Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

La lutte anticoloniale racontée par le commandant Azzedine

Conférence-débat à Annaba
Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

le 10.03.12 | 10h00 3 réactions

zoom | © Salim. M.

Ce que m’a appris mon expérience au maquis, c’est que si la peur est contagieuse, le courage l’est tout autant. C’est ce courage qui nous a menés vers l’indépendance. Nous, cette indépendance, nous l’avons arrachée, elle ne nous a pas été octroyée. L’Algérie compte sur vous. Vous êtes son avenir», un message fort que Rabah Zerari, dit Commandant Azzedine, voulait transmettre aux jeunes étudiants lors de la conférence-débat «1962 : Un printemps algérien ou l’agonie du colonialisme français» qui s’est tenue ce jeudi 8 mars à l’école préparatoire des sciences économiques, commerciales et sciences de gestion de Annaba.

Fidèle sans défaillance à son amour pour l’Algérie et sans se départir de sa vivacité légendaire lorsqu’il s’agit de raconter l’histoire de la guerre de libération, l’ancien adjoint au chef d’état-major général de l’ALN a fait revivre aux étudiants les étapes les plus marquantes de la lutte anticoloniale, l’organisation de la guerre à travers les institutions révolutionnaires (CNRA, GPRA) et Congrès de Tripoli et le rôle de la Zone autonome d’Alger (ZAA) dans la lutte contre la sinistre OAS. Devant un auditoire : étudiants, médecins, juristes, sénateurs, députés, chefs d’entreprise et représentants de la société civile — totalement conquis — celui qui avait tenu tête au général Bigeard — ce dernier lui avait d’ailleurs rendu hommage dans son livre de souvenirs,

Pour une parcelle de gloire, retraçait non sans une pointe d’amertume les années de violence, de mépris, d’injustice, de peur, de peine, de bonheurs volés qui, selon lui, ne peuvent s’effacer aisément. Il a fait une longue halte sur le parcours de Rabah Zerrari, cet enfant d’Alger qui grandit dans le mépris du colonialisme français, le jeune homme qui a fait sa guerre contre l’armée d’occupation et devient le commandant Si Azzedine. Sa fidélité, son sacrifice et le prix payé pour son idéal d’une Algérie libre et indépendante ont porté leurs fruits et lui ont donné l’aura nécessaire pour faire sien un  nouveau combat : écrire l’histoire de la guerre d’Algérie par ses propres enfants, mais sans la déformer ou en occulter les pans essentiels. «On doit vous raconter la vérité par devoir de mémoire. Malheureusement, votre référence essentielle est l’œuvre d’historiens non algériens», dira-t-il aux étudiants. Tel un père attentionné et aimant, l’auteur des deux récits-témoignages Les Fellagas et Et Alger ne brûla pas, s’est prêté avec courtoisie à une séance photo qu’ils ont improvisée au terme de la conférence avant de répondre à ces quelques questions.     

Le Commandant Azzedine : «Le pouvoir d’aujourd’hui veut écrire l’histoire avec une gomme et non avec un stylo»

-Quel est l’impact de l’indépendance algérienne sur le colonialisme dans le monde, particulièrement en Afrique ?

Notre combat libérateur a contribué à la libération de l’Afrique. Elle a été d’un apport considérable dans la libération de l’homme.

-Quel regard portez-vous sur la contribution de l’immigration algérienne en France pour l’indépendance ?

Elle a été très grande. D’abord, elle a porté la guerre jusqu’au cœur de la capitale du pouvoir français et a, en même temps, contribué financièrement au budget de la guerre.Elle a payé un prix très cher et n’a pas à faire de complexe par rapport à ceux qui se battaient en Algérie. Leur combat était plus dur.

 

-Le devoir de mémoire ? Quand allons-nous enfin écrire notre propre histoire et ne plus s’en remettre aux historiens étrangers ?

J’en veux aux historiens algériens de suivre le sillon de l’écriture de l’histoire d’historiens comme Yves Courrières.Si aujourd’hui notre histoire n’est pas écrite, c’est parce que l’extérieur a pris le pouvoir depuis 1962.Et, comme il était absent à l’intérieur du pays, s’est nourri en son sein un complexe d’infériorité. D’où l’exemple de l’affaire des deux colonels, Amirouche et El Haoues. Le pouvoir d’aujourd’hui veut écrire l’histoire avec une gomme et non un stylo. 

Naima Benouaret
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article