Non, ce n’est pas une révolte de la faim!

7 Janvier 2011

Posté par D B le jan 6th, 2011

De tous côtés, des relais du régime, en Algérie et à l’étranger, tentent de travestir cette grande colère du peuple algérien en émeutes de contestation contre la cherté de la vie. Et tout naturellement, ils continuent sur leur lancée, sur El Djazira, les télés françaises, américaines etc…, pour expliquer que cela est dû à un contexte mondial, à une inflation et des raisons exogènes que l’Etat algérien ne peut contrôler.

Cette façon d’expliquer ce mouvement insurrectionnel est une insulte contre tout le peuple algérien!
Non, ce n’est pas à cause de la cherté des prix de première nécessité que les jeunes algériens ont occupé la rue! Même si, en effet, il est devenu quasiment impossible pour les ménages modestes de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
Non!
Si cela était le cas, si cela n’était dû qu’à une crise et à une conjoncture mondiale, le peuple algérien aurait accepté avec stoïcisme de se serrer la ceinture. Cela fait des décennies qu’il le fait.
Non!
Cette insurrection est le fruit d’une incroyable gabegie. Il faut bien connaître l’Algérie, pour comprendre ce qui s’y passe en réalité. Les Algériens sont dirigés par une association de malfaiteurs. Les charges de députés et de sénateurs se vendent aux enchères, ouvertement, presque sur la place publique. La justice est gangrenée jusqu’à la moelle. Elle ne fonctionne qu’à l’injonction. Et pour services rendus aux barons du régime, ceux-ci permettent aux magistrats de se livrer à une corruption outrancière. Les procès se monnayent en argent. C’est le plus offrant qui l’emporte toujours.
Les Généraux, leurs familles, leurs clients, la faille du chef de l’Etat, ses propres frères, et les pseudo représentants des partis politiques officiels, y compris les islamistes et les trotskystes, se taillent des parts dans la manne, et mangent au même râtelier que les autres monstres qui vampirisent tout un peuple.
Il n’y a plus rien en Algérie, ni urbanisme, ni artisanat, ni valeurs, ni politique de développement, ni perspectives d’avenir. C’est la course à qui s’enrichira le plus, et le plus vite, avant que le pays s’effondre. Et tous placent leur argent dans des pays étrangers, où ils ont fait l’acquisition de résidences et de biens en tout genre, pour le jour où il faudra abandonner le navire qui coule.
Le patrimoine le plus cher aux Algériens, la Casbah, qui a été un haut lieu de lutte et de résistance du peuple algérien, a été délibérément laissée à l’abandon, et il est aujourd’hui trop tard pour la sauver. C’est un patrimoine mondial de l’architecture. Les barons du régime n’ont rien voulu faire pour la casbah, parce qu’elle leur rappelle trop de mauvais souvenirs, eux qui n’ont pas participé à la vraie bataille d’Alger, ou qui étaient dans l’armée française. Alors, ils ont décidé de la tuer.
Mais s’il n’y avait que cela !
En Algérie, ils ont fait table rase de tout ce qui a de l’importance. C’est une médiocratie au sens plein du terme. Ils ont fait de l’Algérie, un pays où rien n’est normal. Un pays où les fenêtres de toutes les maisons et les appartements du pays sont fermées par des barreaux. Le barreaudage, comme on dit. Parce que c’est chacun pour soi. Ils ont tué l’Algérie.
En Algérie, presque tous les jeunes du pays tentent de fuir leur pays, à bord de fragiles esquifs, pour traverser la méditerranée, et aller gonfler le flot des clandestins qui végètent en Europe.
Et c’est pour cela que les jeunes se sont révoltés. Non parce qu’ils ont faim, mais parce qu’ils ont mal à leur pays, et qu’ils veulent chasser les nouveaux colons qui ont occupé leur pays. Les colons au moins travaillaient la terre eux. Ils ont occupé le pays, mais ils lui ont donné leur sueur et leur amour. Et quand ils sont partis, ils n’avaient qu’une valise de carton.
Les nouveaux colons n’aiment pas l’Algérie, ils ne font rien pour elle, et lui sucent tout son sang. Et quand ils partiront, ils retrouveront des milliards de dollars dans leur banques de là bas.
DB