http://www.lejourdalgerie.com/Editions/101011/une/Lejour.htm
Le problème des élections serait vite réglé si on prenait directement l’une des lois électorales en vigueur dans les pays de référence. Comme
on importe des process ou des machines. Les spécialistes en la matière pourraient même faire un patchwork de plusieurs de ces textes, on gagnerait du temps, on en finirait avec toutes ces
dépenses inutiles et ces débats ennuyeux, auxquels on ne comprend pas grand-chose, et on serait au moins sûr qu’il n’y a aucun tripatouillage malintentionné. Le pouvoir ferait preuve
de bonne foi et les mauvaises langues n’auraient rien à dire.
Pour une fois, ensuite, on prendrait tous les grincheux, tous les suspicieux de naissance, tous les «démocrates» labélisés et en vue et on leur
confierait l’organisation du scrutin, de la confection des urnes à celui des bulletins, au dépouillement des voix, à leur consolidation, à leur promulgation. Sans oublier les temps de
parole et de couverture télévisée de la campagne. Pour une fois seulement, une toute petite fois. Ce n’est pas sûr qu’ils en soient heureux, ce n’est pas sûr qu’ils acceptent, mais il faut
au moins tenter le coup. On a envie de savoir qui pèse quoi dans ce pays où tout le monde parle au nom du peuple, celui qui n’aime pas les bars, comme celui qui veut le changement même tout
seul. L’opération est si facile à faire qu’il serait criminel de ne pas la tenter, au regard de ce qu’il y a à gagner. On mettrait fin à cinquante ans de brouillard sur la légitimité de la
direction du pays.
Ceux qui peuvent faire passer la chose, ce sont ceux qui sont aujourd’hui
majoritaires partout dans les instances élues. Qui sont, en un
mot, le pouvoir. De plus, ils y ont tout intérêt, avec le bonus de ne plus se faire embêter avec cette histoire de fraude, que n’importe qui peut invoquer pour se faire mousser, pour
décrédibiliser ses adversaires ou pour justifier son impopularité. Chiche. Ça ne coûte absolument rien et ce sera une véritable révolution qui anéantira à jamais la suspicion. Allez !
Un petit effort et le premier qui sera content sera le peuple. Il suffit d’inverser les rôles. Tu organises et je contrôle. Ne serait-ce pas jouissif de ne plus être une cible, mais le
tireur à l’affût ? Je pense que si ! Et ils seront très peu nombreux à me contredire. Concrètement et pour la solennité, ce serait par exemple à Da L’ho, l’un de nos derniers
historiques, de présider les élections, assisté de tous les habituels minoritaires avec, il le faut absolument, la participation des éternels «victimes de la fraude» (on verra plus tard
s’ils ont raison). Le pouvoir n’étant là que pour assurer la finance, la logistique et la sécurité. Tout, absolument tout, serait mené en dehors de lui et des partis qui gouvernent. Ainsi,
les textes, eux-mêmes, deviendraient secondaires parce que, certainement, il n’y aura personne pour les tourner et les retourner sous toutes leurs lignes et interlignes. Ils en
deviendraient presque inutiles. Encore un petit détail. On accréditera tous les journalistes sans exception et on soutiendra financièrement ceux qui n’ont pas les moyens. L’objectif est
qu’il y ait partout des yeux qui surveillent et mesurent la qualité et la transparence des opérations. Après ça, on pourra défier quiconque en matière de démocratie. Dire
que c’est faisable !
Badis Guettaf