Réformes politiques en Algérie

Les jeunes, oubliés de la commission Bensalah

Hadjer Guenanfa

Aucune invitation officielle de la commission de consultations politiques de Bensalah ne leur a été adressée. Mais les jeunes d'Algérie pacifique et du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (Mjic) ne semblent pas en être étonnés. « Khaled Nezzar, Abdelkader Bensalah et les autres... c'est toujours les mêmes et c'est toujours comme ça. On prend les mêmes et on recommence. Ce sont eux qui étaient présents lors des consultations de 1994 et ce sont eux qui sont invités aujourd'hui. On ne s'attendait pas au contraire en tous cas », indique sur un ton quelque peu ironique Amine Menadi, fondateur d'Algérie pacifique et membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).

Même son de cloche chez Abdou Bendjoudi, membre du Mjic. « Nous n'avons pas été invités. Seuls les vieux de la politique l'ont été », fait‑il remarquer. Même les collectifs et les coordinations qui ont paralysé l'université durant des mois n'ont pas été conviés.

La commission de consultations de Bensalah pour les réformes politiques n'est « qu'une manière de gagner du temps. On l'a toujours fait. Il n'y a pas une bonne intention pour changer les choses », explique Abdou. « Le régime tente actuellement de développer de nouveaux réflexes... comme la mise en place de cette commission pour dialoguer autour de nouvelles réformes... l'évolution n'aura lieu que par l'union de tous ces mouvements sociaux qui voient le jour en Algérie », poursuit-il. Aussi, « nos positions sur certaines questions sont connues », argumente Amine. « Ils n'ont invité que les partis politiques et les personnalités connues. S'ils nous invitent cela voudrait dire qu'ils nous reconnaissent. Et ils ne voudraient surtout pas donner plus de crédit à la société civile naissante », ajoute‑t‑il.

Après les émeutes meurtrières qui ont éclaté en janvier dernier, de nombreuses organisations de jeunes ont vu le jour en Algérie. Elles avaient toutes pour credo « Poursuivre la protestation entamée par les jeunes émeutiers mais d'une manière pacifique ». Des organisations qui se sont constituées en majeure partie sur Internet et principalement sur Facebook. C'est justement via ce réseau social que leurs initiateurs tentent, tant bien que mal, de mobiliser les jeunes pour participer aux actions qu'ils décident.

Leur exclusion d'un débat aussi important ne peut, pour eux, que traduire l'indéfectible volonté du régime de préserver le statu quo. Un sit‑in sera organisé prochainement devant la Présidence de la République par les jeunes d'Algérie pacifique. « Il aura probablement lieu le jour où Khaled Nezzar ou Belkhadem seront reçus », précise Amine Menadi.