TURQUIE - Le Haut-Conseil électoral (YSK) en Turquie a confirmé ce dimanche 16 avril la victoire du "oui" au référendum sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.
Au cours d'une conférence de presse, le chef de l'YSK, Sadi Güven, a affirmé que le "oui" devançait le "non" de quelque 1,25 million de voix, avec seulement 600.000 bulletins de vote qui restent à dépouiller, ajoutant que le résultat définitif serait annoncé "d'ici à 11 ou 12 jours".
Selon les chiffres de l'agence de presse progouvernementale Anadolu dans la nuit de dimanche à lundi, il n'aurait obtenu que 51,37% des suffrages dimanche, après dépouillement des bulletins dans 99,45% des urnes.
Le non était très légèrement devant à Istanbul alors que le oui menait d'une courte tête dans la capitale Ankara. Les régions peuplées en majorité de Kurdes du sud-est ont elles massivement voté non.
Recep Tayyip Erdogan a revendiqué dans la soirée la victoire du oui. "La Turquie a pris une décision historique au sujet de son système de gouvernance", a déclaré Erdogan lors d'un discours à Istanbul. "Nous voulons que les organisations et les pays étrangers respectent la décision de notre nation", a-t-il ajouté.
L'opposition dénonce des "manipulations"
Les deux principaux partis d'opposition au président Erdogan ont eux dénoncé des "manipulations" lors de ce référendum. Bülent Tezcan, secrétaire-général adjoint du premier parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), a dénoncé sur la chaîne CNN-Türk une "violation" après la décision du Haut-Conseil Electoral (YSK) de valider les bulletins de vote non marqués du sceau officiel. Et le deuxième parti d'opposition, le HDP, a fait savoir sur Twitter qu'il allait contester les votes provenant de "deux tiers" des urnes.
Les Turcs ont voté dimanche sur une révision constitutionnelle visant à remplacer le système parlementaire par un système présidentiel. une mesure qui bouleverserait le système de gouvernance de la Turquie, membre important de l'Otan et partenaire de l'Union européenne.
Aux termes de cette réforme, le pouvoir exécutif serait détenu par le président, la fonction de Premier ministre serait supprimée et Recep Tayyip Erdogan pourrait rester au pouvoir au moins jusqu'en 2029.
Selon le président Erdogan, cette réforme est nécessaire pour doter la Turquie d'un exécutif fort et stable, pour lui permettre de faire face à d'importants défis économiques et sécuritaires.
Mais ses détracteurs dénoncent un texte écrit sur mesure pour satisfaire les ambitions d'Erdogan, accusé de dérive autoritaire, notamment depuis le putsch avorté de juillet.
La campagne référendaire a été marquée par un traitement médiatique inéquitable en faveur du oui, le camp du non dénonçant en outre de multiples pressions.