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Les dérapages du soldat Ouyahia

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le 13.01.12 | 01h00  

Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) et Premier ministre Ahmed Ouyahia a failli à sa mission de défendre les intérêts du pays, au grand dam de l’histoire algérienne et de ses martyrs. Scandale !

Un sentiment partagé par les Algériens qui s’attendaient à une réaction plus «souveraine» ou pour le moins un silence confortable lui évitant ainsi une turpitude diplomatique de taille. «Ahmed Ouyahia est un responsable d’un simple parti politique, il ne représente pas le peuple algérien. Sa déclaration suite à la polémique franco-turque n’engage que sa propre personne», s’indigne Abdelhamid Salakdji, président de la Fondation du 8 Mai 1945. En se démarquant de la position du Premier ministre, Salakdji déplore le manque de «patriotisme chez les gouvernants algériens, faisant fi de la Constitution qui stipule le respect des martyrs de la Révolution algérienne», rappelle-t-il.

Samedi dernier, Ahmed Ouyahia a sorti ses griffes contre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, l’accusant de faire «du sang des martyrs algériens un fonds de commerce». La raison ? Son homologue turc a accusé la France d’avoir perpétré un génocide en Algérie, en réponse à l’adoption par le Parlement français d’un projet de loi criminalisant la négation du génocide arménien. «Le génocide turc est condamnable, certes, mais il ne faut pas faire dans les deux poids deux mesures et balayer les atrocités commises par le colonialisme français en Algérie. La meilleure façon de préserver l’histoire pour les générations à venir serait d’adopter le projet de loi criminalisant le colonialisme français en Algérie, présenté par un groupe de députés algériens», estime le président de la Fondation.

 

Le révisionnisme ne date pas d’hier

Même son de cloche chez l’historien Mohamed El Korso qui qualifie la sortie médiatique du SG du RND «de pain béni pour ceux qui s’apprêtent à prendre le pouvoir». Pour comprendre cette dérive, selon l’historien, «il faudrait s’inscrire dans le long cours du révisionnisme rompant en Algérie dont les signes les plus révélateurs est la suppression, du temps de Chadli Bendjedid, des couplets de Kassamane (ndlr : hymne national) criminalisant le colonialisme français et la mise au placard du projet de loi criminalisant le colonialisme français en Algérie», regrette-il. N’ayant pas vu le jour, la loi en question reste en travers de la gorge de nombreux d’Algériens qui, espéraient, à travers elle, riposter à la loi française du 23 février 2005 portant reconnaissance du «rôle positif» de la colonisation.

Contrairement à Abdelhamid Salakdji qui désengage le pouvoir algérien de la position d’Ahmed Ouyahia en attribuant sa réaction «au SG d’un simple parti politique» qu’il est, Mohamed El Korso reproche aux dirigeants d’avoir tourné le dos à l’histoire de l’Algérie anticoloniale. Il garde tout de même l’espoir de voir les pendules remises à l’heure en appelant le premier magistrat du pays à «trancher en rendant, dans les faits, à l’Algérie son histoire».

Un monument en mémoire du génocide des Algériens à Ankara

Connu pour son imprévisibilité, le maire d’Ankara, Melih Gökçek, ne se montre pas tendre envers la France comme s’il guettait le moindre faux pas de la part de Sarkozy. En réponse au vote par le Parlement français de la proposition de loi punissant la négation du génocide des Arméniens commis par les Turcs, le maire AKP de la capitale turque a fait part de son intention d’ériger un monument en mémoire du génocide des Algériens à l’avenue de Paris, où se trouve l’ambassade de France. Cette rue pourrait être rebaptisée avenue d’Algérie. Et comme pour effacer toute trace française dans sa ville, Melih Gökçek envisage d’attribuer à l’avenue Degol (de Gaulle) le nom d’un héros national algérien.

Cengiz Aktar. Professeur de sciences politiques à l’université Bahçesehir à Istanbul : Le Premier ministre représente le courant moderniste vieux style de la politique algérienne

-Selon vous, pourquoi les Français déterrent-ils un dossier aussi ancien que le génocide arménien, en particulier dans la conjoncture actuelle ?

Bien que l’administration Sarkozy agisse d’une manière opportuniste, ce sont les milieux radicaux arméniens, en particulier le Parti Dashnak, qui poussent à ce genre de législation. Et pas seulement en France, partout dans le monde avec pour objectif de faire reconnaître le génocide dans le monde entier en 2015, le centenaire du génocide. Donc en principe, tant que la Turquie n’arrivera pas à confronter son passé avec honnêteté, ce genre d’action continuera.

-Quelle lecture faites-vous de la réaction de la Turquie ?

Epidermique et consistant à se satisfaire en débitant les sempiternelles contrevérités. Mais il faudrait différencier le discours officiel négationniste d’un courant non négligeable issu du milieu intellectuel et académique qui, depuis une dizaine d’années, remet en cause ce discours et œuvre pour la délivrance de la mémoire enfouie.

-Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia vient d’inviter Erdogan à «cesser de faire de la colonisation française en Algérie un fonds de commerce».  La Turquie a-t-elle réagi à cette sortie médiatique ?

Le gouvernement n’a pas encore réagi à la déclaration d’Ahmed Ouyahia, mais les journaux turcs abondent de contre-déclarations de personnalités algériennes, comme Bouguerra Soltani, Moussa Touati, Mohamed Hudeybi, Abou Al Kacem Saâdallah, Fateh Rebbi, Ahmed Ed Dan et Abdelaziz Rahabi. La presse met l’accent sur le fait que le Premier ministre a été plus royaliste que le roi tout en essayant d’épargner le colonisateur.

-A votre avis, pourquoi le gouvernement algérien tient-il à prendre partie pour la France au détriment de son histoire et de la Turquie ?

Si je ne m’abuse, le Premier ministre représente le courant moderniste vieux style de la politique algérienne, farouchement laïque, voire laïciste. Il ne doit pas porter Erdogan dans son cœur et on connaît ses préférences légitimistes pendant les soulèvements arabes. Cela dit, sa sortie, incongrue face à l’histoire ottomane, traduit une sorte d’exaspération devant les arguments officiels de la Turquie qui, en évoquant les crimes coloniaux de la France, évite de faire face à sa propre histoire par rapport aux Arméniens.

-La Turquie représente-t-elle une menace dans le Maghreb pour la France ?

C’est ce que certains analystes défendent. L’expérience turque de coexistence de la modernité et de l’islam pourrait en effet devenir, à terme, une menace, et si ce processus est mené à bien en Turquie, ce qui n’est pas encore le cas, un «modèle». Ce faisant, l’ancien modèle «français» pourrait en effet être relégué au passé.

-Jusqu’où peut aller la Turquie dans ses sanctions envers la France, en réaction à la loi française criminalisant la négation du génocide en question ?

Pas très loin, dans un monde globalisé où un produit n’a plus de nationalité, sans parler de profondes relations commerciales, industrielles et technologiques entre les deux pays entérinées par des accords bilatéraux et multilatéraux comme l’union douanière dans le cadre de l’UE.  

Lamia Tagzout
 
 
Vos réactions 19

mohamed amazigh   le 13.01.12 | 15h53

Ayen...

je suis d'accord avec la réaction de Ahmed Ouyahia-ce qui est très rare-.On ne justifie pas un crime par un autre crime.Les Arméniens se sont fait massacrés par le pouvoir turc comme le peuple algérien a ... la suite

 

Donkishoote   le 13.01.12 | 14h56

Ouyahia se fait vieux

Et quand un dirigeant algérien se fait vieux, il pense à la maladie et où il irait se soigner sinon en France, chez leur maître à tous? Mais quelles que soient les motivations de la sortie de Ouyahia, ... la suite

 

kari115   le 13.01.12 | 14h22

????

Certes,le premier ministre algérien a tort,mais est-ce que les propos d'Erdogan sont pour l’intérêt de l’Algérie?
Sachant que c'est l'Empire Ottoman qui nous a livré aux français,de plus,c'est le seul ...
la suite

 

lhadi   le 13.01.12 | 14h02

Au service du pays

J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'affirmer, d’écrire que selon moi le premier ministre, homme d’État, d’expérience et d'avenir dont le loyalisme est sa marque de fabrique veut séculariser le pays avant ... la suite

 

eeljam   le 13.01.12 | 13h38

La turquie ?

Peut être que Ouyahia a réagi de cette manière pour avoir l'aval de Paris pour les élections, preuve que la colonisation n'est pas terminée. Et il est loin d'être le seul dans ce cas en Algérie .......... ... la suite

 

wahrani boumediene   le 13.01.12 | 12h48

dérapage dites vous?

Non Mr OUYAYA n'a pas dérapé à mon sens, il s'est plutôt positionné comme futur présidentiable en 2014.
Mr Ghozali vient de confirmer haut et fort qu'en Algérie il n'y a jamais eu d'élections propres et ...
la suite

 

newstiti   le 13.01.12 | 12h32

Tous les 8 mai avant 1830

Ahmed Ouyahia a exprimé son opinion.Etant premier ministre de l'Algérie,il a tous les moyens pour défendre ce point de vue.Je m'en tiens ici à l'opinion du citoyen.Plus que le colonialisme français(qui est ... la suite

 

11.11.11   le 13.01.12 | 11h24

Pourquoi cette mauvaise foi !

Personnellemnent n'étant pas un féru d'histoire, j'ai été éclairé par le rappel des faits historiques qu'il a fait et sur lesquels il fonde sa position. Si il faut l'attauqer c'est sur des faits et non pas ... la suite

 

aliabou   le 13.01.12 | 11h03

les derapages du soldat ouyahia

C'est vraiment etonnant de la part de nos medias quant il qualifient la declaration de M Ouyahia de scandale! et qu il ne represente pas le peuple algerien.La guerre entre l'algerie et la france c'est du ... la suite

 

gani   le 13.01.12 | 10h56

les turques au pays de s idiots

nous sommes pas des colonisées économiques, il en ressort le registre de commerce islamique, sert bien l' économie de la Turquie. est du groupe d aboudjera soltani.car ouyahia refuse de lever les ... la suite

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