DIGOUTAGE JSK, l’enjeu au-delà du foot

Par Arris Touffan

ça doit être une première mondiale : une ville qui se mobilise pour que l’entraîneur de son équipe de foot dégage. T’as vu ça ailleurs, toi ? Crois pas ! Ce n’est pas n’importe quelle ville et ce n’est pas n’importe quel entraîneur. Et ce n’est pas, surtout, n’importe quelle équipe de foot. Il s’agit de Tizi-Ouzou, de Hannachi et de la JSK.

Comment Tizi-Ouzou, ville rebelle au pouvoir central, a-t-elle fini par se laisser dominer par des potentats locaux, ripoux comme pas possible, qui ont fini par la livrer pieds et poings liés, par la prévarication, la corruption, le trafic, à ce pouvoir qui fonctionne sur la soustraction ? Mystère d’officine !

Hannachi trône depuis une vingtaine d’années à la tête de la JSK. Les supporters ne peuvent plus l’encadrer, faute de quoi il n’y aurait pas eu ce mouvement sans précédent. Sous son règne, l’équipe qui caracola jadis aux cimes a tellement régressé qu’elle en devient pitoyable. De plus, avec les accointances qu’on lui prête, il n’y a pas que de la rétrogradation footballistique dans l’air. Les mauvais esprits lui soupçonnent une participation sectorielle à un plan général visant à casser la capitale de la Kabylie.

Plan ou pas, de toute façon, c’est réussi. La JSK est devenu méconnaissable, Tizi aussi ! Enfin, la JSK, troisième larron ! L’équipe dont la galerie sut huer Boumediène et Chadli, à l’époque où le lazzi lèse-majesté n’était pas de la tarte, représente quelque chose bien au-delà du foot. On l’aime pour ça, la JSK, pour ces trois lettres qui condensent un combat pour la dignité au-delà du stade de foot. Et c’est pour ça aussi qu’elle est, de l’autre côté, détestée et qu’on veut la casser !
A. T.
arrisetouffan@yahoo.fr