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Réseau des Démocrates

Mobilisation contre la prolongation du 4e mandat et le système : Imposante marche des étudiants à Alger

 
20 MARS 2019 À 10 H 28 MIN
 

Hier, dès 9h, des groupes d’étudiants, le drapeau noué autour du cou, commençaient à affluer vers la place Maurice Audin, en plein cœur de la capitale, d’où devait démarrer leur marche pour «le changement». Ils sont si jeunes, mais assez matures et responsables pour respecter les mots d’ordre des encadreurs.

Depuis des jours, ces derniers, élus par leurs pairs, sont mobilisés pour donner un cachet particulier à leurs manifestations, prévues chaque mardi dans toutes les wilayas du pays. Les grappes humaines deviennent de plus en plus nombreuses et se déversent sur cette place, transformée depuis près d’un mois en une halte obligatoire pour toutes les marches citoyennes.

Sur les banderoles et les pancartes, on peut lire : «Vous prolongez le mandat, on prolonge le combat», «Ni Arabe, ni Amazigh, ni Mozabite, je suis tout simplement Algérien», «Victoire pour l’Algérie, en cette journée de la Victoire», «Merci pour les vacances, nous avons plus de temps pour vous», «Libérez l’université, libérez l’Algérie», «Laissez-nous construire notre avenir», «19 mars, pas d’accords d’Evian», «Pour une démocratisation de l’université», «Pour l’accès aux emplois sur la base des compétences et non du lieu de naissance», etc. Côte à côte, main dans la main, filles et garçons marchent ensemble, encadrés par des étudiants qui veillent au respect des slogans mais aussi de l’itinéraire et du temps.

Une masse humaine compacte s’ébranle en direction de la Grande-Poste. Il est 10h. La grisaille couvre la ville. La grande artère vibre aux sons des trompettes, des chants, des acclamations et des youyous. Subitement, des centaines d’étudiants, certains en blouse blanche, d’autres enveloppés de drapeaux sortent de la fac centrale et rejoignent le premier carré, qui s’élargit au fur et à mesure qu’il avance. Les passants sont émerveillés par le comportement de ces jeunes qui impose le respect.

Organisation et discipline…

La masse humaine arrive à la Grande-Poste dont les escaliers sont déjà occupés par des centaines de médecins. Une halte de quelques dizaines de minutes, et la marée estudiantine s’ébranle vers l’avenue Pasteur, en entonnant d’une seule voix l’hymne national. Casques jaunes sur la tête, tenant des équerres et des grands tubes servant à ranger des plans de construction, les étudiants de l’Ecole nationale supérieure des travaux publics retiennent l’attention. Omar est au premier rang.

Il tient une pancarte sur laquelle est écrit : «Pour une maison durable, il faut des fondations durables», et crie : «Libérez l’Algérie.» Il déclare : «Nous sommes là parce que nous voulons construire notre avenir. Nous voulons vivre dans un pays qui reconnaît la compétence. Nous voulons que ce système, qui a marginalisé les connaissances et le savoir parte, qu’il soit remplacé par des jeunes qui tirent le pays vers le haut et non vers le bas.»

Sa camarade Naima intervient : «Nous sommes dans la même école et nous appréhendons la fin de nos études, de peur de ne pas trouver du travail. Nous sommes là pour une Algérie nouvelle, qui donne à ses enfants les mêmes chances d’accès au travail et à la connaissance. Nous ne voulons pas partir. Notre place est ici dans notre pays.»

L’immense carré des étudiants en médecine atteint la clinique Chaulet des grands brûlés. Les encadreurs imposent le silence, le temps de dépasser l’établissement hospitalier. Halim est en quatrième année à la faculté de médecine. «Je suis là en tant que médecin de demain et demain n’est pas certain pour moi. Je ne veux pas m’exiler. Ma place est avec mes compatriotes. Je suis là pour que mon pays change, que le système, qui a fait que nos études ne soient pas un critère pour un emploi, parte. Il a failli. Il ne peut plus continuer à détruite cette jeunesse», lance- t-il, avant de rejoindre ses camarades qui scandent : «Algérie libre et démocratique».

 

Le travail, un slogan qui revient

Nous avançons à petits pas. Moussa rêve d’une «Algérie, où le régionalisme n’existe pas». Il explique : «Je marcherai tous les jours pour que notre pays abolisse le régionalisme. Je veux que les diplômés soient recrutés sur la base de leurs compétences et non pas de la région où ils sont nés. L’Algérie des pistonnés doit disparaître. Je refuse de m’exiler à la recherche d’un travail. Je veux rester parmi les miens, ici.»Tout comme lui, Meriem milite pour «un changement radical»

. «Je suis étudiante en biologie et les emplois dans cette filière sont rares. Mes collègues changent de métier ou s’exilent pour en trouver. Je veux assurer mon avenir ici, à travers un emploi à la hauteur de mes compétences. Je marche pour que demain, tous les biologistes trouvent leur place dans le monde du travail.»

Il est 11h30. La foule est déjà à l’intérieur du Tunnel des facultés. L’ambiance s’apparente à une grande kermesse avec feux d’artifice, danse, chants et youyous stridents. «Système dehors», «Les étudiants en colère refusent la prolongation», «Libérez l’université», «Algérie libre et démocratique» fusent sans cesse, jusqu’à la sortie du tunnel.

Un imposant dispositif policier bloque l’accès au boulevard Mohammed V. Mais sur la place Maurice Audin, une immense grappe humaine arrive du boulevard Didouche Mourad et rejoint la masse d’étudiants qui sort du tunnel.

Nora termine ses études cette année. Elle est dans le carré des étudiants en droit. «Je marche pour un Etat où toutes les libertés, tous les droits sont protégés. Je marche pour que les Algériens aient droit à un travail, à un toit, à se faire soigner et à s’instruire dans de bonnes conditions. Je marche pour un pays où la démocratie s’exerce véritablement», affirme-t-elle. Pour Nora, «l’Algérie dans laquelle je vis aujourd’hui n’est pas celle pour laquelle nos parents se sont sacrifiés».

La procession estudiantine évite le cortège de policiers. Elle redescend vers la Grande-Poste en scandant : «Silmiya, silmiya» (Pacifique, pacifique), «Chorta talaba, khaoua khaoua» (policiers étudiants, des frères), sous de fortes acclamations.
Retour à la Grande-Poste, où les étudiants vont rester jusqu’à 14h30, la fin de la manifestation.

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