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La présidence, entre Saïd et Saïdani

LA CHRONIQUE DE HAFID DERRADJI

Les Algériens découvriront bientôt la plus grande supercherie, celle qui conduira le pays vers l’inconnu. Cette supercherie se manifestera sous la forme de la candidature du frère cadet du chef de l’État et son conseiller spécial, Saïd Bouteflika, au poste de président de la République.

À ce moment-là, Ahmed Ouyahia se rendra compte que son affirmation selon laquelle le frère du Président n’a pas l’intention de briguer un mandat présidentiel n’était qu’un mensonge. Louisa Hanoune, qui a abondé dans le même sens, réalisera elle aussi que nous sommes devant une grande escroquerie, dont les conséquences seront graves sur l’Algérie, sa sécurité et sa stabilité. De son côté, le peuple découvrira que c’est le pouvoir qui mène le pays vers l’implosion en optant pour la succession par héritage.

Les Algériens comprendront ainsi pourquoi Saïd Bouteflika a déclaré la guerre à tout le monde. Les Algériens sauront pourquoi on a déstructuré l’appareil du DRS, brisé les institutions et harcelé l’opposition. Ils comprendront davantage les objectifs de la redistribution, à grande échelle, de la rente qui a servi à l’achat des consciences du peuple et à écarter les élites de la scène politique. Les Algériens saisiront aussi pourquoi le Président avait choisi de s’entourer de mauvais, de défaillants et de prébendiers qui lui renverront l’ascenseur en applaudissant et en soutenant le candidat de la caste qui garantira la continuité du système de corruption qui a propagé la stupidité, l’ignorance et la dictature, tout en combattant la compétence et l’intelligence.

L’état de santé du chef de l’État, la pression de l’opposition, la demande formulée par des personnalités qui souhaitent le rencontrer et entendre sa voix, ainsi que l’aggravation de la crise financière, sont autant de facteurs qui activeront la mise en place du scénario favorisant la candidature de Saïd Bouteflika pour succéder à son frère. Cela est le plus plausible, d’autant plus que la caste au pouvoir n’arrive toujours pas à s’accorder sur une autre candidature qui fera consensus et qui lui permettra de protéger ses intérêts, tout en continuant à tromper le peuple et à détourner l’État.

Toutes les batailles menées par Saïd Bouteflika, jusqu’à maintenant, n’avaient pas pour but de défendre son frère le Président. C’était pour lui-même une question de vie ou de mort, une manière de se protéger en restant au pouvoir. Les prochaines batailles seront dirigées contre les plus proches du Président et ceux qui oseraient songer à lui succéder, y compris Saïdani, Sellal et Ouyahia.

Bouteflika et son frère ne font confiance à personne, en dépit du nombre important des souteneurs qui les entourent. Mais Saïdani pourrait être guidé par son ambition et sa vanité à se porter candidat au nom du FLN et du nouveau front auquel il appelle, surtout après avoir annoncé, il y a quelques jours, l’intention de l’ex-parti unique de présenter son candidat à la présidentielle de 2019. Il pourrait oser se présenter à l’élection si le Président ne parvient pas à réviser la Constitution pour désigner un vice-président doté de larges prérogatives, lui permettant de mener à terme le quatrième mandat au cas où il décide de partir.

Le front auquel appelle Amar Saïdani pour soutenir le Président deviendra bientôt un front qui le portera lui-même à la présidence de l’Algérie, afin de satisfaire son ambition démesurée. Peut-être aussi qu’il sera un moyen pour soutenir le frère cadet du Président, présenté comme l’homme de la situation, qui garantira la stabilité du pays et la continuité de tous les projets non parachevés, ainsi le transfert en douce du pouvoir entre les deux frères. Mais en réalité, il garantira la continuité de la caste au pouvoir, le maintien de la dictature et le mal, ainsi que l’emprise du pouvoir de l’argent qui investit toutes ses ressources pour l’accomplissement du scénario de la succession par héritage.

Les plus proches du régime seront également choqués, à l’image de Sellal et Ouyahia qui s’attendaient à être choisis par le Président pour lui succéder. Cela avant de prendre conscience du plan de Saïd, Amar Saïdani et Ali Haddad, d’où son refus de rejoindre le front initié par le chef du FLN. Ce choix peut lui coûter son poste de chef de cabinet de la présidence et provoquer une rébellion de ses amis au sein du RND, au même titre que tous les chefs des partis, des organisations et des associations qui s’opposent au scénario de la succession par héritage.

De son côté, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, que le président Bouteflika présentait comme son successeur, est écarté du paysage politique. Ses mouvements sont également limités et il est éclipsé par la création d’un gouvernement parallèle conduit par Ali Haddad et Abdeslam Bouchouareb qui ont convaincu le Président de la nécessité d’accepter la candidature de son frère Saïd pour prendre de court Amar Saïdani. Pour cela, ils ont garanti que le projet se réalisera facilement et sans aucune opposition populaire et des institutions de la République qui sont totalement soumises au pouvoir absolu de la caste.

Ce scénario rencontrera une opposition de certaines parties, y compris celles qui ont prêté allégeance à Bouteflika, car elles craignent les réactions internes et externes. Le projet butera, sans nul doute, sur une forte opposition dans les milieux politique, médiatique et populaire qui refusent le transfert du pouvoir par héritage. Ils seront contre le projet de cette caste qui veut se jouer des affaires de l’État et provoquer l’implosion sociale, afin de redistribuer les cartes et nous conduire vers l’inconnu. Ce faisant, ils nous ramèneront des années en arrière, surtout avec la chute des recettes et le recours du gouvernement à l’augmentation des prix des produits de consommation de première nécessité et des services, ainsi qu’à l’application des politiques d’austérité.

Le vide actuel et le flou qui caractérisent la situation, en raison de l’absence du Président et son isolement, ne feront qu’amplifier les ambitions de Saïd et Saïdani, ainsi que ceux qui sont avec eux. Sauf si un miracle se produit pour remettre les pendules à l’heure. Mais il est certain que la prochaine bataille sera entre Saïd et Saïdani autour de la succession à Bouteflika. Elle a déjà commencé à travers cette demande de Saïd, qui a demandé à Saïdani d’observer le silence et de ne plus faire de déclarations provocatrices, comme celles faites il y a quelques jours. La plus grande bataille aura lieu entre la raison et la folie pour l’Algérie.

derradjiH@gmail.com

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