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Sommet économique arabe : L’ombre de Tunis refroidit Charm Echeikh

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le 21.01.11 | 03h00 Réagissez

 Pendant la réunion des chefs d’Etat arabes, manifestation au Caire contre les conditions de vie.

zoom | © AFP

Pendant la réunion des chefs d’Etat arabes, manifestation...

L’agenda fixe de la Ligue arabe a joué un tour inattendu aux dirigeants arabes. Le Sommet économique et social, qui s’est achevé mercredi soir à Charm Echeikh, en Egypte, est intervenu moins d’une semaine après la chute de la dictature à Tunis.

Le fauteuil vide de Zine Al Abidine Ben Ali était un signe évident de la fin d’une époque et le début d’une autre. Le départ précipité de Kamel Morjane, ministre tunisien des Affaires étrangères, du sommet est un autre indice du changement. Selon le ministre, la démocratisation revendiquée par la rue tunisienne est irréversible. Auparavant, Ben Ali ne ratait presque aucun sommet arabe et affichait un sourire rigide sous le regard des caméras.
 Le peuple tunisien a décidé de mettre fin à la comédie. La plupart des présidents et rois arabes affichaient mercredi des mines tristes.  Mélancolie passagère ? La muraille de la peur s’est effondrée dans le monde arabe et le brouillard se dissipe petit à petit. Même le très prudent Amr Moussa, chef de la Ligue arabe depuis dix ans, n’a pas pu se retenir. «La révolution tunisienne n’est pas loin de nous», a-t-il lancé.

Plus loin, il a lancé un avertissement clair aux chefs d’Etat arabes : «Les citoyens arabes sont dans un état sans précédent de colère et de frustration.» Cette mise en garde n’était pas en bonne place des journaux et des télévisions officielles, à l’image de l’ENTV, l’algérienne, celle qui a complètement raté la marche du monde. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a, lui aussi, appuyé sur le bouton d’alerte en appelant les Etats arabes à «faire plus» pour trouver des solutions à la crise de l’emploi dans la région. «Dans cette région comme dans d’autres, une plus grande importance doit être donnée à l’équité et au renforcement de la cohésion sociale», a-t-il observé. Au moment où les décideurs arabes tentaient de discuter, entre autres, de la sécurité alimentaire, de l’eau, de l’union douanière et de l’interconnexion électrique, la justice tunisienne ouvrait une enquête sur «l’acquisition illégale des biens et placements financiers illicites à l’étranger » du clan Ben Ali-Trabelsi.

 

Le cercle vicieux

Si les économies de certains pays arabes battent de l’aile, la raison n’est pas liée forcément à la mauvaise gouvernance ou l’illégitimité politique de certains régimes, mais elle est à rechercher dans la prédation généralisée des richesses des nations. Selon un sondage d’Al Jazeera publié cette semaine,  97% des votants ont dit que les dirigeants arabes ne sont pas justes dans la répartition des richesses dans leurs pays.  

Les frasques de Leïla Trabelsi, épouse de l’ex-maître de Tunis, ne sont qu’un petit exemple. Ce qui est caché est encore plus grave. Une petite lecture des magazines spécialisés, dont Forbes,  permet de découvrir que les fortunes personnelles des chefs d’Etat arabes dépassent tout ce qu’on peut imaginer. Saad Hariri, l’ex-chef du gouvernement libanais, a presque 2,5 milliards de dollars dans ses comptes bancaires. Et c’est le moins riche de tous les chefs d’Etat arabes, la Somalie et la Mauritanie mises à part !  S’ils acceptent de concéder à peine 10% de ces fortunes, une partie importante des problèmes sociaux sera réglée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ils ne l’ont pas fait, car ils craignent que les populations se rendent compte qu’ils sont  trop riches ! Un cercle vicieux.

Ils se contentent alors de discuter à Charm El Cheikh, sur les bords de la mer Rouge, infestée depuis peu par des requins venus d’on ne sait où,   «d’une stratégie globale de lutte contre la pauvreté». Faut-il accorder du crédit à ce genre de discussions ?  Comme il n’y aucune chance d’assister à un débat sur le combat anti-corruption lors d’un sommet économique et social protocolaire, fermé aux sociétés civiles et aux autres opinions, autant se limiter à lire les intentions des uns et des autres. A prévoir ce que sera le prochain sommet économique et social, et qui y sera présent et qui sera celui qui aura été emporté par une «tempête» qui n’aura pas nécessairement l’odeur du jasmin…

La revue américaine Foreign Policy a prévu que «la révolution  tunisienne» va s’étendre au Soudan, à l’Egypte, à la Jordanie, à la Libye et à l’Algérie. «Les Algériens sont frustrés de ne pas recevoir une part des revenus du pétrole et du gaz», a écrit la revue. Selon elle, les syndicats et les partis algériens n’ont pas apporté un soutien clair aux émeutiers (ceux sortis début janvier dans 20 wilayas du pays). Situation qui pourrait ralentir un mouvement massif de contestation. Alors la classe politique algérienne a-t-elle raté une marche ?

Fayçal Métaoui
 
 
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