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Une hormone nous pousse à défendre notre groupe

PSYCHOLOGIE | 17.09.2010 | 16h00
L'héroïsme guerrier, représenté ici dans La mémoire de nos pères de Clint Eastwood, serait dû en partie à l'ocytocine. Cette hormone renforce l'agressivité d'un groupe lorsqu'il se sent menacé. © COLLECTION CHRISTOPHE L
L'ocytocine, hormone qui intervient dans l'attachement de la mère à son enfant, favoriserait aussi l'altruisme de clan.

D'où vient le dévouement d'un soldat à sa patrie, le sacrifice d'un terroriste pour son groupe ? Ces comportements extrêmes, observés dans toutes les sociétés humaines, relèvent de "l'altruisme de clan" : lorsque l'individu sent que son groupe est menacé par un autre, il le défend au risque de perdre la vie. Une hormone, l'ocytocine, pourrait expliquer en partie cette attitude. C'est du moins ce que suggère une étude menée par des psychologues néerlandais [1].
L'équipe de Carsten de Dreu, de l'université d'Amsterdam, a testé l'influence de l'ocytocine sur des groupes d'hommes. La molécule, sécrétée dans le cerveau au niveau de l'hypothalamus, est surtout connue pour son rôle dans l'accouchement, la lactation et l'attachement de la mère à l'enfant. Mais des études récentes ont montré qu'elle était aussi impliquée dans la coopération et l'empathie. Pour savoir si elle intervient dans l'altruisme de clan, les psychologues ont fait inhaler à 49 hommes de l'ocytocine ou une substance placebo. Puis ils les ont associés par équipe de trois et leur ont fait passer le test du "dilemme du prisonnier".

 

Coopérer ou non.

Dans ce jeu qui fait s'affronter deux équipes, chaque individu reçoit 10 euros qu'il peut garder ou distribuer selon des règles précises. L'une de ces règles permet d'augmenter les bénéfices de son équipe en faisant perdre la même somme d'argent à l'autre équipe. Comme on pouvait s'y attendre, les sujets qui avaient pris de l'ocytocine ont été plus altruistes : ils ont distribué deux fois plus d'argent aux membres de leur groupe que ceux qui avaient reçu le placebo. Mais ils n'ont pas essayé plus que les autres de faire perdre de l'argent à l'équipe adverse : dans des conditions d'affrontement normales, l'ocytocine n'entraîne pas d'altruisme de clan.
Que se passe-t-il maintenant, si chaque équipe se sent réellement menacée par l'autre ? Pour le savoir, les psychologues ont fait passer à 75 sujets une version plus complexe du test. Cette fois, un membre de la première équipe devait décider de coopérer ou non avec un membre de la seconde équipe, et vice versa. S'ils coopéraient tous les deux, ils recevaient pour leur équipe une récompense plus importante que la punition infligée dans le cas où aucun des deux ne coopérait. En revanche, si l'un deux ne coopérait pas alors que l'autre coopérait, il recevait pour son équipe une prime et faisait perdre de l'argent à l'autre groupe. Au fil des essais, les psychologues ont fait varier les sommes afin d'augmenter la crainte ou l'avidité des individus. Résultat : les sujets ayant inhalé de l'ocytocine ont plus souvent choisi de ne pas coopérer, et ce d'autant plus que le risque de faire perdre de l'argent à leur équipe était grand.

 

Confiance.

"Cette étude confirme que l'ocytocine promeut l'altruisme, puisqu'elle renforce la confiance entre les individus au sein d'un groupe, analyse Angela Sirigu, de l'institut de neurosciences cognitives de Lyon. Cependant, lorsque le groupe est menacé, elle induit une agressivité de défense, ce qui est plus étonnant. Reste à savoir si l'ocytocine est la cause de ce comportement ou si elle est simplement l'une des molécules intervenant dans le mécanisme."

Jacques Abadie

http://www.larecherche.fr/content/actualite-sapiens/article?id=28312

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