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La chanteuse Beihdja Rahal se confie à Mon Journal : «Ma priorité c’est la nouba»

L’artiste à la voix cristalline, Beihja Rahal,  incarne à la fois le sérieux et le professionnalisme. Elle est l’une des artistes qui travaillent pour la valorisation des rythmes andalous. A Alger pour les besoins de l’enregistrement d’une émission, c’est à cœur ouvert que la chanteuse s’est livrée à «Mon Journal». 
 
Vous avez réussi, grâce à votre talent, à vous imposer sur la scène algérienne et internationale. Pourriez-vous revenir  sur votre rapport avec la musique andalouse ?
La musique andalouse est une grande passion, elle occupe tout mon temps. Le talent ne suffit pas pour s’imposer et réussir, le travail est une priorité. La rigueur est de mise. La patience et la persévérance sont très importantes aussi. Il ne faut jamais dire ``on est arrivé’’, il faut travailler sans relâche. La médiocrité n’a pas sa place et c’est ainsi qu’on se fait une place de choix sur la scène.
 
A-t-il été facile de délaisser  la biologie au profit de la musique andalouse ?
Au départ, en Algérie, j’arrivais à pratiquer les deux. Il n’était pas question de faire un choix. Lorsque je me suis installée en France et que j’ai entamé ma carrière professionnelle, le choix s’est imposé. De déplacement en déplacement, d’enregistrement en enregistrement, il n’était plus possible de m’investir à 100% dans deux domaines complètement indépendants. Il ne faut pas oublier que je donne aussi des cours de musique à Paris. J’anime des ateliers pour enfants et pour adultes, ma semaine est bien remplie, plus de place pour la biologie.
 
Que gardez-vous comme souvenirs de vos maîtres de référence ?
Ils ont fait de moi ce que je suis. Ils m’ont appris le respect pour cette musique, la rigueur et la persévérance. Ils ne m’ont à aucun moment parlé de talent, ils ont préféré me laisser me former comme tous les élèves de mon groupe, étape par étape. Ils avaient entièrement raison et ça m’a rendu un énorme service.
 
La musique andalouse aujourd’hui est enseignée  au niveau de nombreuses associations. Quelle est votre appréciation sur le travail qui se fait en direction des enfants ?
Lorsque j’étais enfant et qu’on était au conservatoire et dans les associations, on disait je vais au cours où j’ai cours de musique andalouse. Maintenant les enfants disent j’ai une répétition. Ça veut dire qu’on leur met, très jeune, en tête qu’ils sont arrivés. Les répétitions sont réservées aux professionnels, les élèves dans les associations sont des amateurs qui devraient monter sur scène qu’occasionnellement. Ces dernières années c’est plus les associations qui font tous les festivals en Algérie et ailleurs. Il faut peut-être penser à la formation des chefs d’orchestre qui dirigent ces associations. Il faut les encadrer, il faut contrôler le travail qu’ils transmettent au sein de ses groupes. D’ailleurs à l’époque, on parlait d’enseignants et non pas de chef d’orchestre !
 
Beihdja Rahal n’est pas partisane des duos… ?
Ce n’est pas ma priorité. Si un jour ça se présente, pourquoi pas, mais je n’y pense pas comme un projet à réaliser impérativement.
 
Vous vous êtes lancés depuis quelques années déjà dans l’enregistrement d’une anthologie de noubate : façon singulière de préserver ce patrimoine ancestral.
Les enregistrements que j’ai entamés depuis 1995, en plus d’être artistiques, sont pédagogiques. Ça a permis au public non initié de pénétrer ce monde merveilleux qu’est la nouba. Il arrive à parler de modes, de rythmes, de mouwashah…
 
Vous avez sorti, dernièrement,  aux éditions Belda, un 22ème album avec un DVD. 
Oui , pour ce 22ème album, nous avons voulu innover par rapport aux précédents. Un DVD d’un concert live accompagne ce CD. Le public me demande souvent pourquoi je n’enregistre pas de hawzi et de âroubi, il sera servi cette fois-ci. Ma priorité est la nouba mais sur scène, j’interprète beaucoup de âroubi et hawzi en 2ème partie. Il est édité par Belda diffusion et sponsorisé par Air Algérie. Avec mon orchestre habituel, composé d’excellents musiciens, j’ai enregistré au studio H de Staoueli, chez le chanteur Hamidou qui n’est plus à présenter.
Le concert live a été filmé par Omar Guelmaoui, le montage a été fait par Khir-Edine Medjoubi, fils du regretté Azzedine Medjoubi. Un livret accompagne toujours l’album, on y trouve la poésie en arabe et sa traduction en français réalisée par SaadaneBenbabaali.
Trois mois avant, Belda diffusion m’a édité un coffret de 5 noubas avec un DVD qui comporte plusieurs escales de ma carrière.J’offre au public un extrait de ma rencontre avec Cheikh El Hasnaoui à l’Ile de la Réunion en 2001, une année avant son décès. Il parlait à ses fans et à toute l’Algérie en émettant le vœu de rentrer un jour chanter dans sa terre natale.
 
Pourriez-vous revenir sur la genèse de vos précédentes publications, consacrées à la musique andalouse ?
A chaque fois que je réfléchi sur un nouvel album ou un nouveau livre, je pense au public. Je me dis qu’il est important qu’il apprenne plus à chaque sortie évènement. Avec Saadane Benbabaali, nous avons imposé cette méthode pédagogique d’accompagner tous les CD par un livret donnant les textes en arabe et leur traduction en français. Concernant les deux livres que nous avons édités, il s’est occupé de toute la partie littéraire et moi de la partie musicale. C’est une première et le public en raffole, je le remercie vivement. Ça ne peut que m’encourager à continuer. 
 
Votre calendrier est des plus chargés. Comment arrivez-vous à concilier vos dates de concerts et les cours que vous prodiguez en direction des enfants et des adultes à Paris ?
 
Je travaille de cette manière depuis des années. Le but est d’arriver à concilier entre cours, masters-class, enregistrements et concerts. C’est ainsi que je vois la préservation de ce patrimoine. La vulgarisation par la pédagogie est une des méthodes de sauvegarde.
 
Quelle est votre actualité immédiate ?
Je viens de donner un concert au centre culturel algérien le 8 juin. Je fais partie des intervenants de TEDXAlger organisé au TNA le samedi 15 juin avec de jeunes entrepreneurs. Le 22 et le 24, je donne un spectacle au centre culturel algérien avec mes élèves.
Les enfants et les adultes de l’association Rythmeharmonie présenteront le travail que nous avons effectué pendant cette saison. Je pense être en Algérie pendant le Ramadhan pour des concerts dans quelques villes du pays.
Dés le mois de septembre, les cours reprennent en plus de concerts programmés à Rennes, et au Canada pour la première fois en novembre 2013.
Par Manil Samir
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