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19 Août 2011
Crise en Libye - La partition de la libye, une solution permettant à Seif El Islam de rester au pouvoir, serait avantageuse pour le pays. Depuis des mois, le sud-est tunisien est de plus en plus agité et instable, une situation imposée par le conflit libyen et par les puissances occidentales, soutenues par les riches pays du Golfe.
Par le passé, quand la Tunisie avait prêté main-forte à l'Algérie, c'était pour soutenir sa résistance contre le colonialisme dans le cas de la Libye, c'est différent
puisqu'il s'agit d'un conflit interne.
Au début de ce conflit, après quelques semaines de révolte «à la tunisienne», les Libyens ne réussissent pas à écarter Kadhafi, au pouvoir depuis plus de quarante ans.
Dans la foulée, des groupes armés de diverses fractions, formés de jeunes recrues sans formation militaire complète, entament à la hâte une offensive visant le contrôle de toutes
les villes libyennes, y compris les installations pétrolières. Les forces aériennes françaises, suivies des forces anglaises et américaines se sont attribué la mission de couverture
aérienne d'attaque d'objectifs terrestres.
Cependant, il semble que le but recherché de l'action de l'Otan n'est pas de renverser le régime de Kadhafi mais de mettre la main sur les puits et les vannes de pétrole et gaz
libyens, comme ce fut le cas en Irak.
Quelques mois de conflit suffisent pour mettre à l'évidence la suprématie aéronavale de l'Otan, plus de la moitié du potentiel militaire de Kadhafi est détruit ou neutralisé.
La bataille terrestre est différente, les insurgés libyens bénéficiant de l'appui aérien réussissent difficilement à progresser vers Tripoli. Ils essuient de lourdes pertes en
hommes et en matériels militaires face à une armée de métier libyenne entraînée. Les forces de Kadhafi repoussent les attaques terrestres, harcèlent les insurgés et sans l'appui
militaire occidental, ces derniers ne seraient pas en mesure d'arriver aux confins de Tripoli.
Par ailleurs, Kadhafi et ses troupes loyales attirent la sympathie nationale libyenne et internationale par leur capacité d'agir partout en Libye avec de faibles moyens et par leur
résistance à l'armada de l'Otan et aux «collaborateurs» libyens.
Le monde entier est aussi témoin de la discorde au sein des insurgés et du gouvernement provisoire qui s'avère non représentatif de tous les libyens et dénué d'autorité sur
certaines fractions extrémistes qui lui échappent.
A l'heure actuelle, la situation est confuse et même si Kadhafi choisit l'exil, ou part pour une raison ou une autre, il restera du chemin à faire pour réunifier les libyens et
pacifier le pays. Sachant que tout au long de son histoire, la Libye actuelle a toujours été divisée en deux provinces distinctes, la Cyrénaïque et la Tripolitaine elle ne s'est
unifiée que sous l'occupation italienne.
En attendant le retour de la paix, les pays limitrophes de la Libye, et particulièrement la Tunisie, devraient prendre leur mal en patience car leur économie et leur sécurité
continueraient à souffrir tant que le spectre de la guerre règne sur la région.
La guerre «internationalisée» en Libye menace l'indépendance de la Tunisie et sa sécurité intérieure parce qu'elle a démarré sans étude stratégique préalable globale, voire sur un
«coup de tête» du président Sarkozy. La priorité était de devancer Kadhafi pour défendre la ville «rebelle» de Benghazi.
En effet, l'Occident se soucie peu de la partition de la Libye et de tout changement éventuel dans la géographie des Etats du Maghreb, mis à part le Maroc, pour le moment.
Tout faux pas de la part des Tunisiens durant ce conflit coûterait cher et ses conséquences persisteront des générations.
Depuis le 14 janvier, tous les pays riches sont plus rigoureux avec la Tunisie et la plupart des promesses sont au stand-by.
Pour cela, le gouvernement tunisien, fragilisé depuis le 14 janvier, devrait repenser sa stratégie, la guerre civile en Libye pourrait engendrer une situation de paix et un eldorado
pour toute la région du sud-est, comme elle pourrait générer d'autres conflits de faible et moyenne intensité.
Dans tous les cas, la Tunisie bénéficierait mieux d'un scénario, exceptionnel, avec la partition de la Libye en deux Etats, la Cyrénaïque et la Tripolitaine où Seif El Islam serait
le chef d'Etat de cette dernière.
Ainsi, Tunis et Tripoli qui partagent plus de huit siècles d'histoire commune, sous différents royaumes, se remettraient tout de suite à réparer les dégâts et reconstruiraient deux
Etats voisins modernes.
Kilani Bennasr
La Presse/18/08/2011