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2016, soixante ans après la grève des étudiants

2016, soixante ans après la grève des étudiants

In Impact24 le 03.01.2016 22:30

Par Mohamed Bouhamidi.

L’hommage du peuple algérien à Hocine Aït Ahmed a été grandiose.

Bien au-delà de l’assistance exceptionnelle qui l’a salué au passage du cortège et au moment de la mise en terre.

Bien au-delà des chiffres et du nombre, bien plus qu’à la seule dimension déjà considérable de l’homme, mais à la hauteur de l’histoire, dont il a été avec ses compagnons, un accélérateur et un acteur décisif.

Il s’agit là de moments rares qui nous permettent de différencier entre temps historique et temps politique.

Des moments où l’on peut détacher, enfin, notre attention des anecdotes dont nous raffolons pour tenter de percevoir la ligne générale de la marche de l’Histoire.

Nous n’avons pleuré ni mis en terre notre «opposant historique» selon la formule de certains médias.

Ni enterré un chef tribal ou régional.

Ni rendu hommage à un chef de faction, même s’il a été le chef d’un parti. Ou plutôt, surtout qu’il a été chef d‘un parti tout en gardant pour seul souci le devenir de notre Nation.

Bref, gouvernement, instances officielles, pouvoirs médiatiques ou groupes constitués ou informels, n’ont pu exercer leurs monopoles sur les symboles et les interprétations de l’histoire.

Le peuple leur a contesté leurs privilèges de dire et d’interpréter l’Histoire, ses motivations et ses buts.

Non, notre Guerre de libération n’avait pas pour contenu et pour but, ce que nous voyons.

Elle avait pour acteurs des hommes de haute stature morale, prêts aux plus grands sacrifices pour le bien de tous et au-delà de leurs intérêts personnels, familiaux ou de groupes. Ils portaient une idée forte de la Nation.

En reprenant ce droit de dire par elle-même qui mérite notre respect et appartient à notre Histoire et qui n’en est que la hasardeuse anecdote, notre jeunesse casse la relation paternaliste et passablement inexacte dans la narration et le récit de la libération du pays.

Qu’avez-vous à voir avec le message et l’exemplarité de nos martyrs? Voilà la question que les jeunes posent désormais aux dirigeants, aux bénéficiaires et même aux témoins de cette épopée extraordinaire.

Cette année 2016, soixantième anniversaire de l’appel à la grève des lycéens et des étudiants pour le 19 mai 1956, pourrait, dans un espoir, certes ténu, prolonger cette «prise du pouvoir» dans l’interprétation.

Moment fort symboliquement, politiquement et humainement, image forte de ces vagues de jeunes abandonnant études et promesses d’ascenseur social pour les diplômés, pour rejoindre les maquis ou la lutte urbaine. Comme l’a fait, avec eux, Taleb Abderrahmane dont nous avons la proclamation de foi et de principe face au tribunal militaire.

Quel contenu donnaient ces étudiants à leurs actes et pour quel idéal algérien de vie?

Acte d’émancipation pour ces jeunes que de répondre à tous qu’ils sont capables de distinguer les écrits et les témoignages historiques fidèles à la vérité des autres versions, de comprendre par eux-mêmes les motivations et les buts de leurs aînés.

Comme l’enterrement d’Aït Ahmed, la célébration autonome peut être un moment de leur émancipation et de son appropriation du sens et des significations de son histoire.

Ils sont capables de créer leurs cercles, leurs groupes, leur CRUA, pour ce faire.

Ils pourront alors naître à leur propre histoire.

M.B.

source : http://www.impact24.info/2016-soixante-ans-apres-la-greve-des-etudiants/

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