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FLN : la grande pagaille

Le groupe de Abderahmane Belayat n’a pas réussi à inscrire l’élection d’un nouveau secrétaire général du FLN à l’ordre du jour de la session ordinaire du Comité central. Face au verrouillage organique imposé par Amar Saâdani durant la matinée, une opération de collecte de signatures a été lancée afin de désigner Belkhadem à la tête du parti.

Tarek Hafid - Alger (Le Soir)


El-Aurassi, une citadelle imprenable pour Abdelaziz Belkhadem et Abderahmane Belayat. Le dispositif de sécurité mis en place par la direction du FLN a rendu impossible toute tentative de peser sur le déroulement de la session ordinaire du Comité central.
Dès les premières heures de la matinée, un triple service d’ordre a été chargé de contrôler les accès de la salle de conférences de l’hôtel. En effet, en plus d’un important renfort de policier, ses accès étaient tenus par les agents de sécurité de l’établissement et des hommes de main, qualifiés de «baltaguias» par les adversaires de Saâdani. «Les instructions sont claires, pour l’instant, l’accès à la salle est réservé exclusivement aux membres du Comité central en possession d’un badge et d’une convocation. Les journalistes seront autorisés à entrer au moment voulu», annonce un jeune à la mine patibulaire. Il est 8h 30, le groupe mené par Abderahmane Belayat n’a d’autre choix que d’attendre à la réception de l’hôtel. Le coordinateur du Comité central du FLN ne peut assister à la session ordinaire… du Comité central. Belayat dénonce «une situation injustifiable» aux membres de la presse.
Abdelaziz Belkhadem fait son apparition dans le hall de la réception aux environs de 9h. Le ministre d’Etat sans portefeuille est accompagné d’anciens membres du gouvernement : Amar Tou, Abdelaziz Ziari, Rachid Benaïssa… Un groupe compact se forme autour de Belkhadem. Ce dernier décide de se présenter au salon Rose, espace attenant à la salle de conférences, pour retirer son badge. Mais une fois arrivé face au service d’ordre, la situation dégénère très vite. Les agents invitent le ministre d’Etat à pénétrer mais refusent l’accès à ses gardes du corps et aux membres du Comité central qui l’accompagnent. Un refus qui provoque l’ire de Belkhadem. Le groupe retourne à la réception en scandant «el sendouk» (l’urne). Ils exigent une élection d’un nouveau secrétaire général à bulletin secret. Pour y parvenir, les pro-Belkhadem doivent pénétrer dans la salle et imposer un nouveau point à l’ordre du jour de la session du Comité central. Pour ce faire, on initie une pétition.
Plus de 120 membres du CC apposent leurs signatures. Au même moment, Amar Saâdani arrive à l’hôtel. Le secrétaire général du FLN doit agir vite. Quelques journalistes sont autorisés à entrer dans la salle de conférences. Après la lecture de versets du Coran et l’hymne national, Saâdani propose à adoption les quatre points inscrits à l’ordre du jour. Les mains de tous les membres du Comité central se lèvent. Aucune opposition.
Abdelaziz Belkhadem et Abderahmane Belayat ont perdu la partie. Mais les opposants ne s’avouent pas vaincus pour autant. Ils tentent de pénétrer de force dans la salle. Les «baltaguias» dressent un mur de muscles. Verbale au début, la confrontation devient physique. Dans la cohue, deux gardes du corps de Belkhadem prennent des coups. Les opposants finissent par battre en retraite. Ils s’installent sur les fauteuils du salon Rose. «Alors que des membres du Comité central sont interdits d’assister à cette session, des intrus sont actuellement dans la salle. Le FLN subit un véritable hold-up», dénonce le ministre d’Etat. Après une longue série d’interviews, Belkhadem quitte El-Aurassi à 11h 50. Ses compagnons d’infortune décident de rester. Ils retournent dans le hall de la réception, espace transformé en QG de crise. Dans la salle, les travaux se poursuivent dans le calme. Toutes les tendances sont représentées. Ainsi, le sénateur Madani Houd, pourtant proche de Abdelaziz Belkhadem, approuve toutes les résolutions proposées par le bureau de session.
De nombreux «légalistes», qui ont soutenu activement la candidature de Ali Benflis, sont également là. A l’instar de Abbès Mekhalif et de Abdelkader Zidouk. «Je ne comprends pas ceux qui parlent de marginalisation. Si c’était réellement le cas, nous ne serions certainement pas ici. Nous ne sommes pas dupes, l’exclusion était une politique appliquée par Belkhadem», ironise Mekhalif. Mais dans le camp de Belayat, on ne s’avoue pas vaincu pour autant.
En début d’après-midi, le coordinateur du Comité central du FLN fait une annonce surprenante : «Abdelalaziz Belkhadem est élu secrétaire général du Front de libération nationale et il se comportera comme tel. Le secrétaire général conduit actuellement des consultations pour la désignation des membres du Bureau politique.» Selon lui, une «nouvelle entité» organique sera également créée. «Présente dans les instances dirigeantes et dans l’ensemble des mouhafadhates, cette entité aura pour mission de mettre un terme à la clochardisation intempestive et récurrente du parti», souligne-t-il. Kassi Aïssi, ancien porte-parole du FLN, accepte d’expliquer le processus «d’élection du secrétaire général». «Nous avons initié une nouvelle pétition pour élire le secrétaire général. Une fois le nombre de signatures nécessaire atteint, soit 160 adhésions, ce document sera validé par un huissier de justice et pourra ainsi être opposable aux tiers», assure Aïssi en insistant sur le caractère imparable de cette procédure. Une procédure qui vient surtout compliquer la pagaille dans la maison FLN. Surtout que les deux «secrétaires généraux» se prévalent du soutien du président d’honneur de ce parti, Bouteflika Abdelaziz.
T. H.

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