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Karima Bennoune, auteure de Votre fatwa ne s’applique pas ici, au forum d’El Khabar «Oublier les victimes du terrorisme, c’est les tuer une deuxième fois»

 

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le 10.12.13 | 10h00

C’est un livre que tout Algérien qui éprouve un minimum de respect pour la mémoire des victimes des années 1990 devrait avoir dans sa bibliothèque affective.

Son titre : Votre fatwa ne s’applique pas ici. Histoires non-dites de la lutte contre l’intégrisme. Un ouvrage magistral signé Karima Bennoune, fille de l’éminent anthropologue Mahfoud Bennoune.
Karima Bennoune est professeure de droit international à l’université de Davis (Californie). Elle était l’invitée, hier, du Centre d’études internationales du journal El Khabar, dirigé par le charismatique Ahmed Bédjaoui. C’est dans l’ambiance conviviale d’un restaurant de Ben Aknoun, le Rosso Nero, que la rencontre a été programmée. Transformé pour l’occasion en salle de conférences, le petit resto a vu affluer plusieurs figures du combat des familles des victimes du terrorisme pour la justice et la vérité. Citons, en l’occurrence, Cherifa Kheddar (présidente de Djazaïrouna), Adnane Bouchaïb de l’association Somoud, ou encore l’héroïque Houria Zenoune, mère de Amel Zenoune, cette jeune étudiante en droit assassinée le 26 janvier 1997 près de Sidi Moussa.

Karima Bennoune entame sa conférence par un hommage à Omar Ourtilane, rédacteur en chef à El Khabar, assassiné le 3 octobre 1995.«J’ai présenté le livre aux Etats-Unis et en Europe, mais cette présentation au forum du journal de Omar Ourtilane revêt une signification particulière pour moi», confie l’auteure, avant de lancer : «C’est le courage des Algériens qui a inspiré mon livre.»
L’ouvrage colossal de Karima Bennoune, paru tout récemment aux Etats-Unis, chez Norton&Company, sous le titre Your fatwa doesn’t apply here, est le fruit d’un travail de terrain extrêmement fouillé, précis et courageux. Pour les besoins de son livre, la professeure Bennoune a sillonné tous les points chauds de la planète, au péril de sa vie, pour recueillir la parole des femmes et des hommes qui résistent aux formes les plus fascisantes de l’islamisme. Elle a réalisé quelque 300 interviews dans une trentaine de pays (Afghanistan, Pakistan, Palestine, Tchétchénie, Mali, Egypte, Somalie, Soudan, Niger, Turquie, Tunisie…).

Ce travail gigantesque était motivé, entre autres, par le désir de «changer les stéréotypes des Américains vis-à-vis des musulmans et les personnes de culture musulmane en montrant une vision différente de celle colportée par les médias ‘mainstream’ en Occident», explique l’auteure. «Tout le monde connaît Ben Laden mais on ne connaît rien de ceux qui ont parfois risqué leur vie contre les Ben Laden de leurs pays», déplore-t-elle. Considérant que «les histoires ont une puissance plus forte que l’analyse théorique», Karima Bennoune a gratifié l’assistance, moyennant data-show, d’une galerie de portraits de ces militants du quotidien qui, de Kaboul à Kidal et de Karachi à Alger, luttent quotidiennement contre tous les extrémismes en exposant leur vie. Dans sa présentation, la conférencière a réservé une place particulière aux victimes algériennes qui traversent son livre : maître Mokhtar Bouchaïb, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Médéa, enlevé le 16 décembre 1995 ; Lila et Mohamed Réda Kheddar, respectivement avocate et architecte, assassinés à Blida le 24 juin 1996 ; Amine, le fils de Nassera Dutour, disparu depuis le 30 janvier 1997 à Baraki, ou encore nos confrères du Soir d’Algérie, Mohamed Dorbane, Allaoua Aït Mebarek et Djamel Deraza, tués dans l’attentat perpétré contre la Maison de la presse le 11 février 1996.

Karima Bennoune termine son exposé en bloquant le data-show sur la montre de Amel Zenoune, dont les aiguilles ont arrêté les battements du temps à 17h17. «C’est pour montrer qu’il n’y pas de temps à perdre pour lutter contre l’oubli», martèle Karima. «Il faut écrire, filmer, archiver, ériger des stèles», plaide énergiquement la fille de Mahfoud Bennoune. «Ceux qui n’apprennent pas l’histoire sont condamnés à la revivre», insiste-t-elle. Nous sommes bien obligés, à ce propos, de dire la violence que constitue pour les familles des victimes du terrorisme aussi bien que celles des disparitions forcées la loi sur la «moussalaha». «C’est de l’oubli codifié», s’indigne Karima Bennoune. «Pour moi, c’est comme si on tuait ces gens une deuxième fois si on oublie leur histoire, ce qu’ils ont subi.» Non, ils ne mourront pas deux fois. Merci Karima Bennoune !

Mustapha Benfodil
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On n'applique pas la fatwa islamique en Algérie ok, alors tu pourras nous dire si la fatwa de Jeanne d’Arc est -elle valable en Algérie? après 53 ans d'Independence, la progéniture de la France coloniale, fait parler d'elle
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R
On n'applique pas la fatwa islamique en Algérie ok, alors tu pourras nous dire si la fatwa de Jeanne d’Arc est -elle valable en Algérie? après 53 ans d'Independence, la progéniture de la France coloniale, fait parler d'elle
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M
nous sommes heureuse de recevoir actuellement à dakar Madame karima bennoune qui nous parle de son livre. Nous remercions vivement le Réseau international de solidarité Femmes sous lois musulmanes (WLUML) et plus particulièrement Madame fatou SOW
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