SOS d'une militante de fond : Lettre à mon Président

Karima Guemache

Il est vrai que le sérieux ne donne pas toujours ses fruits dans l'existence humaine, mais l'on nous a également enseigné et appris que la foi et la patience, principales vertus, finissent par être récompensées ;  et que le travail, l'engagement et le dévouement ne peuvent aucunement être trahis. 

Cependant, le constat est  amer. Une militante de fond, algérienne, fille de moudjahid directeur de centres de rééducation, ayant œuvré pour l’Éducation, la Rééducation et la Justice, qui a rendu l'âme un 19 mars, jour du Nasr, pour continuer même en rendant son dernier souffle, à exprimer et prouver son nationalisme ininterrompu, vous lance un SOS.

Je me présente : ex-cadre supérieur, sous-directrice de la réglementation, relations de travail et coopération au ministère de la Santé, ayant choisi de s’engager dans la défense des droits de l’Homme, pendant 25 ans avocate, un monde riche et épineux, puis dans l’expérience du monde du formalisme, le notariat.

Les études universitaires et la post-graduation ont commencé en sciences administratives et juridiques (Droit, spécialité Contrat et Responsabilité) puis en sciences humaines et sociales (Philosophie, spécialité Philosophie politique) puis en sciences économiques (Relations Internationales économiques) et en langues (anglais) et actuellement en sciences Islamiques, tout en planchant dans l’histoire de la révolution algérienne et dans le  journalisme, car éprise de l’écriture tous thèmes confondus, ayant enseigné à l’université et œuvrant actuellement dans la formation des cadres d’entreprises publiques et privés.

Présidente du mouvement "Sarkhat el djabhaouia" et l’association "Le refuge" (el maldjaa), proposant un projet de société, qui zoome sur la lutte contre les fléaux sociaux en sensibilisant sur les causes profondes et les solutions à apporter, que la situation économique et sociale impose en urgence ; œuvrant activement au sein des associations pour la jeunesse, l’environnement, la femme en tant qu’éducatrice, les handicapés et l’enfance abandonnée en priorité, en faisant de mon mouvement la tribune de ceux qui n’en ont pas, démunis en détresse.  

Ce qui m'a poussée à écrire cette lettre, c'est le désarroi ; le désarroi  d'une battante militante qui se voit trahie, et qui interpelle son Président de la République dans l’espoir qu’il lui restituera son mérite. 

Quand on est à la tête d'un parti historique, temple des symboles de la révolution et de la fierté algérienne, a-t-on le droit de le discréditer, en choisissant pour les législatives, une association de non-militants, incompétents et non intègres ?

A-t-on le droit de violer le statut et règlement intérieur du parti, et contrecarrer de surcroît les instructions du premier magistrat du pays ?

A-t-on le droit d’éliminer les compétences intègres et dévouées pour considérer la honte ? Qui parraine cette honte, puisque ce responsable prétend avoir agi sous pression venue d’en haut. Qui se trouve en haut ? Qui a parrainé cette composante non évaluée quand il nous est imposé de choisir les meilleurs, loin de tout privilège subjectif ?  Des présidents d’APC, malgré leurs carences dénoncées par mon Président lors des assises sur le développement local, sont étonnement acceptés  comme candidats. Et  avant même de présenter leur bilan, et pis, non contrôlés, allant directement vers l’immunité. Élu ou désigné ? Militant ou commerçant ? Privilégié ou méritant ? Béni pour avoir servi le ou les parrains  ou promu pour avoir servi le peuple, la Nation, la noble cause ? Ne doit-on pas servir l’unique et le juste  parrain ? Ma foi en lui est certaine et a toujours imprégné mon militantisme, elle demeure une constante, mais qui ne se voit nullement récompensée. Le Parlement est la tribune où seuls les bâtisseurs doivent accéder, et non la figuration stérile. L’histoire témoignera et jugera.

C’est une militante de fond qui n’a pour parrain que Dieu qui vous interpelle, pour vous confier sa déception et son désarroi. Une militante qui croit en un idéal et qui refuse le défaitisme. Une militante qui croit en son Président et en son génie, qu’elle a toujours soutenu au quotidien, et lors de chaque campagne pour avoir rendu possible l’impossible, instauré la pais, pour avoir restauré la confiance perdue, pour avoir prouvé que le rêve est un droit humain vital qu’on ne peut céder ou détruire, et que le rêve peut se réaliser, quand l’engagement, le travail, la détermination et le dévouement s’associent.

Ma chère maman qui pleure aujourd’hui mon échec, vu mon exclusion de la liste après avoir été proposée troisième, la première des militantes FLN, reconnue par tous, vu mes compétences, ma persévérance et mon énergie au prix de grands sacrifices, me conseille de m’adresser, par le biais de cette lettre ouverte, à mon Président, seul capable de percevoir les vérités et reconnaître l’authenticité, seul capable de répondre au vœu  maternel : me réintégrer et me réhabiliter pour vous servir et servir l’Algérie, que Dieu vous a confiée. Vous êtes et demeurez le seul à pouvoir rendre justice quand l’abus, l’exploitation, l’ingratitude et la vanité s’associent contre le mérite et la confiance.

Nous assistons réellement à une dégradation de la bonne volonté qui s’est inscrite dans le programme de vos réformes. Nous avons  œuvré dans ce sens, avec abnégation et nationalisme. Nous avons pris en considération les changements géopolitiques et les inquiétudes du lendemain. Votre initiative a été concrétisée par un travail de fond continu au sein de notre parti avec l’approbation de son premier responsable.

Or, grande fut notre surprise de voir nos propositions battues en brèche et voir dresser une liste contraire aux réformes sur lesquelles vous avez tant insisté !! Nous n’y comprenons rien ! Paradoxe !

Empreint de militantisme, le péril est grave, et le Front risque de connaitre une fin non honorable. À cela s’ajoute la perte de grands efforts consentis par ses nobles enfants. Cette famille militante écartée, est prête à relever ce défi conformément à vos propres  instructions. Devant des listes ne reflétant nullement vos attentes, je me permets de solliciter mon Président dans l’espoir qu’il considérera mon sérieux appel.

Confiante et dévouée, comptant sur votre sensibilité, recevez, Excellence, l’expression de mon profond respect.