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ETRHB Haddad : trop de contrats pour un groupe aux moyens techniques limités images

Actualité, Économie - le 14 septembre 2014 à 18 h 59 min - Ali Idir.

Le gouvernement attribue-t-il trop de projets au groupe ETRHB Haddad ? Depuis quelques années, le géant du BTP, propriété du puissant et influent homme d’affaires, Ali Haddad, obtient des contrats à la pelle. Fortement présent dans les travaux publics, il a entamé une diversification surprenante pour toucher à des domaines plus compliqués techniquement comme les chemins de fer, les stades de football…

Des milliards de dollars de contrats publics

Depuis quelques années, le nom du groupe figure dans la majorité des projets attribués dans le secteur des travaux publics. Récemment, il a, par exemple, remporté le projet de la pénétrante autoroutière reliant Jijel à El Eulma sur 110 kilomètres et pour un montant dépassant les deux milliards de dollars, dans le cadre d’un groupement avec Rizani Doccher – EPE/SPA et Sapta.

Autres contrats qu’il s’est vu attribués par le gouvernement : la réhabilitation du tronçon de l’autoroute est-ouest entre Lakhdaria et Bouira sur 30 km pour 120 millions de dollars, le nouveau stade de Tizi Ouzou pour un coût initial de 450 millions de dollars, la nouvelle ligne ferroviaire Tlemcen – Akid Abbas pour 1,5 milliards de dollars, un parking à étages à Alger pour la modeste somme de 42 millions de dollars, l’évitement de la ville d’Azazga à Tizi Ouzou sur 8,5 km pour 90 millions de dollars, la réhabilitation de la route des gorges de Kherrata dans la wilaya de Bejaia, un tronçon de l’autoroute est-ouest de 73 km entre Khemis el Khechna et Oued Fodda, la deuxième rocade d’Alger sur 65 km pour un milliard de dollars…et la liste des contrats est longue.

Des projets en retard

En Algérie, seul le groupe public de BTP Cosider peut se vanter d’un carnet de commandes aussi chargé. Les autres entreprises se contentent des miettes lorsqu’elles ne sont pas réduites à faire de la sous-traitance pour le compte du « Bouygues » algérien.

Et pourtant, les projets attribués à Haddad sont rarement achevés dans les délais. Les exemples de projets qui connaissent d’importants retards sont nombreux : le stade de Tizi Ouzou, la réfection de l’autoroute à Lakhdaria, l’évitement de Azazga… Parfois, il se fait rappeler à l’ordre par les autorités mais timidement.

En visite, hier, sur le chantier de la réhabilitation de l’autoroute Lakhdaria – Bouira, le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, a demandé au groupe privé d’accélérer les travaux. Ce chantier est quasiment à l’arrêt, plus d’une année après son lancement. Le rappel à l’ordre du ministre est timide au regard de l’importance des retards et les désagréments causés aux usagers.

Mais avec ETRHB Haddad, les retards ne sont pas le seul problème. Souvent, une fois le projet achevé, c’est la qualité des travaux qui est en cause. Un exemple qui illustre cette situation : le dédoublement de la RN36, entre Ain Benian (Ouest d’Alger) et Boufarik (Blida). Mais à aucun moment le groupe n’a été rappelé à l’ordre par les autorités.

Le puissant lobbying du propriétaire

Quelle est alors la recette du succès de Haddad ? Son management ? Ses ressources humaines ?

Si le groupe ETRHB Haddad a obtenu de nombreux contrats, il le doit d’abord à la puissance de son propriétaire. L’homme d’affaires dont le groupe a été créé en 1988 a commencé sa carrière d’entrepreneur en réalisant de petites routes, notamment à Tizi Ouzou, sa ville natale. Souvent, les administrations faisaient appel à lui pour les travaux d’urgence, ne nécessitant ni savoir-faire, ni étude préalable.

Le groupe de Ali Haddad a commencé à se développer au début des années 2 000 avec l’arrivée de Bouteflika au pouvoir. Les pétrodollars investis par l’État pour moderniser les infrastructures de base du pays, durement touchées par le terrorisme des années 1990, vont profiter à quelques oligarques proches du régime, à leur tête Ali Haddad.

D’abord avec l’aide de Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics, ensuite grâce à sa proximité avec le frère du Président, Saïd Bouteflika, et le premier ministre, Abdelmalek Sellal. Ce dernier, entretenait déjà de bonnes relations avec Ali Haddad lorsqu’il était ministre des Ressources en eau.

Amar Ghoul faisait très rarement des reproches à Haddad sur les projets dont il a la charge même lorsqu’il y a des retards et des malfaçons. Dans le même temps, il n’épargnait pas les groupes étrangers et publics.

Le patron de l’ETRHB, c’est un secret de Polichinelle : bénéficie de soutiens puissants au sein du pouvoir. Et le milliardaire s’en sert pour rafler les contrats et mettre l’administration à son service. « Les directeurs de travaux publics de wilayas l’évitent, témoigne le responsable d’une entreprise privée de BTP. Ils ont peur de lui. Personne n’ose remettre en cause ses propositions. Lorsqu’il est candidat pour un projet, les jeux sont faits d’avance ».

Le groupe BTP ratisse large. « Il est soumissionné pour tous les projets, même petits, décroche les contrats en cassant les prix parfois. Comme il n’a pas les moyens humains, de réaliser tous les projets, il sous-traite », affirme un responsable dans une administration publique.

Les gigantesques sommes d’argent amassées dans les travaux publics permettent à Haddad d’investir dans les médias (une chaîne de télévision et deux quotidiens) et le football, via le rachat de l’USM Alger, pour asseoir davantage son influence et servir ses intérêts et ceux de ses soutiens. Désormais, il s’attaque à des secteurs stratégiques : les hydrocarbures et la santé (réalisation de CHU).

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F
Tout le monde sait que Haddad travaille pour Said
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