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Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Occupy Wall Street en (r)évolution perpétuelle

| Par Renaud Ceccotti

De notre correspondant aux Etats-Unis


La caméra de surveillance du NYPD, la police newyorkaise, surplombe toujours Zuccotti Park. Pourtant les casquettes bleues et les gilets jaune fluorescent des agents de la sécurité privée ont fondu comme le nombre de manifestants encore sur place. Les médias conservateurs de Rupert Murdoch (le New York Post, Fox News ou le Wall Street Journal) se félicitent d'être venus à bout de cette bande de fainéants crasseux et de leur campement de fortune... «Mettez vous au travail... et allez prendre un bain», leur avait assené Newt Gingrich, un des principaux candidats à la primaire républicaine.

Pourtant à quelques dizaines de mètres de là, au 60, Wall Street très exactement, coincés entre le New York Stock Exchange, la tour Trump et la bijouterie Tiffany's, les Indignés de Wall Street n'ont pas désarmé. Avec le début de l'hiver et l'évacuation du parc, le hall de cet immeuble, où siège notamment la Deutsche Bank, est devenu le nouveau quartier général du mouvement. Abritant également une sortie de métro, la cour couverte est considérée comme un espace public que les manifestants sont libres d'occuper de 7 heures à 22 heures. C'est désormais là qu'ont lieu toutes les réunions des différents groupes qui composent Occupy Wall Street.

 

 

“Vous ne pouvez pas ignorer les 99%” “Vous ne pouvez pas ignorer les 99%”© Renaud Ceccotti

 

Aujourd'hui, Edwin Molina Chungo y tient l'assemblée générale en espagnol du mouvement. Pablo, un Equatorien sans-papiers vivant à New York depuis sept ans, y participe chaque dimanche. «Ce groupe est avant tout pour moi le moyen d'être au courant de mes droits face à mes patrons ou mon propriétaire. Mais on discute également de la politique des Etats-Unis en Amérique du Sud, des élections au Chili», explique-t-il dans un anglais hésitant.

A deux tables de là, un autre groupe de travail prépare le déplacement du lendemain à Washington, où doit se tenir pendant trois jours une grande manifestation nationale «afin de mettre la pression sur les élus et les lobbyistes». Cette mobilisation rassemble syndicats et chômeurs autour du Congrès des Etats-Unis. «Nous sommes les 99% et nous votons pour la plupart. Cette marche est l'occasion de rappeler aux élus qu'ils sont là grâce à nous et pour nous. S'ils continuent à ne servir que les 1% les plus riches, nous les remplacerons», lance Maria Spagnolia, une sympathisante qui se rend de temps en temps aux réunions après son travail.

«Les propositions ne manquent pas. Un concert de soutien, un débat à l'opéra de New York, une pièce de théâtre en plein Broadway... Le tout en une semaine à peine... Le mouvement n'a jamais été aussi actif», s'enthousiasme Kevin Sheneberger, cuistot dans un restaurant de Soho et membre de la cellule « infos » du mouvement des 99%, qui fait office de centre de logistique. C'est elle qui relaie les propositions des différents groupes, et appuie les demandes de subventions auprès de la cellule «finance»...

«Il n'y a pas de leader à Occupy Wall Street!» C'est ce que répètent chaque jour les participants, vantant les décisions collégiales et leur culture du consensus, suivant ainsi l'un des principes de Mai 68: «S'il est douloureux de subir les chefs, il est encore plus stupide de les choisir»... La réalité n'est pas aussi simple. Après quelques jours passés sur place, on s'aperçoit vite que des leaders non officiels existent. Il suffit de les chercher dans les rangs des cellules stratégiques: «infos», «médias», «tech» (la cellule internet) et, le nerf de la guerre étant ici aussi l'argent, «finance». Vous voulez de quoi acheter de la peinture pour fabriquer les banderoles? Il n'y a que la «finance» qui pourra vous débloquer les fonds nécessaires.

  • «Cela fait des années que les gens se contentent de broutilles»

    Il faut dire qu'avec plus de 500.000 dollars de dons depuis le début du mouvement, il y a de quoi faciliter quelques projets. Juste avant l'évacuation du parc, l'assemblée générale se demandait si elle devait envoyer des représentants en Egypte pour s'en inspirer, les frais auraient été pris en charge par la communauté. Tout cet argent n'est bien entendu pas placé sur un compte en banque habituel. «Nous avons un compte auprès d'une banque mutualiste, nous rassure Kevin Sheneberger. Elle ne spécule pas sur notre argent pour engraisser ses actionnaires. C'est la première banque américaine à avoir offert à ses adhérents des chèques gratuits...»

     

    Cet engouement pour les banques coopératives a fait des émules. Selon Time magazine, 650.000 Américains auraient ouvert un compte dans une de ces banques d'un nouveau genre (tout du moins pour les Etats-Unis) lors du dernier mois. La plupart mettent en avant les frais de fonctionnement outranciers de Bank of America ou de ses concurrents comme raison de leur changement, mais nombreux sont ceux qui disent en avoir entendu parler grâce aux «Occupy». «C'est la preuve que notre poids ne peut pas se calculer uniquement au nombre de personnes présentes dans le parc. Il y a des milliers de personnes qui ne sont pas physiquement sur cette place mais qui partagent notre ras-le-bol», s'agace Steven Diaz, un autre historique de Zuccotti Park.

    De l'autre côté, sur Broadway, on trouve les «bureaux» du mouvement. Des ordinateurs, des salles de réunion, des pièces pour stocker les centaines de dons (nourriture, vêtements) qui arrivent chaque jour des quatre coins du pays... En plein cœur de Manhattan, là où un simple studio se loue en moyenne 2000 euros, un tel luxe immobilier laisse sceptique les médias américains. «On ne paye pas de loyer. Il s'agit là encore d'une donation», précise pourtant Megan Hayes, une des occupantes. C'est la même banque coopérative qui prête gracieusement ses locaux selon Kevin Sheneberger, ainsi que tout le matériel qui s'y trouve.

    «Le mouvement est-il devenu plus professionnel depuis qu'il possède ces bureaux?», demande une journaliste de CNN. «Pas du tout», répond Haywood Carey, un autre membre influent. «On reste fidèle à nos principes et les méthodes de décisions n'ont pas varié d'un iota.»  Rien n'aurait donc changé depuis l'appel du 17 septembre par le magazine canadien AdBusters, désireux de créer une «place Tahrir au sein de Wall Street». L'évacuation du campement par la police mi-novembre n'aurait même eu que des conséquences bénéfiques selon certains, un sentiment d'injustice décuplant les forces de ceux qui étaient déjà présents et finissant de convaincre ceux qui hésitaient encore à rejoindre l'aventure.

    «J'étais un peu sceptique au début du mouvement», explique ainsi Matt Sky, un développeur de sites internet venu grossir les rangs du mouvement il y a peu. «L'absence de but commun entre les manifestants me posait problème... Et puis il y a eu l'évacuation par la police et là, je me suis rendu compte que je ne voulais pas que cette dynamique de débats prenne fin. C'était notre seul espace de liberté...»

    «Le reproche que l'on nous adresse, c'est de ne pas avoir un objectif en tête, quelque chose à demander qui, une fois obtenu, nous permettrait de rentrer chez nous avec le sentiment d'avoir accompli notre mission», continue Tim, un punk anarchiste qui continue à venir chaque jour sur la place, même sous la pluie. «C'est justement ce dont on ne veut pas. Cela fait des années que les gens se contentent de broutilles. La classe dirigeante leur jette un os, comme une soupape de sécurité, pour éviter que tout explose. Mais l'inégalité reste toujours la même. On ne veut pas d'une révolution violente mais on veut remettre tout le système à plat...» Ce désir de changement en profondeur est une des caractéristiques de ce mouvement, une des raisons majeures pour lesquelles il doit s'installer dans la durée. «Vous vous rendez compte de ce que vous nous demandez ?», lance Nicole Carty, une étudiante en sociologie, à ceux qui reprochent à OWS de stagner. «Nous avons débuté en septembre, il y a à peine trois mois, et vous voudriez que l'on ait déjà résolu les problèmes créés par des siècles de capitalisme ? C'est une tâche énorme, cela prendra beaucoup de temps...»

    Le caractère non-violent des manifestants leur confère une légitimité

    Dans son bureau de l'université de journalisme de Columbia, au nord de Manhattan, le professeur Todd Gitlin ne dit d'ailleurs pas autre chose. «La pire chose serait que ce mouvement, qui est par définition très jeune, se laisse submerger par une certaine impatience. Leur tâche est longue et difficile. Ce qu'il ne faudrait pas, c'est qu'arrivés en janvier, ils se disent: ça fait trois mois qu'on se bat, le capitalisme est toujours debout, il est temps de passer la seconde.» Pour Gitlin, qui fut dans les années soixante le président de l'association des Etudiants pour une société démocratique – un des mouvements d'activistes de gauche les plus radicaux des années 1960 –, OWS ne tient que par le soutien réel de la population.

     

    Des lecteurs du Occupied Wall Street Journal, satire du quotidien de Murdoch Des lecteurs du Occupied Wall Street Journal, satire du quotidien de Murdoch© Renaud Ceccotti
    Selon une enquête conjointe de la chaîne NBC et du Wall Street Journal, que l'on ne peut pas vraiment qualifier comme particulièrement favorable au mouvement, les trois quarts des Américains estiment que le système économique avantage illégitimement les plus riches et que le pouvoir des banques devrait être circonscrit... «Lorsque le mouvement des droits civiques et, plus encore, celui contre la guerre du Viêtnam, ont débuté, ils étaient très impopulaires. Celui-ci est d'emblée apprécié. Il faut garder cet avantage», estime Todd Gitlin.

    Selon lui, le caractère non-violent des manifestants leur confère une légitimité qui disparaîtrait s'ils se radicalisaient et se mettaient à tenter des actions coup de poing. « Ce qui est à craindre, comme ce fut le cas dans les années 1960, c'est de voir ce mouvement se faire infiltrer par des policiers en civil qui tentent de durcir les positions des manifestants et de les pousser à chercher la confrontation», prévient le professeur.

    Selon le Los Angeles Times, qui cite des sources policières anonymes, une dizaine de policiers en civil auraient ainsi infiltré le camp de Los Angeles dans les semaines précédant le raid du LAPD pour déloger les manifestants qui campaient devant la mairie. 291 personnes ont été arrêtées à cette occasion et 500 tentes démantelées. «On se croirait dans les années 1950 sous McCarthy», s'offusque Mario Brito, un des manifestants, à la télévision.

    Pour Todd Gitlin, plus encore que les années 1950 ou 60, il faut s'intéresser au mouvement anti-OMC (Organisation mondiale du commerce) de 1999 à Seattle pour comprendre l'évolution d'OWS. «A Seattle, le mouvement était composé à la fois d'écologistes et de syndicalistes d'un côté, qui devaient cohabiter avec le Black Bloc, des manifestants autonomes, cagoulés, qui cassaient les vitrines et se battaient avec la police anti-émeute.» Quel que soit le degré d'implication de la police dans ce qui s'est passé en 1999, une chose est certaine : le mouvement de Seattle a souffert de cette image de violence. Mis à part quelques arrestations à Oakland ou Portland, le mouvement Occupy Wall Street a réussi pour le moment à éviter cet écueil qui lui ferait perdre très vite toute sa popularité.

    «Il est important de garder à l'esprit les mouvements sociaux du passé, notamment ceux des années 1960-70, pour éviter de commettre les mêmes erreurs et pour en reprendre ce qui marchait», estime quant à lui Mark Shapiro, 61 ans. Il a vécu le «Free Speech Movement» des étudiants de Berkeley, en Californie, il y a quarante ans et dit retrouver une partie de cet esprit chez les «occupants». «Il y a une certaine cacophonie appréciable. Chacun est libre d'apporter son point de vue, même s'il est farfelu ou illuminé. Ce qui est important, c'est que tout le monde se sente le bienvenu, comme sur le campus de Berkeley à l'époque.»

    L'héritage des Sixties

    Cette ambiance contestataire des années 1960 est largement palpable sur la place de la Liberté. Il n'y a qu'à écouter les chants des manifestants chaque fin de soirée. Joan Baez, Janis Joplin et Bob Dylan y sont le plus souvent à l'honneur, mais la chanson la plus populaire est de loin «We shall overcome» («Nous triompherons»), l'hymne du mouvement des droits civiques tiré d'un chant gospel et réécrit par le chanteur folk Pete Seeger.

     

    Joan Baez chante «We shall overcome» en 1965

     

    Les légendes folks ou rock de cette période se sont d'ailleurs succédé devant la bourse de New York avec leur guitare pour apporter leur soutien  au mouvement. Joan Baez, Pete Seeger (âgé de 98 ans), Peter Yarrow du groupe Peter, Paul and Mary ou le duo David Crosby et Graham Nash, qui ont joué avec Neil Young à Woodstock (Crosby, Stills, Nash & Young)...

     

    Peter Yarrow chante «Blowing in the wind» à Zuccotti Park

     

    Mais ce n'est pas le seul point commun avec les belles années de la contestation américaine. Les marches sur Washington organisées régulièrement par les différents mouvements d'Occupy (que ce soit depuis New York, Philadelphie ou Baltimore) rappellent évidemment celles organisées par Martin Luther King en plein mouvement pour l'abolition de la ségrégation raciale. Bien sûr, les participants y sont moins nombreux mais le symbole y est bien présent, tous comme les hommages au leader afro-américain sont visibles sur les badges et les affiches des nouveaux protestataires. L'emblème du mouvement, un poing fermé noir, était d'ailleurs déjà très célèbre sur les affiches de la Nouvelle Gauche des années 1960-70.

    «C'est en se basant sur ce passé et en y incorporant nos particularités de contestataires en 2011, avec internet notamment, que l'on construit et reconstruit chaque jour Occupy Wall Street», estime Sam Mellins, tout juste 15 ans, qui n'a connu «ni Woodstock, ni les manifestations contre la guerre du Viêtnam, ni les Black Panthers» mais qui se dit «certain de participer à un événement historique».

    «Contrairement aux années 1960, la plupart des manifestants ont des caméras et diffusent en live toutes les exactions de la police. C'est aussi cela qui nous rend populaires, explique Matt Sky. Si les anti-guerre du Viêtnam avaient eu nos moyens pour communiquer avec la population, peut-être que leur mouvement aurait été populaire plus tôt.»

     

    Les images de la police aspergeant de gaz lacrymogène des étudiants californiens

     

    «Plus qu'aux années 1960-70, ce mouvement me fait penser aux années 1930», coupe Robert Cohen, professeur d'histoire des mouvements sociaux à la New York University (NYU). «Comme dans les années 1930, les revendications sont plus d'ordre économiques que politiques, si l'on peut vraiment distinguer les deux. En période de crise, comme lors de la Grande Dépression, il y avait des grèves, des marches de chômeurs dans tout le pays. Les vétérans de la Première Guerre mondiale ne recevaient plus leurs pensions, des milliers de personnes perdaient leur logement et campaient dans les parcs ou les terrains vagues... C'est très similaire à aujourd'hui.»

     

    • Le mouvement a investi le monde politique
    • L'évolution du mouvement se traduit aussi par les types d'actions mis en place ces dernières semaines. Mardi 6 décembre, les manifestants new-yorkais et leurs émules à travers le pays ont décidé d'instaurer la journée contre les saisies immobilières. Ils ont entrepris d'occuper les immeubles vacants appartenant aux banques et aux grosses entreprises et d'y reloger les familles ayant perdu leur maison à la suite de la crise de 2008. A Brooklyn, Alfredo Carasquillo, sa femme Natasha et leurs deux enfants Alfredo Junior, 5 ans, et Tanisha, 9 ans, vivent depuis des années de foyers d'accueil en hébergements provisoires, faute de salaire suffisant. «Les membres d'Occupy Wall Street nous ont trouvé cet appartement», explique le père de famille. «Il appartient à une banque mais il est vide depuis trois ans...»

       

      “Occupation perpétuelle” “Occupation perpétuelle”© Renaud Ceccotti
      «Les conservateurs sont persuadés que parce qu'il n'y a plus grand-monde à rester dans le froid à Zuccotti Park, le mouvement est mort. Depuis le début, ils sont persuadés que nous sommes une bande d'étudiants privilégiés et utopiques et qu'une fois les premiers frimas venus, nous allions retourner chez papa-maman... Ce cliché du révolutionnaire-petit-bourgeois est vieux comme le monde», s'énerve un des responsables d'«Occupy Our Homes» («Occupons nos maisons»), sorte de Droit au logement américain. «La situation est désespérée pour la plupart d'entre nous et la neige n'y changera rien, au contraire. Pendant qu'ils pensaient que l'on hibernait, on était donc des dizaines à repérer les immeubles inoccupés...»

      Plusieurs voisins sont venus souhaiter la bienvenue aux nouveaux habitants. Une fête de quartier est improvisée avec sapin de noël, gâteaux, musique et cadeaux de bienvenue. «Nous resterons ici nuits et jours pour s'assurer que cette famille ne soit pas à nouveau délogée, lance Eliot Tarver, du comité anti-expulsion. Vous pouvez le dire aux politiciens... Notre travail ne fait que commencer!»

      L'avenir du mouvement est difficile à imaginer. Une chose est certaine, le débat a investi le monde politique. Comme le reconnaît lui-même David Plouffe, l'ancien responsable de campagne d'Obama en 2008, dans le Washington Post, la colère anti-Wall Street du mouvement Occupy «sera un des éléments central de la campagne» du président sortant. Les membres du parti démocrate les plus radicaux ont déjà été envoyés pour tenter une approche auprès du mouvement. Jesse Jackson, figure du mouvement des droits civiques, l'ex-gouverneur du Vermont Howard Dean ou la figure montante de la gauche américaine, Elizabeth Warren, ont tous montré leur soutien avec les Occupy.

      Un appui pas toujours réciproque, tant une partie du mouvement se dit «déçue» par le mandat d'Obama. Le choix de Tim Geithner, l'ancien directeur de la Banque de réserve fédérale, comme secrétaire du Trésor, puis le sauvetage des banques restent en travers de la gorge de certains. «L'espoir et le changement que représentait Obama sont aujourd'hui sur les épaules de ce mouvement», estime le professeur Robert Cohen. «Si cela permet que le gouvernement se penche sur la question du chômage, sur le besoin de réguler le monde bancaire et sur tout ce qui touche les gens plutôt que de s'intéresser à la dette et au déficit, alors Occupy Wall Street aura remporté une belle bataille.»

       

      Retrouvez ce reportage sous forme de web-documentaire en cliquant sur l'image ci-dessous

       

       

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