5 Février 2020
Considérée comme «la mère de toutes les réformes», le ministre de l’Education nationale a exhumé, lors du Conseil des ministres tenu lundi dernier, la réforme de l’école.
Face au président Tebboune et à l’ensemble des membres du gouvernement, Mohamed Ouadjaout, ministre de l’Education nationale, a présenté un exposé analytique sur «la réalité de l’école», caractérisée, selon lui, par un recul des filières mathématiques et maths techniques et de l’Enseignement technologique, outre la prédominance de la mémorisation et la restitution (parcœurisme) sur la réflexion scientifique et logique et l’esprit d’initiative.
L’ancien directeur de l’Ecole polytechnique a ainsi présenté une feuille de route basée, selon le communiqué de la Présidence, sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la prise en charge des élèves en termes de conditions de scolarisation et de valorisation de la compétence et du mérite en associant tous les acteurs à travers la mise en place d’une batterie de mesures d’urgence englobant l’allégement du poids du cartable grâce à des fiches pédagogiques, outre l’élargissement des instituts de formation des personnels et la révision du système de formation spécialisée et continue.
A en croire le communiqué de la Présidence, le plan du ministre se décline en deux points principaux. D’abord, la promotion des séries mathématiques et techniques pour augmenter le taux d’accès à ces filières, estimé actuellement à 3,46%, avec la prise de mesures incitatives pour encourager les élèves à s’orienter vers ces filières, comme la possibilité d’accès aux spécialités très demandées, comme la médecine et la pharmacie.
Ensuite, l’augmentation du taux d’accès à l’enseignement technologique, estimé actuellement à 15,8% alors que la moyenne mondiale est de 30%, est-il expliqué dans le communiqué en question. Cette approche vise, selon les termes de la Présidence, une réforme «sérieuse» du système éducatif pour «permettre aux citoyens de constater le changement radical dès la rentrée scolaire 2020-2021».
Il est important de souligner, à ce propos, que la réforme de l’école est en chantier depuis une quinzaine d’années, mais que des points d’achoppement, portant sur des questions d’ordres politique et idéologique, ont torpillé les différents projets.
L’ancienne ministre de l’Education, Nouria Benghabrit, avait déjà pointé du doigt les faiblesses des élèves algériens en mathématiques et évoqué l’allégement des programme sans que cela ait des répercussions sur le poids du cartable.
Le projet de réforme du baccalauréat qui devait se mettre place cette année est également remis aux calendes grecques.
Néanmoins, lors de ce Conseil des ministres, il a été question de la mise en œuvre, dès cette année, du baccalauréat professionnel.
Selon l’exposé de la ministre de la Formation professionnelle, Mme Houyem Benfriha, «ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie visant la réalisation d’un décollage économique nécessaire au développement, ce qui implique le lancement de la numérisation du secteur durant la période 2020-2022, la modernisation des outils de gestion administrative et comptable, l’adaptation de la formation professionnelle à l’environnement économique à travers la promotion de la formation continue, l’ouverture d’un institut national spécialisé dans le domaine de l’agriculture saharienne au niveau de chaque wilaya du Sud, l’amélioration des conditions de formation à travers le renforcement du réseau des structures d’accueil, l’augmentation de la capacité d’accueil des candidats du niveau de troisième année secondaire et la création d’établissements destinés aux catégories spécifiques, notamment dans le Sud».
Lors de son intervention, le président de la République a mis en avant, dans ce sens, l’impératif d’introduire de nouvelles matières dans le cadre de la modernisation du développement, en adéquation avec les besoins de l’économie nationale, à l’image de l’intelligence artificielle et de l’énergie solaire.
Abdelmadjid Tebboune a également émis l’idée de «la mise en place d’un baccalauréat professionnel artistique», afin de combler le manque dans le domaine de la production culturelle en général, et de l’industrie cinématographique en particulier.