en 2015. Il est présent sur de gros projets de type autoroute, rocade, route nationale (dédoublement de la RN 1) et aérodrome (Tébessa et Constantine). A côté de lui, une cinquantaine d’entreprises publique de la SGP Sintra, qui a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de près de 60 milliards de dinars. L’autre acteur est l’ETRHB Haddad qui est passé en 20 ans «d’entreprise familiale à un opérateur majeur dans la vie économique nationale», selon les propos de son PDG Ali Haddad publié sur le site web de l’entreprise.

Haddad reconnaît que les programmes présidentiels ont boosté son activité à travers «un plan de charge d’environ 200 milliards de dinars». Parmi ces projets, un tronçon autoroutier de 73 kilomètres (Oued Fodda-Khemis Miliana), dans le cadre du projet d’autoroute Est-Ouest, le projet de la 2e rocade autoroutière Sud d’Alger (65 km), voie express et un projet d’élargissement de la RN36 en double voie express (20 km). Dans un registre moins médiatisé et loin d’être exhaustif, on peut citer le groupe Dennouni qui compte plus de 900 employés et des références en matière de travaux de réalisation, de modernisation, de réhabilitation et d’entretien de routes nationales (RN12, RN35, RN22, RN99), de chemins de wilaya et de chemins communaux.

Le groupe Kouninef, avec 40 ans d’existence, se décrit comme «l’une des plus grandes entreprises privées» du secteur des TP, mais avec comme filière de prédilection l’hydraulique. La société Rotahem est notamment présente sur un lot des travaux de réalisation des installations et équipements d’exploitation de l’autoroute Est-ouest (un marché de 1,5 milliard de dollars).

Doute

«On a l’impression que certains cahiers des charges sont adaptés à certaines entreprises de sorte à ce que les petites ne peuvent pas émarger», observe Mahfoud Megatli. Sans aller jusqu’à dire que «c’est fait exprès», il ajoute toutefois que «sur de petits marchés, on va trop loin, on exige des équipements qui valent des milliards, ce qui exclut de facto les petites et moyenne entreprises». Tout le monde ne partage pas cet avis, cependant. Pour Tahar Abbas, vice-président de la Confédération générale du patronat CGP-BTPH, les conditions d’attribution de marchés sont bien définies et au final c’est une question de capacité et de qualification. «Une qualification entre 1 et 4 est retenue pour les projets locaux. De 4 et plus, on est dans les projets d’envergure nationale. On sélectionne le moins disant en fonction des moyens qu’il a».

Mais c’est justement cette exigence du moins disant qui est à revoir de l’avis même de notre interlocuteur. «On aurait aimé que ce soit le mieux disant. Quand vous savez que le m3 de bitume coûte 6500 dinars et que vous avez une offre à 4000 dinars, il faut se poser des questions», selon Tahar Abbas. Si certains marchés sont inaccessibles de par leur exigence, d’autres le sont pour d’autres raisons. «Il y a des entreprises qui n’ont pas les moyens de réaliser et obtiennent des marchés. S’il y avait un contrôle rigoureux, elles devraient disparaître», estime Mahfoud Megatli.

La règle du moins disant explique en partie, dit-on, l’état de dégradation rapide de nos routes. La différence de prix étant compensée par une économie sur l’utilisation des matériaux. «J’ai vu des cas de chemins communaux où, pour gagner quelques kilomètres de plus sur la longueur de la chaussée, on réduisait l’épaisseur de l’asphalte», témoigne un ingénieur dans une entreprise de travaux routiers installée dans le Sud. Dans pareils cas, il y a connivence entre tous les intervenants (P/APC, entreprise de réalisation, bureaux d’étude).

Corruption

Certains entrepreneurs dénoncent d’ailleurs un secteur «infecté par la corruption». Pourtant, «on joue le jeu. Tout le monde le fait, sinon on ferme la boutique», explique un chef d’entreprise à Tiaret.
Tahar Abbas, lui, relativise. «Dans des marchés de gré à gré peut-être, mais on ne peut pas corrompre 13 bonhommes dans une commission de wilaya.» Mais c’est justement le gré à gré qui pose problème. La presse s’est faite dernièrement l’écho d’une instruction du Premier ministre Sellal aux membres de son gouvernement, leur rappelant que le gré à gré devait rester une exception et non la règle. Pourtant, en août dernier, le conseil des ministres approuvait l’attribution de plusieurs marchés de gré à gré dans le secteur, dont 8 pénétrantes reliant notamment l’autoroute Est-ouest à 5 villes sur près de 200 km.

Les marchés concernaient aussi la réalisation d’un segment de la rocade Khemis Miliana - Bordj Bou Arréridj. En attendant des enquêtes sur ces marchés, les pouvoirs publics ont décidé de donner la priorité aux entreprises nationales dans les projets à venir et notamment l’autoroute des Hauts-Plateaux. Pour les 5 prochaines années, le secteur prévoit des investissements de l’ordre de 60 milliards de dollars. Une aubaine pour les 6800 entreprises publiques et privées qui incarnent les capacités nationales de réalisation. Dans le domaine routier, il est prévu la réalisation de 16 autoroutes, le dédoublement de quelque 10 000 km de routes et la modernisation de 4000 km.

VOS RÉACTIONS 2

CHARLEMAGNE le 08.12.14 | 14h08

la fin et la faim !!!

ILS sont en train de se dépêcher pour dépecer le plus possible car ILS savent que le gâteau est en train de s'amenuiser et de rapetisser de plus en plus et donc à qui enlèvera le plus gros morceau avant la fin ( lire faim)

Oui, mais

Que les petites entreprises prennent des marches de marché c'est essentiel, mais sont-elles compétentes, garantissent-elles une très bonne qualité de travail?

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article