Hommage au Regretté Chanteur et Poète Idir

                                                                                 

Madjid Ait Mohamed

Un autre monument de la chanson amazigh d'expression Kabyle, vient de tirer physiquement sa révérence de ce qui est appelé le monde des vivants. Son extinction laisse en nous un vide, non pas uniquement à sa famille et à ses proches, mais à tous ceux qui l'ont approchés de près ou de loin, même parmi ceux qui ne le portaient pas car il étalait, par ses paroles profondes, ses thèmes puissants puisaient dans ce que lui avait transmis sa maman, dans les traditions ancestrales et le creusé de ses montagnes verdoyantes, belles et rebelles. Le tout accompagné d’une musique et d’un air répondant à l’anza (l’appel) de nos aïeules. 

Hamid, l'étudiant en géologie, l'amoureux des lieux montagnards où il est né et de son pays l'Algérie qu'il chérissait et pleurait de ne pouvoir revoir dans son ensemble en H24, que j’ai connu courant les années 1970 et côtoyé au cours des années de braises qui ont vu le 20.04. 1980 l'émergence du MCB initié en 1er lieu par des universitaires du centre biens précis, et en second lieu rejoint par d'autres issues d'horizon divers. 

Le militant du verbe, des textes biens recherchés et de la musique, contraint à l'exil comme tant d'autres pour leurs idées et leur engagement pour une et indivisible Algérie Algérienne dans sa pluralité et sa diversité sans prédominance aucune et qui ne se cherche pas une identité venue d’ailleurs sous un prétexte factice, portait en lui la pensée et ce que ressentaient ses montagnes jamais sujuguées, le souvenir et l’espoir de voir une Algérie meilleure et répondant à l’appel multimillénaire, ce que lui contait sa mère dans son vécu à At Lahsèn, daira d'Athyani qui a aussi donné naissance à un autre grand et inoubliable grand homme en la personne de DDA l'Mulud Atmamar que nous avons enterré dans son village natal "Tawrir" Athyani.

Hamid Cheriet, dit Idir, fut celui qui, par ses thèmes traduits et chantés en moult langues étrangères et quelques fois chantés en version original a été celui qui a fait connaitre à l’internationale la chanson et la musique algérienne d’expression amazigh de Kabylie. 

Comment oublier la chorégraphie donnée en plein air à d'Alger et où il avait mis sur scène les chants, Ababa Inuba, Tabrats n'Yuigurten, Taksit n’wazguer, Essendu et tant d'autres chansons plus significatives les unes et les autres. 

Je ne pense pas qu'il faille le pleurer malgré les douleurs que ressentent sa famille et nous autres, car des hommes comme lui, à l'exemple de DDA El Mulud, de Harun mohamed, de Mohand Arab, de Bel Hanafi, de Karim Amzal, de Bacha Mustapha, de Boukrif Salah, et de tant d'autres, ne peuvent mourir et ne mourants jamais.

En ce douloureux moment, je reprends ce que nous avons écris sur la tombe du regretté Mames Lakhdar, militant de l’Association Culturelle Berbère basée à Paris 20ième, que nous avons enterré dans sa région natale de Kabylie « d'espoir en espoir on se retrouve dans le désespoir, de simple maillons d'une chaîne qui fait bâillon et nous empêche de crier notre envie d'exister dans la dignité et le respect, parce que vivre c'est trop demander. On a l'impression de construire un château qu’on n’habitera jamais. Pourtant les fosses sont remplies de nos os » 

Ainsi est faite la vie avec ses rires et ses pleurs, ses tristesses et ses bonheurs, ses joies et ses peines, elle s'efface,  s'écroule et s’enfonce dans les profondeurs de la nuit. Idir, tu es n’es par éteins, tu ne fais que voyager telle une étoile partie au ciel rejoindre ses semblables pour se reposer en paix dans cet espace lumineux, nous ne t'oublierons jamais et su sera pour nous une lumière incommensurable. Par en paix l’artiste intellectuel et militant.