Extraits de Diwan BOUDIAF

4

Et lorsque mes enfants,

En Octobre dernier,

Celui de l’année quatre vingt huit

Fatigués de n’entendre

Que leurs paroles vaines,

Ont envahi les rues

De nos villes et campagnes à genoux,

Ils les ont crucifiés

S’abreuvant de leur sang

Pour étouffer leurs cris

Dans leurs geôles pourries

Aveugles et tortionnaires.

Est-ce pour ça

Que nos jeunes se sont battus ?

5

Pour que les fils dégénèrent

Égorgent

Et les oncles

Et les pères

Assassinent les mères

Et violentent leurs sœurs

Puis fracassent des chérubins

Au nom de ce Dieu

Impassible et lointain

Que l’Innocent appelle

Mais qui ne répond point.

.

Est-ce pour ça

Que tous ceux qui croient

Se sont battus ?

6

Pour voir

Les hommes

De la Tribu des Justes

S’abattre un à un

Désertant à jamais

Les amphis et les cours

Leurs blancs laboratoires

Et leurs blouses sereines…

…le théâtre et les planches

Les journaux et les livres

Le roman d’une vie

Et le poème d’un jour,

Nous laissant interdits

Au bord de leurs chemins

Fertiles et fraternels

Ouverts avec courage

Sous le sabre et l’outrage

De barbares ignares.

Est-ce pour ça

Que nous sommes battus ?

7

Tant

Et tant de fières victimes

Dolmens de ma douleur

Et des villages entiers

Basculer dans l’horreur

D’une nuit cauchemar…

Et voir ….

Djaout et Alloula

Belkhenchir et la frêle Katia

Que pleurent Fadhéla

Liabès et Boukhoubza

Boucebci et Sebti

Mejdoubi et Hasni

Sanhandri et le frère Stambouli

Mekbel à la parole espiègle

Said en l’au delà …

Ahmed et Rabah Asselah

Sur la place des Arts

Abattus l’un et l’autre

Pour avoir résisté

A l’Unique Parole

Refusée …

Par Abdelhak Benhamouda

Le Clair Voyant aux paroles inspirées.

Est-ce pour ça

Que tout un Peuple s’est battu ?

Ubu en aurait ri

Lorsque moi …

J’en pleure !