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Smail Hariti, politologue, au Temps d'Algérie «Les crises des partis politiques seront résolues par les militants sincères»

 

19-06-2012

 

Des crises internes secouent ces dernières semaines des partis politiques et ne cessent de prendre de l'ampleur depuis, notamment après l'annonce des résultats des législatives du 10 mai dernier.

Ces turbulences sont plus au moins liées au nombre de sièges à l'Assemblée populaire nationale (APN) remportés par chaque formation politique. Mis à part le plus vieux parti, le Front de libération nationale (FLN), qui a obtenu la majorité avec 208 sièges, les autres n'ont, pour la plupart, pas été satisfaits des résultats.

Cet état de fait se répercute négativement sur ces associations politiques où les militants reprochent à leurs dirigeants d'avoir mal géré la situation et de ne pas avoir été à la hauteur. N'étant plus convaincus de leurs meneurs, ils veulent, pour la majorité d'entre eux, retirer leur confiance à leurs présidents.

Au sein du Front des forces socialistes (FFS) d'Ali Laskri, deux membres du bureau politique ont été évincés pour avoir tenu des propos allant à l'encontre du parti. Pour le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, les membres du parti ont également décidé de convoquer un congrès extraordinaire pour le destituer.

 Les membres du parti qui sont élus après avoir monnayé leurs candidatures auprès du parti, ne comprennent pas pourquoi M. Touati leur refuse l'accès à l'APN. La crise du FLN est tout autre et n'a rien à voir avec les législatives. Les remous au sein du parti qui remontent à bien avant les législatives, portent sur la destitution du secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem.

Il faut servir l'intérêt général de la société


Si chacun y va de son explication et de son analyse pour comprendre ce qui se passe au niveau de «la classe politique nationale», le politologue Ismail Hariti explique que les partis politiques ne sont plus la propriété des militants et appartiennent à l'Etat, ce qui explique les conflits internes qu'ils vivent.

 «Les partis ne sont plus financés par les militants et ont été créés pour simuler un semblant de démocratie et ont servi de faire-valoir», a précisé M. Hariti qui est aussi directeur du centre Amel El Ouma de recherches et d'études stratégiques. Il précise que maintenant que leurs militants se rendent compte du stratagème, ils se révoltent et exigent des explications.

«Les militants des partis sont loin d'être dupes et ne se laisseront pas faire, ils en ont marre des dirigeants opportunistes, appâtés par le gain», analyse-t-il. Sur un autre volet, il indiquera que les partis politiques ont perdu de leur valeur et des clans s'y sont formés pour des intérêts personnels. «Les formations politiques ne sont plus là pour respecter les droits communs et défendre les intérêts des citoyens, ils ont été créés pour faire des affaires avec le pouvoir», dira-t-il.

Il reviendra également sur la manière dont sont élus les présidents des partis qui n'a rien de démocratique, ni de légale et ne mâchera pas ses mots quant à la situation actuelle.

«Faut pas s'étonner des issues fâcheuses des partis où les dirigeants ne sont pas choisis par les militants», mentionne-t-il. Ces partis qui ne respectent plus leurs militants et qui sont aux coude à coude avec le pouvoir ne font qu'appuyer le parti unique et le conforter dans ses choix, estime le politologue.

«Les partis politiques ne représentent plus les militants, ils ne prennent  plus en considération leur avis et dépendent de l'administration pour leurs agissements, ce qui limite leur action», fait-il savoir.

Quant aux problèmes du FLN, notre interlocuteur se demande comment un parti qui subit de profonds remous peut gérer correctement un  pays. «Ce parti ne répond plus depuis longtemps aux attentes du peuple, il doit remettre le flambeau», suggère-t-il. Pour ce qui est de l'issue de ces conflits, M. Hariti se montrera toutefois perplexe pour l'avenir. «Si les militants sincères reprennent la direction des partis, on pourra peut-être avoir une opposition dans notre pays, autrement ça sera toujours l'appât du gain et du pouvoir».

Enfin, pour lui, la scène politique doit être redéfinie, les partis restructurés et l'intérêt général, le moteur principal de leur action.    

Cylia Lateb

 

 

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