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Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Engagement et mobilisation

 


Deux concepts surgis du débat, lors de la dernière réunion du FOREPS centrée sur l’évaluation de l’université d’été. Ils résument la situation vécue par notre association, dès lors que beaucoup pensent que l’engagement se mesure au nombre d’adhérents.


Ils décrivent également l’état de la société algérienne qui semble frappée tout autant d’anomie que d’entropie, celles-ci étant la cause de la faible adhésion que nous avons remarquée.

Elles posent aussi la question de  l’attractivité d’une association et nous conduisent à nous poser cette question centrale : par quels moyens rendre plus attractive les activités du FOREPS ?

 

De l’anomie sociale

 

L’anomie sociale nous interpelle au niveau des valeurs.

Généralement, on dit qu’une société est anomique lorsqu’elle a perdu ou est en voie de perdre ses valeurs et normes d’organisation, de mobilisation, d’action et de réaction.

50 ans après notre accès à l’indépendance, les valeurs ayant inspiré et nourri le combat de Novembre, ont cédé place au règne de l’argent facile et sale. La lutte pour la démocratie, la modernité et la justice sociale ont cédé place à la course aux maroquins, aux fauteuils et aux prébendes. La morale à la prévarication et aux mensonges. Pour grimper socialement, la compétence, le travail et le mérite ne sont plus de taille devant la courtisanerie et les retournements de vestes. Le courage pour la défense de ses opinions s’est effacé devant flagornerie et l’alignement inconditionnel sur les positions du chef.

 

De l’entropie

 

L’entropie, deuxième loi de la thermodynamique peut se comprendre, pour l’humaine condition, comme baisse de l’énergie sociale ou entrée dans une phase de désordre incontrôlé.

La baisse ou la dégradation du niveau de l’énergie sociale est un phénomène étonnant pour une société biologiquement jeune ; les statistiques nous révélant depuis belle lurette que soixante quinze pour cent de la population algérienne a moins de trente ans. Nous sommes alors en droit de nous interroger pour savoir si la jeunesse biologique ne peut être érodée par des phénomènes incontrôlables (formatage, coercition, répression, conditions sociales défavorables) qui l’affectent au point de la dégrader et de la faire entrer, avant l’heure, en état d’obsolescence.

De fait, les deux concepts, anomie et entropie, sont les deux faces d’un processus général de désarticulation ou de délabrement social et culturel.

Ce processus peut affecter, non seulement les individus, mais également les institutions, les partis et les syndicats, et bien d’autres structures sociales et culturelles.

Notre association subit, comme toutes les autres, les effets de l’anomie et de l’entropie sociales.

Par ailleurs, on sait généralement que l’engagement et la mobilisation caractérisent l’univers politique. L’engagement est fondé sur la croyance en un certain nombre de valeurs : altruisme, don de soi, solidarité, prise de conscience de l’état de délabrement de la société et de la nécessité de participer à tout processus de changement, de rénovation ou de redressement.

De prime abord, il ne peut y avoir de mobilisation sans engagement responsable. L’engagement est ainsi considéré comme le socle de la mobilisation ; la mobilisation étant le processus par lequel des forces sociales se tendent en vue l’atteinte d’un but commun, considéré comme régénérateur et salvateur.

 

Qu’est-ce que les militants ?

 

Les militants sont de citoyens engagés, unis par un certain nombre de valeurs, de normes et de principes, au sein d’un parti politique ou d’une association, pour défendre ce en quoi ils croient. Ils organisent selon un programme concerté les actions devant entrainer les changements salutaires attendus.

Selon les associations, le militantisme revêt plusieurs formes. Ces dernières sont historiquement datées. Aussi est-il nécessaire de procéder à un état des lieux au plan historique.

Le militantisme a évolué avec les changements politiques, économiques et sociaux intervenus dans les différents pays. Du militantisme « godillot » où tout était sacrifié au parti ou à l’association, on est passé, progressivement, à un militantisme éveillé, plus intelligent et flexible, faisant la part des choses dans la vie des individus.

 

Quels changements en Algérie depuis l’indépendance ?

 

Qu’est-ce qui a changé dans notre pays depuis l’accès de notre pays à l’indépendance ? Au plan politique, économique, social, éducatif et culturel ?

Au plan politique qui conditionne tout le reste, nous sommes passés d’un régime de parti unique, voulant construire le socialisme, au pluralisme politique et syndical, ainsi qu’à l’émergence d’un mouvement associatif pluriel, après la déflagration d’octobre 1988.

Au vaste souffle d’engagement post indépendance qui vit émerger, entre autres initiatives, le mouvement du volontariat, succéda le désenchantement. Les citoyens y croyaient de moins en moins, au fur et à mesure que l’Algérie des prébendes et de la corruption, se mit à supplanter et décourager, celle de l’engagement révolutionnaire.

Chacun pourra mesurer ce que le changement de système de valeurs a entrainé au plan économique, social, éducatif et culturel.

Comment en est-on arrivé à cette politique de la « chkara », où tout se vend et s’achète, y compris les consciences. Acheter une conscience est généralement facile dans une société où sévissent la pénurie et la misère. La convaincre puis, la gagner, est autrement plus difficile.

Et comme nul ne fait l’effort demandé pour ce type de relation, la pente de plus grande facilité est plus convaincante que les arguments les mieux forgés, dès lors qu’ils ne sont ni sonnants ni trébuchants. C’est la pénurie qui génère la porosité sociale et la démission individuelle et collective. 

 

Tout est encore à gagner

 

Est-ce à dire que tout est perdu et que nous sommes « en voie de déliquescence », ou que notre pays est en voie de devenir une Entité Non Gouvernable, selon le mot de l’économiste péruvien Oswaldo de Rivero dans son ouvrage phare «  Le mythe du développement », pour cause de corruption avancée et débridée.

Le sens commun dira que nous sommes loin d’en être parvenu à ce point, malgré failles et dérives, et que la vitalité de la société civile, constatée à l’occasion des Etats généraux organisés par le CNES, donne la preuve qu’il y encore « du se faisant », selon le mot de Charles Péguy.

Notre association pense que, dans le domaine des sports, les opportunités d’engagement et de mobilisation en faveur du renouveau sportif,  sont ouvertes et possibles, notamment au niveau de la commune et de l’école.

L’essentiel consiste à croire que parmi les facteurs du renouveau social, éducatif et culturel que, dans une première étape, le nombre ne doit pas constituer l’objectif essentiel. Il faut être patient et convaincu que le nombre viendra par la suite, grâce à la vertu de l’exemple, pour peu que l’intérêt général prévale sur les intérêts particuliers.

En choisissant pour cible la commune et, au sein de celle-ci, l’école en temps que force d’impulsion sociale, nous avons fait le bon choix.

 

Concrètement cela donne quoi

 

Les formes de l’engagement bénévole ont changé. Un bénévole n’a rien d’un bureaucrate ni d’un administrateur. C’est un engagé volontaire en veu de la réalisation d’un projet.

Dans le temps, il n’est pas astreint à une présence régulière et continue. Il construit son engagement en fonction de sa disponibilité, de ses compétences et de sa vie familiale et professionnelle. Il en informe les autres ; c’est la moindre des choses lorsque l’on s’engage dans un projet collectif, le moindre des respects que l’on a vis-à-vis des autres et de soi même.

Comme les CEPA (Cercle d’Etudes de Proposition et d’Action) sont au fondement de notre organisation et de notre action, il convient d’emblée de choisir ce vers quoi le bénévole va tendre ses efforts. Le reste se construit avec les autres.

Le temps à consacrer à un CEPA comprend :

  • Un temps de préparation (étude des documents qui seront examinés au cours de la réunion, construction de ses propres propositions). Dans ce temps de préparation j’inclus un temps d’échange par internet.
  • Un temps de réunion
  • Un temps d’action = d’exploitation ou de réalisation (tâche à réaliser).

Si nous admettons qu’un CEPA se réunit une fois tous les 15 jours cela donnerait

Préparation 2h – réunion 2h – Exploitation 2h - soit 6 h en moyenne tous les 15 jours si le schéma-plan de charge est appliqué.

Il s’agit là de quelques indications simples nous permettant de mieux nous situer et mesurer ce que nous pouvons donner. 

 

En conclusion

 

J’espère que ce texte aura servi à quelque chose, surtout à faire réfléchir et à démontrer que la société n’est pas aussi anomique qu’on pourrait le penser. Surtout la société sportive inexplorée.

C’est ce que le séminaire organisé par Ali Hakoumi m’a révélé. Les jeunes étudiants sont assoiffés de connaissances et d’envie de s’engager pour être utile. Mais le MSN semble les ignorer ; alors que les dirigeants des différentes institutions sportives devraient répondre, de manière organisée et programmée, à la soif d’apprendre que nous avons sentie au cours de cette brève rencontre.

Et, de ce point de vue, le FOREPS est, avant toute chose, socialement utile.

SMB.[1]

 

 


[1] Si Mohamed Baghdadi - Contribution Octobre 2013

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