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RACHED GHANNOUCHI CONFIRMÉ À LA TÊTE D'ENNAHDA L'islamiste radical devenu apôtre du consensus

Rached Ghannouchi reste à 71 ans, le leader inamovible du mouvement islamique Ennahda 
Rached Ghannouchi reste à 71 ans, le leader inamovible du mouvement islamique Ennahda

 

Le premier congrès d'Ennahda, hors clandestinité, a confirmé lundi soir à la tête du mouvement islamiste, son leader charismatique, Rached Ghannouchi.

Rached Ghannouchi, qui a été reconduit lundi à la tête du parti islamiste tunisien au pouvoir, est passé par un militantisme radical, la prison et l'exil avant de se poser, après la chute de Ben Ali, en défenseur d'un islamisme politique modéré. Auteur de prêches enflammés dans les années 70, Rached Ghannouchi montre, depuis son retour en Tunisie en janvier 2011 après vingt ans d'exil à Londres, un visage plus modéré, se réclamant du modèle islamiste turc et non plus des Frères musulmans égyptiens dont il s'était inspiré. Même s'il n'occupe aucune fonction officielle, son rôle est déterminant dans son parti, Ennahda (Renaissance) dominant le gouvernement depuis sa victoire en octobre dernier lors des premières élections après la révolution tunisienne. Signe de cette influence, cet homme aux cheveux blancs et à la courte barbe grise, est appelé par ses partisans «Cheikh». Lors du premier Congrès de son parti en Tunisie depuis 1988, il a proclamé cette semaine son engagement pour un islamisme modéré. «Ennahda est un mouvement fort, soudé, modéré et partisan du consensus, le peuple tunisien a besoin d'être gouverné par consensus», a-t-il dit à l'AFP. A 71 ans, cet homme calme à la silhouette fragile dégage pourtant l'autorité qu'il porte un costume à l'occidental ou une djellaba tunisienne. Difficile de voir derrière ce physique celui qui fit trembler le pouvoir tunisien au point que le père de l'indépendance, Habib Bourguiba, réclamait qu'il soit «pendu au bout d'une corde». Né à El Hamma, petite ville du littoral du sud-est, le 22 juin 1941 dans une famille modeste, Rached Ghannouchi étudie d'abord la théologie avant d'aller enseigner à Gafsa, coeur du bassin minier, où il découvre «la misère de l'intérieur». «Assoiffé de connaissances», selon son entourage, il reprend ses études s'intéressant aussi bien à l'agronomie qu'à la philosophie et aux langues, vivant au Caire, à Damas et à Paris.

De retour en Tunisie à la fin des années 1960, il découvre avec effroi un pays engagé vers la laïcité où les femmes ont obtenu une multitude de droits et où la polygamie a été bannie. Dans la décennie suivante, ses prêches réclament l'application stricte de la chari'â dans cette société soi-disant dépravée. Avec quelques compagnons, il fonde en 1981 le Mouvement de la tendance islamique, rebaptisé en 1989 Ennahda. Immédiatement, il inquiète le pouvoir. Accusé de fomenter des troubles, il est condamné à onze ans de prison puis aux travaux forcés à perpétuité. L'arrivée de Ben Ali au pouvoir en novembre 1987 lui sauve la mise. Gracié, Ghannouchi fait allégeance. «Il rejette la violence et reconnaît le statut de la femme», raconte Ali Larayedh, un de ses compagnons qui a passé 14 ans en prison et est désormais ministre de l'Intérieur. Mais lorsque les listes proches d'Ennahda réalisent une percée aux législatives de 1989 face au parti au pouvoir, la répression reprend et Ghannouchi prend la fuite via l'Algérie et gagne Londres en 1991, tandis que 30 000 militants et sympathisants islamistes sont victimes de l'Etat policier.
Lui-même est condamné par contumace à la prison à vie pour «complot». Il revient à Tunis que le 30 janvier 2011, deux semaines après la révolution tunisienne. Accueilli triomphalement, il impose Ennahda comme le principal parti du pays.
Son discours s'est adouci, il s'allie à deux formations de centre-gauche et accepte de ne pas inscrire la charia dans la future Constitution. Ses détracteurs l'accusent néanmoins d'ambiguïté face aux extrémistes. Lui assure simplement vouloir les faire rentrer dans le rang. «Les salafistes constituent une partie de la réalité du pays. Ou on parie sur leur retour dans les rangs de la nation, ou on opte pour les anciennes méthodes de Ben Ali fondées sur l'oppression», soulignait-il récemment.

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