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Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.

Réseau des Démocrates

Le Conte de Jbaina

En hommage aux femmes et aux enfants palestiniens

 

 

C’est un pays  aimé de Dieu.

Tout y portait sa trace. Les oliviers montant à l’assaut des collines, fiers et noueux, comme des bras tendus. Les orangers et les citronniers aux fruits suspendus, comme des poings serrés, étaient gros de promesses à venir.

 

La nuit, lorsque tout le village est plongé dans un sommeil profond, on entendrait le souffle de Dieu passer, imperceptible, de maison en maison, comme pour s’assurer que tout le monde dort dans la paix.

Tout le monde dort ou presque. Sauf Aicha. Tous les soirs elle attend un signe du destin ; un signe qui ne vient pas, un signe qui tarde à venir.

 

Chant de aicha

 qolouli ya samîn qololi benti fin

Qololi ya samîn qololi j’baina fin

 

Holm

 

A l’extrémité nord du village se trouve la maison où vit Aicha et son mari Holm.

Holm est un grand rêveur. Il porte bien son nom. C’est un paysan qui vit de ce que son champ produit, un champ cultivé avec amour.

Holm est ce que l’on peut appeler un paysan subtil. Il parle à tout ce qu’il plante et met en terre : à l’olivier centenaire, son confident, sous lequel il déjeune tous les jours que Dieu fait, aux épis de blé, aux jeunes pousses de légumes qui surgissent du sol, aux orangers et aux citronniers dont les fruits lourds et juteux, en hiver, sont lumineux.

« Montez – leur murmure-t-il, et vous serez lumière ! »

Après avoir sué toute la journée, il rentre chez lui juste avant le crépuscule. Il fait ses ablutions et se prosterne pour la prière du soir, presque au même moment où le muezzin appelle les fidèles du village.

Puis il tire sa flûte et joue selon l’humeur du jour, des airs tristes ou gais.

Sa flûte est toute une histoire.

 

On raconte qu’il y a quelques années, Holm avait quitté le village pour aller chercher fortune à travers le vaste monde. Il avait traversé les monts et les déserts et les mers aussi. De l’autre côté de la mer, il s’était engagé dans une armée et à la fin de la guerre il avait été si écœuré qu’il ne voulait qu’une seule chose, revenir dans son village natal, le village des ses ancêtres. Il n’avait qu’un sou vaillant en poche ou plutôt si, une seule pièce d’or qu’il se promettait de montrer à tous les gens du village comme preuve de sa réussite. En cours de route, un matin où il se réveilla au pied d’un arbre solitaire, un vieillard vint à lui et lui demanda à manger. Holm lui dit qu’il n’avait rien, puis se souvint qu’il avait encore sa pièce d’or. Il hésite un moment, puis la tend au vieillard.

- Tu peux encore en avoir besoin lui dit le vieil homme

- pas autant que toi lui répondit Holm ! Tiens garde là, c’est avec bon cœur que je t’en fais cadeau !

- Et toi que veux-tu ?

- Rien, je rentre chez moi, les mains vides mais je suis heureux de rentrer ainsi, c’est bien mieux que si je rentrais avec une pièce d’or dans les mains. Je me suis rendu compte, au cours de ces années de guerre que tout était vanité. Alors garde cette pièce, elle te sera plus utile qu’à moi.

- Vraiment tu ne veux rien, insiste le vieil homme aux yeux éteints.

- A la guerre j’ai rencontré beaucoup de gens et chaque personne était une histoire vivante. Je connais ainsi plusieurs récits et je me suis aperçu que je ne savais pas les raconter… je voudrais tant savoir raconter aux autres ce qui peut leur servir dans la vie. Ecouter une histoire c’est avoir... une piste qui s’ouvre devant soi, une étoile à suivre

- Tiens prend cette flûte ! Elle t’aidera à raconter, chaque fois que tu le voudras !

Et le vieil homme disparut. Holm porta la flûte à sa bouche et sans avoir jamais appris,  se mit à jouer comme s’il l’avait fait toute sa vie.

On raconte que depuis ce jour, Holm de retour dans son village, se mit à raconter des histoires chaque fois qu’il jouait de la    flûte.   

Il racontait toutes sortes d’histoires, pas uniquement des histoires de guerre comme vous pourriez le supposer. Il excellait dans les histoires de ce bouffon du roi que l’on nommait Djeha.

Il racontait souvent l’histoire de Djeha qui, pour démonter à son fils la vanité des jugements humains et leur méchanceté, comme s’il voulait donner à tous les gens du village une leçon d’humilité.

Le fils de Nasreddine avait treize ans. Il ne se croyait pas beau. Il était tellement complexé qu'il refusait de sortir de la maison. " Les gens vont se moquer de moi", disait-il sans arrêt. Son père lui répétait toujours qu'il ne faut pas écouter ce que disent les gens parce qu’ ils critiquent souvent à tort et à travers, mais le fils ne voulait rien entendre.

Nasreddine dit alors à son fils : " Demain, tu viendras  avec moi au marché.»

Fort tôt le matin, ils quittèrent la maison. Nasreddine Hodja s'installa sur le dos de l'âne et son fils marcha côté de lui.

A l'entrée de la place du marché, des hommes étaient assis à bavarder. A la vue de Nasreddine et de son fils, ils lâchèrent la bride de leurs langues : " Regardez cet homme, il n'a aucune pitié ! Il est bien reposé sur le dos de son âne et il laisse son pauvre fils marcher à pied. Pourtant, il a déjà profité de la vie, il pourrait laisser la place aux  jeunes." Nasreddine dit à son fils : " As- tu  bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !"

Le deuxième jour, Nasreddine et son fils firent le contraire de ce qu'ils avaient fait la veille: le fils monta sur le dos de l'âne et Nasreddine marcha à côté de lui. A l'entrée de la place, les mêmes hommes étaient là. Ils s'écrièrent à la vue de Nasreddine et de son fils : " Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucune politesse. Il est tranquille sur le dos de l'âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied ! " Nasreddine dit à son fils : As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !"

Le troisième jour, Nasreddine Hodja et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l 'âne derrière eux, et c'est ainsi qu' ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d'eux : " Regarder ces deux imbéciles, ils ont un âne  et ils n'en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l'âne est fait pour porter les hommes. " Nasreddine dit à son fils : " As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché! "

Le quatrième jour, lorsque Nasreddine et son fils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur  le dos de l' âne. A l'entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation : " Regardez ces deux là, ils n'ont aucune pitié pour cette pauvre bête !" Nasreddine dit à son fils : " As-tu bien entendu ? Demain, tu viendras avec moi au marché !"

Le cinquième jour, Nasreddine et son fils arrivèrent au marché portant l'âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire : " Regardez ces deux fous; il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos."

Et Nasreddine Hodja dit à son fils : " As-tu bien entendu ? Quoique que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer. Il ne faut pas écouter ce que  disent les  gens.

 

Une autre histoire faisait rire les grands et les petits : celle du pari de Djeha avec le roi. Je vous la raconterais un autre jour.

Il animait aussi, à la joie de tous, les mariages et les baptêmes.

 

Aicha

 

Tous les jours Aicha lui porte son déjeuner.

Depuis peu, à la croisée des chemins, elle rencontre un vieil homme  aux yeux éteints et à la barbe blanche et lumineuse. Les yeux perdus dans le vague, un chapelet à la main, il psalmodie des versets du Coran, d’une voix monocorde. La sentant approcher, il tend la main sans un mot. Et Aicha au grand cœur, ne manque jamais de lui laisser une partie du déjeuner de Holm. Et le vieil homme, aux yeux éteints et à l’esprit ouvert, de lui dire, comme s’il lisait en elle :

- Merci ma fille, Allah te le rendra au centuple. Il ne manquera pas d’exaucer ton vœu le plus cher.

Aicha baisse la tête, hésite un instant comme si elle voulait lui dire quelque chose ; mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle se tait un instant, puis reprend sa route vers Holm. Elle ne peut lui expliquer pourquoi ses yeux sont si tristes, parce qu’elle l’a déjà fait si souvent. Elle sait qu’il la comprend. Ils se  comprennent sans se parler. Pourquoi lui répéter que son vœu le plus cher est d’avoir un enfant, l’enfant qu’ils attendent depuis dix ans déjà. Cet enfant qui ne vient pas, malgré toutes les prières faites à Dieu. Et Aicha n’est pas loin de penser que Dieu est sourd à ses prières. Elle, dont le cœur est toujours plein d’espoir, est prête à perdre patience et tout espoir.

 

Chant de Aicha

Qololi ya samiîne qololi benti fin

Qololi y a samiîne qololi essaber fin

 

Un jour qui ressemblait aux autres jours, Aicha remit au vieil homme aux yeux éteints et à l’esprit éveillé son déjeuner et attendit les yeux baissés. On aurait dit qu’elle était sûre qu’il allait lui parler, ce jour là. Elle attendait, le cœur serré, qu’il parle, lorsque le vieil homme aux yeux éteints et à l’esprit éveillé lui dit :

- Dieu a entendu tes prières ma fille. Ce soir à la pleine lune tu iras à la fontaine du village. Tu boiras sept gorgées de son eau. Tu te pencheras sur le bassin et tu verras une pierre blanche au fond de l’eau. Lorsque vers minuit les rayons de la lune la toucheront, elle éclairera tout le voisinage. Ne prend pas peur, car c’est à ce moment que tu devras t’en saisir et rentrer chez toi. Tu la plongeras dans une amphore pleine d’eau, puis tu placeras l’amphore sous les rayons de la pleine lune. A l’aube tu boiras de cette eau. Vous aurez une fille plus belle que la lune, plus blanche que la crème et le lait, plus pure que l’eau cristalline qui descend de la montagne.

Mais un ogre envahira votre contrée et voudra vous enlever l’enfant. Prenez garde à vos terres et à l’enfant.   

 

Bouleversée, Aicha rejoignit Holm et lui raconta tout ce que le vieil homme, aux yeux éteints et à l’esprit éveillé, venait de lui annoncer.

- C’est un sage, lui répondit Holm, et les sages savent lire, à leur manière, les desseins de Dieu…ou plutôt, c’est Dieu qui sait communiquer ses volontés aux hommes… par leur intermédiaire.

Va, et ce soir, tu feras ce qu’il t’a dit de faire.

 

Avant minuit, Aicha se rend sur la place du village. Tout est désert et silencieux. La lune est si haute dans le ciel. Tout est éclairé ; Aicha y voit comme en plein jour. La place du village lui parait irréelle. Retenant son souffle, elle avance le cœur battant vers la fontaine. Elle tend les mains et boit sept gorgées de cette eau si fraîche. Puis, comme le lui a dit le vieil homme aux yeux éteints et à l’esprit éveillé, elle se penche sur le bassin et voit, au fond, une pierre blanche, luire comme un diamant. Il lui faut attendre encore que minuit vienne. Et lorsque minuit est là et que les rayons de la lune frappent la pierre blanche, une lumière intense sort du bassin et inonde le village.

Aicha plonge alors la main dans l’eau et retire la pierre. Elle la serre dans la main et une étrange sensation la traverse. On aurait dit que la pierre est chaude et vivante. Elle rentre très vite à la maison, où Holm l’attend, inquiet, tout de même. Elle plonge la pierre dans l’eau d’une amphore et place l’amphore sur le petit muret.

Vous dire que cette nuit là, elle parvint à trouver le sommeil serait mentir, car elle attendit l’aube avec impatience.

Lorsque la voix du muezzin s’élève dans le jour qui commence à peine à poindre, elle sort lentement et va vers le muret, se saisit de l’amphore et boit sept gorgées de son eau, avec lenteur, avec délectation, comme pour sentir chaque goutte pénétrer en elle. Elle sent que quelque chose d’incroyable est en train de s’accomplir. Elle entre rejoindre Holm et celui-ci lui fait l’amour comme jamais il ne l’a fait dans leur vie. Pour la première fois, elle se sent l’âme et le cœur en paix. Elle rêve comme elle l’a fait tant de fois auparavant, d’une petite fille qui court vers elle, les bras ouverts. L’enfant est aussi belle que la lune, aussi blanche que la crème et le lait, aussi pure que l’eau cristalline qui descend de la montagne. Mais, cette fois, l’enfant ne s’envole pas, comme elle le faisait dans toutes les versions précédentes de son rêve. Elle se jette dans ses bras.

 

Le lendemain, toute au bonheur inouï procuré par son rêve et toutes les sensations qui l’ont assailli tout au long de la journée et de la nuit, Aicha a l’impression que quelque chose trésaille et vit en elle. Holm est déjà aux champs. Aicha est toute joyeuse et, pour la première fois, depuis si longtemps, elle se met à chanter.

 

Lil ya lil n’harek zin

Lil ya lil ou ouejhek zin

Ouel houb fihou bayen

 

Elle sait que la parole du vieil homme, aux yeux éteints et à l’esprit éveillé, est en train de s’accomplir, et que bientôt, elle aura l’enfant qu’elle attend depuis plus de dix années.

Elle prépare le déjeuner de Holm et du vieil homme aux yeux éteints. Une fois les préparatifs finis, elle se met en route. Arrivée à la croisée des chemins, elle se rend compte que le vieil homme aux yeux éteints n’est plus là, sous l’olivier centenaire.

Au fond d’elle-même, Aicha savait qu’il ne serait pas là, ce matin. Mais elle aurait tant voulu le remercier et lui dire toute sa joie, la lui faire partager. Elle pense que c’est un signe de Dieu. Toute absence et toute présence sont les signes par lesquels il se manifeste.

Elle dépose au pied de l’olivier centenaire le repas qu’elle avait spécialement préparé pour lui en signe de reconnaissance et de gratitude, puis s’en va, sans savoir qu’elle vient d’accomplir un geste que des milliers et des milliers de personnes répéteront après elle de générations en générations.

 

Neuf mois après elle donne naissance à une petite fille aussi belle que la lune, aussi blanche que la crème et le lait, aussi pure que la source cristalline descendue de la montagne. Tout naturellement, elle l’appelle J’baina.

 

Avec le temps, l’enfant grandit, et devint une belle et fière jeune fille. Elle mène les chèvres paître prés de l’olivier centenaire, jusqu’au jour où elle rencontre Tarek dont les parents habitent le village voisin. Les deux enfants prennent l’habitude de jouer ensemble tout en surveillant les chèvres blanches mouchetées de noir ou de marron. Ils ne se quittent presque plus.

Au village, la vie coule calme et tranquille. Holm raconte ses histoires les soirs de veillée collective, il y lit ses poèmes aussi, et fait vibrer sa flûte les soirs de grande fête.

Il chante certains soirs :

Les ans succèdent aux ans

Les uns vieillissent et les autres grandissent

Il faut un temps pour que les feuilles jaunissent

Et un temps pour que les nouvelles pousses verdissent

 

J’baina a grandi. C’est devenu une belle jeune fille que tous les gars du village voudraient avoir pour épouse. Mais elle ne pense qu’à Tarek et Tarek ne pense qu’à J’baina. Tous les jours ils se promettent un amour éternel, et chaque jour, ils parlent de leur mariage et de la grande fête que Holm animera avec entrain et virtuosité.

 

Chant de Holm

Qololi ya sam’în

Qololi el hob fin

Qololi ya sam’în

Qololi ezzine houa  fin

 

Et puis un jour, ce fut le début des malheurs du village. Un paysan fut attaqué par un ogre venu d’on ne sait où. Il l’égorgea, but son sang et emporta tout son troupeau.

Un autre jour ce fut tout un troupeau qui disparut avec son berger.

Chaque jour, un nouveau crime, une nouvelle disparition. Tout le monde parlait de l’ogre mais personne ne l’avait vu à l’exception de ses victimes. La peur s’infiltra, insidieuse, dans les cœurs et les esprits. Les gens ne sortaient plus une fois le soleil couché et se voyaient de moins en moins.

L’ogre avait des ogrillons. Chaque fois qu’il avait terrorisé un villageois, qu’il l’avait tué ou fait fuir, il faisait occuper sa maison par un ogrillon. Bientôt le village se trouva entouré par une ceinture de maisons occupées par les ogrillons.

 

Un jour, l’ogre chassait du côté de l’olivier solitaire. J’baina était seule ce jour là. L’ogre l’aperçut et en tomba follement amoureux. Un coup de foudre d’ogre ça peut provoquer de véritables dégâts. Il s’approcha d’elle en silence, l’enleva et l’enferma dans la forteresse qu’il avait faite construire par les paysans. La nouvelle fit le tour du village en moins de temps qu’il n’en fallu pour le dire.

Holm accompagné de Tarek, décida alors de faire renaître dans le cœur des villageois le courage et la bravoure que leur avaient légués leurs ancêtres.

Il raconta l’histoire de la tribu, les faits d’arme des ancêtres, le courage des femmes qui participaient aux batailles en poussant des youyous élevés dans le ciel comme des cris de révolte.

Tarek et ses amis voulurent attaquer la forteresse, mais Holm les en dissuada :

«  Vous ne pouvez venir à bout de l’ogre et de ses ogrillons par la force, car la force c’est eux qui la détiennent. Il faut utiliser la ruse pour les vaincre. Face à la force brutale que notre imagination et la justice de Dieu leur soient fatales ! »

 

Il se souvint de la pierre blanche et de son pouvoir sur Aicha. On peut dire que J’baina était autant ma fille que celle de la pierre blanche, pensa-t-il. Il fit part de son plan à Aicha à qui il demanda de rechercher la pierre blanche. Aicha chercha partout mais ne la trouva pas. Elle en était désespérée et, ce soir là, s’endormit toute agitée. Elle fit alors un rêve étrange. Le vieil homme aux yeux éteints et à l’esprit éveillé de l’olivier centenaire lui apparut.

«  Je sais que ta fille a été enlevée par l’Ogre dont je t’ai annoncé la venue, mais vous n’avez pas tenu compte de mon avertissement. La pierre blanche est dans le bassin de la fontaine ; tu ne la trouveras nulle part ailleurs. Dès ce soir, que les femmes et les hommes du village te suivent à la fontaine. Tu trouveras la pierre à la même place. Près d’elle, amassez le plus de pierres possibles. Et lorsque la pierre blanche se mettra à briller, comme la première fois, vous verrez ! »

La nuit venue, Aicha et tout le village se rendit à la fontaine. Les jeunes avaient transporté des pierres à dos d’âne. Elle s’approcha du bassin et vit la pierre blanche, au fond; elle la saisit et la pierre vibra comme la première fois. Elle la reposa dans l’eau dans laquelle les jeunes du village avaient plongé les autres pierres. Et tout le monde attendit. Un long moment après, la pierre blanche se mit à briller lentement, puis de plus en plus fort et la force de son éclat, la puissance de sa lumière gagna peu à peu toutes les autres pierres amoncelées dans le bassin. Un vrai soleil se leva sur le village et inonda le monde.

Avant de s’attaquer à la forteresse Tarek et ses compagnons délivrèrent d’abord J’baina. Ils avaient creusé un tunnel qui menait à la chambre où J’baina était enfermée. Puis ils s’attaquèrent à la forteresse. Chaque pierre qui s’abattait sur elle faisait voler les murs en éclats comme s’il s’agissait de sable. L’ogre et les ogrillons prirent la fuite et disparurent  à jamais. Plus personne ne les revit.

 

La paix revint au village. La pierre blanche fut enchâssée au cœur de l’olivier centenaire où Aicha avait déposé pour la dernière fois le repas du vieil homme aux yeux éteints et à l’esprit éveillé. Ce devint un lieu de pèlerinage pour tous les habitants de la région. Chaque année ils venaient s’y recueillir le jour où l’ogre et ses ogrillons furent chassés de la contrée.

Inutile de vous dire que ce jour là Holm organisa la plus belle fête de sa vie, le jour du mariage de J’baina et de Tarek, et que Aicha dansa pour la première fois comme elle ne l’avait jamais fait de sa vie. Je peux vous l’affirmer puisque c’est moi qui fus son cavalier.

 

 

 

 

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