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Les Monarchies du Golfe Financent l'Insurrection Syrienne

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Ce ne sera désormais plus un secret pour personne, les monarchies du Golfe financent toutes les opérations d’achat d’armes destinées à l’opposition syrienne. Le très sérieux Washington Post rapporte les témoignages de responsables de l’opposition syrienne, ainsi que ceux d’officiels du Département d’État américain, qui confirment qu’un flux d’armement substantiel a été livré aux insurgés, avec l’assentiment des États-Unis.

L’Amérique: exerce-t-elle la pression ou la subit-elle?

On savait certes les États-Unis plus enclins à accorder leur sympathie aux rebelles syriens plutôt qu’au régime Al-Assad. Mais Barack Obama avait scrupuleusement tenu à ce que les pressions américaines ne s’exercent que dans un cadre diplomatique légal, à savoir celui du Conseil de Sécurité de l’ONU. Prudent et mesuré, il avait jusque-là résisté aux incitations à une forme d’interventionnisme plus “directe” dans le conflit syrien, incitations émanant principalement de l’Arabie Saoudite et de l’incontournable Qatar, toujours en pole-position dès lors qu’il s’agit de s’immiscer dans les affaires internes des pays arabes. Ces deux pays tentaient depuis déja quelques mois un lobbying intense auprès des autorités américaines pour une réaction plus franche allant dans le sens de leur agenda politique. Le virage de la Maison-Blanche, aussi subtil soit-il, démontre que c’est à priori la présidence américaine qui a succombé à l’insistance qataro-saoudienne et non pas l’inverse.

Peut-on encore croire à une accalmie?

Sachant que les pays du Golfe ont décidé de subventionner l’achat de “matériel lourd” pour “plusieurs millions de dollars” à raison d’une livraison “tous les mois” comme l’a révélé le Washington Post, la première projection qui vienne à l’esprit est le profond doute devant la perspective d’une accalmie dans un avenir prévisible. Si les 14 premiers mois du conflit n’en étaient que l’acte I, ces informations pourraient en quelque sorte annoncer un acte II dont nul ne peut vraiment prévoir l’issue. D’autant que Qataris et Saoudiens ont également décidé de ne plus cacher leur détermination à financer le Congrès National Syrien, vague organisation d’opposition proche des Frères Musulmans ayant assez nettement échoué dans sa tentative de se constituer en porte-parole représentatif de l’insurrection armée, et rejetée à la fois par les Kurdes, par les Druzes, par les Chrétiens et par les Chiites.

Comment contrer l’interventionnisme qataro-saoudien?

Après l’activisme effronté de ces pays du Golfe dans les évènements de Tunisie, d’Égypte et de Libye (pour ne citer que ceux-là), il est maintenant clairement affiché que le Qatar et l’Arabie Saoudite veulent coûte que coûte la chute de Damas. Et on sait que chez ces régimes, le coût d’une chose ne compte pas vraiment...il s’agit pour eux de se débarrasser d’un pouvoir syrien d’obédience chiite donc honnie, puis de fragiliser l’éternel ennemi iranien en le privant d’un allié de poids, de ratrapper ensuite le terrain visiblement perdu en Irak, et enfin de poursuivre dans le monde arabe une politique d’expansion du wahabo-salafisme cher aux idéologues religieux gravitant autour des familles régnantes de Riyadh et de Doha. Une politique d’expansion dont les prémisses remontent à trois décennies (voir l’interview de Abdelaziz Medjahed publié dans la rubrique “Entretien” de ce site), dont les dégâts se chiffrent en centaines de milliers de morts que cela soit en Algérie, en Libye, au Yemen ou ailleurs encore, et dont le pouvoir de nuisance n’a visiblement pas encore atteint ses limites. La surface financière de ces régimes et le parapluie sécuritaire que leur assure l’Amérique leur permet d’exercer un impact diplomatique sans commune mesure avec leur poids politique. C’est précisément ce qui rend compliqué, même si tellement nécessaire, l’urgence d’un contre-poids à leur influence sur la scène internationale. D’aucuns prédisent l’inévitable retour de manivelle qui devrait à terme sanctionner un activisme qui en devient inconvenant à force d’être grossier. Mais en attendant, quels autres dégâts encore?

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