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Stade du 5 juillet : nouvelle flambée de violence des supporters

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le 04.05.12 | 10h00 Réagissez

 Plusieurs foyers ont été allumés dans le stade.

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Plusieurs foyers ont été allumés dans le stade.

I

Au stade du 5 Juillet, les supporters du Mouloudia d’Alger ont mis le feu, mercredi soir, lors du derby contre l’USM Alger. Face à la violence, ni l’Etat ni les autorités n’arrivent à régler le problème.

L’affiche promettait au stade du 5 Juillet. Les deux frères ennemis du football, l’USMA et le MCA, s’affrontaient mercredi en match  retard du championnat national. La rencontre a très vite tourné au drame, quand les supporters du Mouloudia, mécontents de voir leur équipe se faire corriger par l’ennemi juré, ont allumé le feu dans plusieurs endroits du stade. Il aura fallu l’intervention en catastrophe des pompiers pour éviter que l’un des plus grands stades d’Afrique ne s’embrase. Deux caméras de la télévision nationale, balancées des tribunes lors des quarts de finale de la Coupe d’Algérie entre USMH  Harrach et l’USM Alger, ont provoqué l’arrêt de la retransmission de la rencontre.

Pour rappel, il y a quelques semaines, des joueurs du club de l’USMA ont été agressés physiquement à coups de couteau lors d’une rencontre à Saïda, contre le club local.

Le football algérien est depuis longtemps le théâtre de très graves actes de violence et de vandalisme de la part des supporters. C’est dans les stades que la jeunesse laisse exploser sa haine et sa frustration. Face au phénomène, l’Etat préfère répondre à la violence par une autre violence, policière cette fois-ci. Elle a depuis toujours privilégié les coups de matraque en réponse aux débordements des supporters. «Il n’ y a pas de réelle volonté politique pour régler le phénomène, estime Mourad, ancien responsable du comité des supporters du Mouloudia. L’Etat est absent et préfère voir des actes de hooliganisme se répéter,  plutôt que d’affronter le problème. Et puis il ne faut pas oublier que les supporters sont aussi agressés quand ils sont au stade. Des toilettes bouchées, des travées sales… Tout cela exacerbe le sentiment de violence.»

 

Fouille

C’est aussi l’avis de l’ancien arbitre international et président de l’association Ouled El Houma, Abdelkader Bergui. «On a l’impression que personne ne se penche réellement sur ce phénomène, reconnaît-il. L’Etat est dépourvu de stratégie et a depuis longtemps baissé les bras. Ajoutez à cela les importants enjeux financiers et politiques que représente le foot et vous obtenez un hooliganisme aujourd’hui incontrôlable dans les stades. La seule façon de régler le problème ? Mobiliser 15 000 policiers comme cela a été le cas pour la finale de la Coupe d’Algérie.» A chaque rencontre, le directeur de l’Office du complexe olympique (OCO), Noureddine Benmouhoub, se tient le ventre. Lors des derniers quarts de finale de la coupe, les supporters d’El Harrach avaient détruit les sièges du stade.

Le directeur de l’OCO avait fait payer le club en ponctionnant directement sur les recettes qui revenaient à l’équipe et La ligue de football. Souvent critiqué pour sa permissivité lors des contrôles à l’entrée du stade, Noureddine Benmouhoub réfute toutes les accusations mais admet que le personnel employé par l’OCO n’est pas formé pour une telle tâche. «On n’a pas de véritables stadiers pour encadrer les supporters, reconnaît-il. Nous utilisons les employés de l’office pour cette tâche. J’entends ici et là que des supporters font entrer ce qu’ils veulent dans les stades, mais ils sont soumis à la fouille ! Nous n’allons pas leur demander de se mettre à poil pour voir ce qu’ils cachent!» Pour l’ancien responsable du comité de supporters du Mouloudia, la solution réside dans l’obligation qui doit être faite aux clubs d’avoir des comités de supporters.

 

Subventions

«Il faut que les comités de supporters soient parties prenantes dans l’organisation des rencontres. Ils doivent avoir la possibilité d’encadrer les supporters, car ils peuvent signaler les fauteurs de troubles et les exclure.» Pour les responsables contactés, l’expérience anglaise est un bon exemple à suivre. Traumatisée par les drames hooligans, l’Angleterre s’est appliquée à aseptiser son football. Confort et adoucissement de l’environnement des stades et surveillance étroite des fans. Ce qui n’empêche pas l’agressivité ambiante de continuer à vouloir émerger au cœur des stades. «C’est un exemple que les autorités doivent étudier, souligne le directeur de l’OCO. Il faut faire quelque chose parce que vu comment les choses se déroulent, même la mort ne pourra arrêter le phénomène. C’est l’enfer à chaque match.»

En Algérie, il y a bien un ministère de la Jeunesse et des Sports censé se pencher sur le problème, mais il a préféré s’en remettre aux associations, «qui se contentent pour leur part de recevoir leurs subventions», critiquent certains proches du ministère. «Mais à qui la faute ?, s’interroge Abdelkader Bergui. Aux associations qui reçoivent de l’argent ? Sûrement pas. L’Etat doit faire son boulot et vérifier qui fait quoi avant de donner l’argent. Ce qui n’est pas le cas.»

Salim Mesbah
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