Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Israël et Palestine vont négocier : quelles chances de succès ?

Explicateur 21/07/2013 à 10h35
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

Les chances d’un accord de paix israélo-palestinien sont minces, malgré l’annonce de la reprise des négociations directes obtenue par le secrétaire d’Etat américain John Kerry après une longue impasse.

Si on connaît bien les raisons d’un probable échec – le poids politique des colons en Israël, la faiblesse et les divisions des Palestiniens –, on a plus de mal à identifier les motifs d’espérer un accord. Essayons de les analyser.

1

Pressions américaines

 


John Kerry arrive à Ramallah le 19 juillet pour rencontrer Mahmoud Abbas (AP Photo/Mandel Ngan, Pool)

 

Les premiers pas de Barack Obama au Moyen-Orient, avec son discours du Caire en direction du monde arabo-musulman, avaient laissé croire que le nouvel élu serait plus actif sur le dossier israélo-palestinien. Il n’en fut rien au cours de son premier mandat, décevant le camp de la paix.

John Kerry, qui a pris la suite d’Hillary Clinton en janvier, en a fait une de ses priorités, et, après six voyages en six mois dans la région, il a déjà produit un résultat inespéré : le feu vert des deux parties à une reprise des négociations.

Le secrétaire d’Etat américain sera l’homme-clé de ces négociations qui se dérouleront aux Etats-Unis. Dans quelle mesure aura-t-il pour mandat d’Obama de « tordre le bras » des participants pour obtenir un accord, seule condition d’un résultat positif ?

Du point de vue américain, un succès sur le dossier israélo-palestinien serait le bienvenu, alors que Barack Obama est critiqué pour son indécision sur la Syrie, et ne semble guère avoir de stratégie d’ensemble face aux soubresauts du monde arabe. De quoi l’encourager à agir sur le seul dossier où il peut encore avoir de l’influence.

Il a d’autant moins à perdre qu’il est dans son deuxième mandat, et ne sera donc plus candidat, ce qui lui donne une plus grande liberté en le mettant hors de portée des lobbies électoraux aux Etats-Unis.

Pour autant, il y a une limite à ce que Washington peut imposer à ses alliés israéliens qui disposent de puissants relais aux Etats-Unis, en particulier au Congrès où Benyamin Netanyahou est plus applaudi que Barack Obama lors de ses apparitions...

2

Dynamique israélienne

 


Benyamin Netanyahou lors de manœuvres militaires en juin 2013 (Kobi Gideon/GPO/SIPA)

Rêvons un peu. A 63 ans, Benyamin Netanyahou prend un peu de recul et regarde sa longue carrière politique. Cet ancien jeune premier, pur produit d’un marketing politique à l’américaine doublé d’un flair certain et d’une capacité de rebond sans limites, a assurément la palme de la longévité.

Mais qu’a-t-il fait de ses années au pouvoir ? Quelle trace laissera-t-il dans l’histoire autre que celle d’avoir gagné du temps et d’avoir affaibli les Palestiniens pendant que se bâtissaient les colonies juives ?

Benyamin Netanyahou, qui s’est fait réélire il y a seulement quelques mois à la tête d’une coalition très à droite et marquée par le poids des colons juifs de Cisjordanie, peut-il être tenté de « donner une chance à la paix », comme dirait John Lennon ?

C’est ce que lui propose la gauche israélienne, certes très affaiblie elle-même après des années d’errance, mais qui a déjà annoncé que s’il s’engageait sur la voie d’un compromis historique avec les Palestiniens, Netanyahou pourrait compter sur une majorité alternative pour le soutenir.

Le président israélien, Shimon Peres, survivant de l’époque des accords d’Oslo de 1993 qu’il avait lui-même initiés, pousse lui aussi, du haut de son poste honorifique, dans cette direction.

Mais Netanyahou, plus pragmatique qu’idéologique malgré les apparences, sait aussi ce qu’il a à perdre.

Naftali Bennett, ministre de l’Economie et porte-parole du lobby des colons au sein de la coalition, a déjà fait savoir qu’il ne resterait pas dans un gouvernement qui négocierait sur la base des frontières de 1967, comme l’exigent les Palestiniens.

Il pourrait entraîner avec lui les partis religieux et même une partie du Likoud, le propre parti de « Bibi », le surnom de Netanyahou.

Mais Netanyahou sait aussi que les colons de Cisjordanie sont impopulaires auprès d’une majorité de l’opinion israélienne qui aspire à une vie meilleure, comme l’ont montré les protestations sociales il y a deux ans.

Mais ne rêvons pas : il y a bien plus de chances que Netanyahou n’ait accepté de reprendre les négociations que pour gagner une fois de plus du temps, pour montrer sa « bonne foi » aux Américains – et aux Européens qui viennent de sanctionner les colonies israéliennes –, et qu’il s’arrangera pour faire porter le chapeau du probable échec aux Palestiniens...

3

La faiblesse palestinienne

 


Mohamed Assaf, vainqueur palestinien du concours « Arab idol », embrasse le président Mahmoud Abbas (MOHAMAD TOROKMAN/SIPA)

Les Palestiniens ont perdu l’initiative depuis longtemps. Mahmoud Abbas, le successeur de Yasser Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne issue des accords de paix d’Oslo (1993), est un Président sérieusement affaibli :

  • il est à la tête d’une moitié de Palestine (le Hamas contrôle toujours la bande de Gaza) ;
  • il n’a pas de budget digne de ce nom ;
  • il est incapable de stopper la progression des colonies juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ;
  • il est confronté à la disparition progressive de la question palestinienne alors que le monde arabe est en pleine crise, entre les soubresauts égyptiens et la guerre de Syrie.

L’initiative de John Kerry est pour lui une planche de salut qu’il ne pouvait pas laisser passer, même si cette reprise des négociations directes se fait sans préconditions. Et en particulier sans l’arrêt de la construction de nouvelles colonies comme il l’exigeait jusqu’ici.

Mahmoud Abbas joue à quitte ou double dans ces prochaines négociations. Sa légitimité ne tient plus qu’à un fil, et il a besoin d’un succès crédible pour redonner du souffle à une Autorité palestinienne qui ne tient plus que par la force d’inertie et la peur du vide (ou du Hamas).

Il lui faudra toutefois revenir de Washington avec quelques résultats qui donnent satisfaction aux aspirations palestiniennes, au-delà de la libération de prisonniers déjà annoncée en Israël, et qui va provoquer des scènes de liesse favorables au climat des négociations.

Mais les Palestiniens attendront de pouvoir le juger sur trois critères :

  • les colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : combien seront démantelées ?
  • Quelles frontières ? Celles de 1967 corrigées par des échanges de territoire ?
  • Le sort des réfugiés palestiniens : Israël n’acceptera jamais un « droit au retour », mais comment traiter cette question centrale à l’identité palestinienne ?

La chance de la négociation, c’est que Mahmoud Abbas a réellement besoin d’un accord, à condition que celui-ci soit « vendable » à l’opinion palestinienne, et que le Hamas soit affaibli par la perte de pouvoir des Frères musulmans au Caire.

La possibilité d’un succès de ces négociations existe donc bel et bien, mais elle est tellement mince qu’il faudrait véritablement un miracle diplomatique pour qu’elles aboutissent.

Le pire n’est jamais sûr, même au Proche-Orient, mais il fait figure, pour l’heure, du scénario le plus probable...

 
À vous !
Vous devez être connecté pour commenter : or Inscription
  • argvador
    argvador
    75001

    à aubagne , tellement le bus il est gratuit , même john kerry veut le tester ! !

  • Baron Von Karlebraüm
    Baron Von Karlebraüm
    Aristocrate d'opérette

    Je sens que d’ici pas longtemps le sujet sera entièrement pollué par les orfraies criant à l’antisémitisme et au nazisme dans tous les coins. C’est fort dommage. Il est quoiqu’il en soit fort clair que la stratégie de Nethanyahu, consistant à tenter de jouer la cloche en espérant que les palestiniens finiront par admettre que leur espoir d’indépendance est fini est complètement suicidaire.

    Mais ce qui est encore plus malheureux, c’est que l’on soit incapables de mettre en place ce qui n’est que l’étape d’une étape : la paix n’est qu’une étape vers la reconnaissance de l’existence de la Palestine, qui n’est elle-même qu’une étape de la création d’un Etat unique. Non pas pour permettre aux musulmans de déborder les juifs, mais parce que seule, cette solution est viable à long terme (elle ou le massacre intégral d’un bord par un autre, mais je préfère quand personne ne meurt).

    Une chose est sûre, ce ne sont pas les amis des israéliens comme Dreuz, ou les amis des Palestiniens comme Egalité et Réconciliation, qui facilitent le processus de paix.

    • axel05
      axel05 répond à Baron Von Karlebraüm
      independant

      « Une chose est sûre, ce ne sont pas les amis des israéliens comme Dreuz, ou les amis des Palestiniens comme Egalité et Réconciliation, qui facilitent le processus de paix »

      Ils sont comme les marchands d’arme. Ce conflit nourrit leur buisness

      • Baron Von Karlebraüm
        Baron Von Karlebraüm répond à axel05
        Aristocrate d'opérette

        Je ne l’aurais pas mieux dit.

        Je ne peux d’ailleurs que saluer la venue de Louvois et Lifka, dont la présence pollue encore ce site.

  • Sur Rue89, les commentateurs pro-israéliens et les pro-palestiniens vont discuter calmement et écouter les arguments de la partie adverse : quelles chances de succès ?

    • ADNor
      ADNor répond à silsilsil
      ap

      zero chances.
      Si on a le malheur de voire les choses objectivement sans prendre parti, les pro-israéliens d’extrême droite nous balance plein d’insulte... pas la peine de se fatiguer avec ces gens.

  • Grande Anse
    Grande Anse
    Homme sans qualité

    Il ne sera « plus candidat, ce qui lui donne une plus grande liberté en le mettant hors de portée des lobbies électoraux aux Etats-Unis ».
    On attend les réactions de riverain(e)s dénonçant cette perfide allusion antisioniste-donc-antisémite-donc-raciste-donc-pronazie-donc-condamnable-par-la-loi-française-ouf...

  • Homo Endettus
    Homo Endettus
    Grolandais

    « Israël et Palestine vont négocier : quelles chances de succès ? »

    Réponse : AUCUNE

    Aussi cons les uns que les autres

  • samirdeau
    samirdeau
    intermitant

    ’’en particulier au Congrès où Benyamin Netanyahou est plus applaudi que Barack Obama lors de ses apparitions...’’

    je crois que tout est dit !
    les usa sont la base arrière du colonialisme et du sionisme et non un médiateur impartial
    quel espoir de paix peuvent avoir des villageois palestiniens quand leurs prédateurs ont une telle puissance ? aucun
    ils ne peuvent que souffrir en silence en rêvant que l’empire se disloque , mais ils ont le temps pour eux et un jour ou l’autre les colons sionistes se retrouveront seul à égalité devant les peuples du proche orient qu’ils ont si longtemps maltraité

    • Grande Anse
      Grande Anse répond à samirdeau
      Homme sans qualité

      Le tableau est encore plus noir.
      Israel et les monarchies pétrolières wahhabites ont un intérêt commun à prolonger le conflit, en évitant tout dérapage majeur.
      C’est la garantie qu’aucune émancipation démocratique, répondant aux aspirations des peuples, n’est possible chez les uns et chez les autres.
      Comment expliquer, sinon, l’hostilité ouverte (en Syrie par exemple) entre les sunnites et les pro-chiites, l’Iran étant la seule inconnue susceptible de rompre ce sinistre statut-quo ?

      • lifka
        lifka répond à Grande Anse

        Comment on passe du grand complot judeo-maçonnique repris dans la Charte du Hamas au grand complot judeo-wahhabite.....

        On le savait bien que c’était la faute aux Juifs si il y a eu 100.000 morts en Syrie, si il n’y a aucune démocratie dans les pays arabo-musulmans et si ces régimes maintiennent leur peuple dans la pauvreté et l’ignorance....

         26 autres commentaires
      • samirdeau
        samirdeau répond à Grande Anse
        intermitant

        le pouvoir dans les pétromonarchie est detenue par des moubarak à barbe , des gens qui agissent contre la volonté de leurs peuples et qui paye rubis sur l’ongle toute les manoeuvres des americains ....et donc des sionistes

    • Louvois
      Louvois répond à samirdeau

      On peut savoir qui sont « les peuples du proche orient qu’ils ont si longtemps maltraité(s) » ?

      • lifka
        lifka répond à Louvois

        Vous ne saviez pas ? Même quand ils étaient dans les mellahs, sous le régime de la dimma, les Juifs étaient déjà les oppresseurs.

        Il semble que les copiés collés répétés des Protocoles de Samirdeau aient leur rond de serviette sur ce site où la modération a quelques problèmes avec ses propres règles.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
The issue with Israel and Palestine is now getting out of hand. The war between them is making unrest in other countries as well. I sincerely hope that they would resolve out their differences and help each other out.
Répondre