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Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Démocratie et verticalité


Par Si Mohamed Baghdadi

 

Encore une fois, le pouvoir n’a pas échappé aux attraits et vertiges de la verticalité. Le 13 septembre 2011, le Conseil des Ministres, au cours d’une réunion marathon, a mis la dernière main à des projets de textes de réformes. Ces textes, auraient tenu compte des voix autorisées de personnalités diverses.


Toutefois, malgré leurs différences, celles-ci ont une particularité commune : avoir été choisies par le pouvoir. Autant dire qu’elles représentaient l’autre face du visage de Janus[1], personnifiant le pouvoir en place. Comme on le dit si prosaïquement chez nous «  Moussa El hadj, El hadj Moussa ! »

Le pouvoir soliloque ainsi avec lui-même, donnant l’illusion de dialoguer avec une opposition de façade. De convaincre le peuple, incrédule et lassé par tant de simagrées, qu’il vit bel et bien en démocratie. Une démocratie pour usage externe, alors que le système ne fait qu’aménager les conditions de sa propre pérennité.

La verticalité, ainsi entendue, fait que tout soit octroyé par le sommet, rarement en concertation avec le peuple.

Elle est contraire à l’esprit de la Constitution de la RADP qui proclame en son préambule :

 « Ayant toujours milité pour la liberté et la démocratie, le peuple entend, par cette Constitution, se doter d'institutions fondées sur la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques et qui réalisent la justice sociale, l'égalité et la liberté de chacun et de tous. »

Il est faudrait aussi rappeler les dispositions des articles réservés au Peuple et à l’Etat,  dans ce contrat liant gouvernants et gouvernés, tant il a été foulé aux pieds par ceux chargés de veiller à son respect.

Faisons- le, tout de même, pour la Défense et l’Illustration de la Constitution de la RADP.

Article 6

Le peuple est la source de tout pouvoir.

La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple.

Article 7 

Le pouvoir constituant appartient au peuple.

Le peuple exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne.

Le peuple l'exerce par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus.

Le président de la République peut directement recourir à l'expression de la volonté du peuple.

Article 10

Le peuple choisit librement ses représentants. La représentation du peuple n'a d'autres limites que celles fixées par la Constitution et la loi électorale.

Article 11

L'Etat puise sa légitimité et sa raison d'être dans la volonté du peuple.

Sa devise est "Par le Peuple et pour le Peuple".

Il est au service exclusif du peuple.

 

Voici donc quelques extraits pour rappeler que nous ne connaissons que de manière imparfaite ce contrat fondamental qui lie gouvernants et gouvernés en notre pays et que le réel est tout le contraire du constitutionnel.

A l’inverse de ce que dit l’article 11, ce n’est pas l’Etat qui est « au service exclusif  du Peuple », mais, bien au contraire, c’est le peuple qui finit par être au service de l’Etat et de ses représentants.

A tel point que cet Etat, s’estimant seul détenteur de la volonté populaire va aller plus loin. Au lieu d’écouter le peuple, il va interroger les représentants du premier collège, pour donner l’ullusion que le Peule est consulté. En fait, de la poudre aux yeux.

 

Bien sûr, lorsque tout sera ficelé et bien ficelé, il consultera le peuple des « indupables » - l’indignation revêtant plusieurs formes -   pour montrer à l’extérieur, sa carte de bonne conduite démocratique.

Mais il s’agit là de vieilles recettes de grand’mère, qui ne trompe plus grand monde, ou ne trompe que ceux qui les utilisent, aussi machiavéliques puissent-ils être.

 

Ce que disant, il faut reconnaître qu’en l’état actuel des choses, la Constitution de 1996 est un texte qui n’a qu’un seul défaut : ne pas être appliqué par ceux chargés de le faire.

Aussi, suis-je du côté de toutes celles et tous ceux qui disent « appliquons bien ce qui existe et veillons à ce qu’il n’y ait pas de dérives au niveau des textes d’application.

Pourquoi, dés lors, ne pas créer un Observatoire de l’application de la Constitution, au lieu d’un Conseil Constitutionnel, vermoulu et aux ordres.

 

C’est à cette aune qu’il conviendra d’examiner les projets de  textes approuvés par le Conseil des Ministres, de les publier et de les diffuser largement, afin que tout le monde en connaisse.

Que toutes celles et tous ceux qui n’ont pas eu l’occasion de donner leur point de vue, le fassent en saisissant le député ou le sénateur de leur circonscription, de leurs remarques et de leurs propositions. Cela paraîtra superflu pour certains, mais il faut bien donner quelque travail à nos "élus". Et opuis ils ne sont pas tous disqualifiés; bien au contraire pour certains d'entre eux.

Cela peut certes prendre du temps ; mais ce sera le temps de la vérité démocratique et citoyenne, que l’on gagnera lors de l’application. Un temps qui économisera bien des révoltes.

Ainsi, rien n’aura été octroyé par le sommet, selon le pouvoir desséchant de la verticalité, mais tout aura été partagé en bonne démocratie.

Pour éviter que tout ne soit arraché par le pouvoir de l’émeute, lorsque le droit est bafoué en n’étant devenu que le droit de la force.

 

Si Mohamed Baghdadi

Le jeudi 15 septembre 2011.

 

 

 



[1] Dieu de la mythologie romaine gardien des portes de la Cité, dont il surveille les entrées et sorties. On le représente généralement par les deux faces opposées d’une même porte. Ce qui correspond, on ne peut mieux, au système de gouvernance du pays. Les portes du pouvoir ne vous sont ouvertes que si vous prêtez allégeance.

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