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Réseau des Démocrates

Le changement : pour un nouvel ordre syndical ! par Si Mohamed Baghdadi

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Ahmed Badaoui

Aujourd’hui, tout le monde parle de changement, dans notre pays et sur l’ensemble de la planète. Le G20, comme le sommet de Copenhague, s’est achevé par une déclaration de principes. En fait, rien d’autre qu’une feuille de route pour le président français du troisième G20. En somme, et comme toujours, pas grand-chose de significatif et de déterminant !

Cela nous enseigne que le changement se fait sur le dos des peuples et des travailleurs qui paient l’ardoise pour tous les rentiers du monde, banquiers et vicaires de l’Etat asservi, traders et magouilleurs de la finance internationale en tête.

Le changement se joue maintenant, de manière factice, à grand renfort de conclaves et séminaires internationaux. De la grande politique spectacle, jetant de la poudre aux yeux des peuples, pour les amadouer et les faire taire. Mais aussi, de luttes réelles, menées, au plan international par le Forum Social Mondial dont la neuvième édition se tiendra, en février 2011, à Dakar. Mais aussi, au plan local, par de travailleurs et des syndicalistes convaincus de leur bon droit pour changer le cours des choses.

Je vais vous conter l’histoire d’un syndicaliste qui, fatigué de la main mise totalitaire de l’UGTA sur le monde du travail, a tenté, avec d’autres responsables syndicalistes, d’instaurer un nouvel ordre syndical pour redonner au peuple des travailleurs, fondement de la production de toute richesse, la voix que les gouvernants n’ont cessé de bâillonner.

 

Le 26 novembre 2010, Ahmed Badaoui ancien secrétaire général du syndicat des douanes, aura bouclé cinq années de suspension sans salaires.

Il a eu l’audace de croire, avec ses collègues, qu’en créant une coordination Nationale de syndicats qui ne se reconnaissaient plus en cette UGTA, devenue organisation supplétive du pouvoir, il allait la rendre aux travailleurs qui en sont le cœur et la substance.

Cette initiative mise en route par des syndicalistes responsables, pleinement conscients des risques encourus, dont Ahmed Badaoui était le porte parole, pouvait redonner à l’UGTA une nouvelle vigueur. Tous furent jugés et condamnés rapidement, sauf leur porte-parole ; comme si, vouloir une autre UGTA, était un crime.

 

Lorsque le droit et l’honneur des hommes sont bafoués

Trainé devant la justice pour huit chefs d’inculpation par son administration, au lieu d’être défendu par l’UGTA, Ahmed Badaoui s’était vu infliger par le Conseil National de cette dernière, une surprenante exclusion.

Cette double sanction, administrative et syndicale, pour le moins concertée, frappe l’un des syndicalistes, dont le seul tort fut de croire, en la défense de l’autonomie de la décision syndicale par rapport au pouvoir politique.

Elle illustre, on ne peut mieux, la collusion UGTA – pouvoirs publics, pour briser toute tentative de remise en cause de la toute puissance de l’UGTA  sur le monde du travail, alors qu’elle est de plus en plus contestée par celui-ci, qui ne se reconnaît plus en elle.

Par ailleurs, on se souvient qu’en 2005, les syndicats des Dockers, de la CNAN et de la BEA avaient engagé une demi-journée de protestation contre ces décisions. Mal leur en prit, puisque le DG des Douanes de l’époque, déposa plainte contre Badaoui, sous prétexte qu’il portait atteinte à l’ordre public. Cette même plainte fut confirmée, en son temps, par l’actuel DG.

Tout cela, comme si Badaoui, victime d’une double sanction, était responsable des actions décidées par des syndicats, mobilisés pour protester contre le sort qui le frappait injustement, et lui manifester une solidarité, que son propre syndicat lui avait refusée.

Sur les huit plaintes déposées à son encontre par la Direction des Douanes il obtint six relax et deux classements purs et simples, tant les dossiers d’accusation étaient inconsistants.

Sur cette base, il fait saisir le Ministre des Finances, tutelle de l’administration des Douanes, sans résultat probant. Puis, il engage auprès de son administration, une action pour reprendre son poste d’inspecteur divisionnaire des Douanes. Il ne manque pas d’informer par écrit la Commission administrative paritaire idoine, pour s’y faire entendre.

 

L’étouffement des initiatives syndicales et sociales

Ces démarches et écrits sont demeurés lettres mortes jusqu’à l’heure actuelle. Au point qu’il faille s’interroger à propos de la crédibilité de nos gouvernants lorsque ceux ci s’étonnent des justes révoltes citoyennes, comme s’en est plaint le premier Ministre, dernièrement devant l’APN, en recommandant aux citoyens de s’adresser, dans les formes, aux autorités concernées. C’est oublier que lorsque toutes les actions prescrites par le droit ont été épuisées, lorsque les autorités locales et autres continuent à faire la sourde oreille, alors les jeunes brûlent les pneus du désespoir et coupent les routes pour se faire voir et entendre.

C’est le même état d’esprit qui inspire et alimente l’acharnement dont est victime aujourd’hui Badaoui, comme l’ont été bien d’autres syndicalistes. Cet acharnement est inadmissible.

D’une part, c’est une famille qui est frappée par l’ostracisme administratif ; de l’autre, c’est un syndicaliste luttant pour la démocratie et le renouveau syndical que l’on veut mettre au pas ou « redresser ».

Les répercussions de cet acharnement sur l’état de santé de l’intéressé sont indéniables : diabète, glaucome et bien d’autres dérèglements psychosomatiques que la sécurité refuse curieusement à en charge. Comme le fait de ne pouvoir sortir du territoire national à cause d’une pièce que son administration ne veut pas lui délivrer. Le DGSN saisi, signale à l’intéressé que le refus de sortie du territoire national n’est pas de son fait, mais de celui de l’administration des Douanes. « Prisonnier à ciel ouvert », il se voit dessaisi de tous ses droits constitutionnels

Cet acharnement illustre, on ne peut mieux, les méthodes utilisées par le pouvoir pour briser tout élan ou tentative de résistance syndicale ou citoyenne. Le bâillon, le bâton et le redressement étant ses armes privilégiées pour caporaliser toute une société.

Ainsi, au travers du cas d’Ahmed Badaoui, c’est tout le processus de démocratisation et d’autonomisation du mouvement syndical que l’on veut frapper.

 

La Coordination des syndicats pour une autre UGTA

Badaoui est victime de son audace et de la volonté déployée, avec bien d’autres responsables syndicaux, pour redonner à l’UGTA la fonction revendicative, qui devrait la mener à défendre, sans répit, comme le stipule ses statuts, « les intérêts matériels et moraux des travailleurs. »

Victime pour avoir été le porte parole de la Coordination des Syndicats créée en 2005. Une coordination qui voulait dépasser la crise vécue par le mouvement syndical depuis  l’indépendance du pays, à ce jour.

Une coordination devant mettre à la disposition des travailleurs un cadre de lutte organique et politique, pour dépasser blocages et atermoiements, hésitations et reniements,  sciemment voulus et entretenus par la direction de l’UGTA et ses appareils satellites, devenus obsolètes.

A l’orée du 21° siècle, au lieu de voir la centrale syndicale s’attaquer à la résolution des problèmes nouveaux, générés par l’adoption par l’Algérie de l’économie de marché et l’acceptation des dogmes de privatisation, dérégulation et déréglementation, fondements du néo libéralisme, les travailleurs virent, bien au contraire, leur syndicat servir de courroie de transmission aux décisions conjuguées du pouvoir et du patronat.

La finalité de cette coordination, était de redonner à l’UGTA sa vocation originelle et de l’ancrer, à nouveau, aux valeurs qui avaient nourries les combats menés, tant par Aissat Idir, que par Abdelmalek Benhamouda.

Cet ensemble de considérations explique, mais ne peut justifier l’acharnement dont est victime Ahmed Badaoui. Cela devrait conduire les forces démocratiques, les défenseurs des droits de l’homme et des libertés, à envisager réactions et initiatives appropriée, pour que le changement démocratique advienne, enfin, en notre pays.

 

 

 

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