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L’opposition égyptienne organise la riposte

Le parti de Moubarak ira seul au deuxième tour des législatives
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le 04.12.10 | 03h00 Réagissez

Après des élections à la soviétique, bienvenue à celles à la sauce «égyptienne». Après le retrait de l’opposition, les candidats du Parti national démocratique (PND, au pouvoir) seront seuls face à eux-mêmes au second tour.  

Le Caire (Egypte)
De notre envoyé spécial


Après le coup de théâtre de mercredi avec le retrait des candidats des Frères musulmans, le Wafd a confirmé son retrait, lui aussi, avant-hier. Estimant que «la fraude et les violences enregistrées au premier tour ne lui permettent pas de rester en lice», le régime de Moubarak s’isole et se fragilise.

«Nous ne serons pas des partenaires de la falsification de la volonté populaire», a déclaré Sayyed El Badwi, président du parti à l’issue de la réunion du Conseil exécutif, jeudi passé. Les responsables du parti affirment avoir subi de «terribles pressions venant du pouvoir» pour ne pas se retirer, mais le parti s’est montré inflexible. Le boycott des deux formations d’opposition a été «chaleureusement» accueilli par la rue cairote. Il a été applaudi par tout le monde, sauf par le PND.

«C’est une mise à nu du régime», a indiqué Issam El Ariane, un des dirigeants les plus en vue de Gamaât El Ikhwane. Le régime de Moubarak, en écrasant toutes les forces politiques, vient de rendre un énorme service à l’opposition. Dès l’annonce du boycott du second tour par les Frères musulmans et le Wafd, c’est le branle-bas de combat chez les adversaires du régime pour tenter de reconstruire un bloc d’opposition solide capable de mettre en échec la stratégie du pouvoir. Ainsi, Mohamed El Baradei a déclaré que «ce retrait constitue une nouvelle chance pour le changement et une réponse pour ceux qui ont confisqué la liberté des Egyptiens». De son côté, le coordinateur du mouvement Kifaya, Abdelhalim Kandil, a estimé : «Ils ont bien fait de se retirer après que la PND ait fait de cette élection une opération de désignation administrative. Ce retrait enlève toute crédibilité au prochain Parlement et menace de ce fait toute légitimité pour la présidentielle de septembre prochain.»

Et d’ajouter : «L’idiotie du régime d’éliminer tous ses adversaires pousserait toutes les forces de l’opposition à élire un Parlement parallèle qui regrouperait les forces politiques et sociales qui militent pour une Egypte libre et démocratique.»

Les Frères musulmans ont affiché leur volonté de travailler avec le Front national pour le changement que dirige El Baradei. «Nous devons nous rassembler tous pour faire échouer ce Parlement factice et nous préparer pour la présidentielle», a souligné El Ariane.

La confrérie, frappée d’une interdiction mais tolérée d’agir sous d’autres formes, a actionné ses réseaux dans la société, notamment ses étudiants très actifs dans les universités. Ainsi, les principales universités du Caire étaient paralysées jeudi passé.

 

De grandes manifestations ont été organisées par les jeunes des Frères musulmans

Le retrait des Frères musulmans et du Wafd du second tour qui aura lieu demain a redonné de l’espoir aux militants de l’opposition. «Si pour le pouvoir, c’est le second tour, pour nous, c’est un second souffle dans notre lutte», a affirmé un animateur du syndicat des avocats égyptiens. Le syndicat des journalistes égyptiens a également «condamné une élection la plus pire de sous le régime de Moubarak», dénonçant «le harcèlement contre les journalistes lors de leur couverture des élections». Il faut souligner que la presse écrite a joué un rôle très important dans la dénonciation avec preuves la fraude. Les voix appelant à saisir cette occasion pour rassembler le maximum d’Egyptiens autour d’un mouvement large se multiplient. Le célèbre écrivain cairote, Alaa Aswany, a lancé un appel aux partis, organisations et intellectuels, jeudi soir, à l’occasion du débat hebdomadaire qu’il anime au Caire, «à se soulever pour barrer la route au régime et arracher nos libertés et dire kifaya à la dictature».

Le parti de Tagamou (Rassemblement) de Rifaât Essaïd fait face à une grande pression de sa base militante pour bouder le deuxième tour. «Si le parti décide d’y aller au second tour, nous quittons massivement ce parti», a assuré un responsable du parti de la capitale. Par ailleurs, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme a demandé à l’Union européenne de prendre «une position sérieuse et forte par rapport aux élections législatives égyptiennes». Dans un communiqué rendu public hier, l’organisation a jugé que l’Egypte «a montré son non-respect de l’Accord d’association avec l’UE en matière des droits de l’homme. Les législatives de dimanche étaient marquées par une violence et une fraude massive, une situation qui devait faire réagir avec force l’UE».

Le second tour de demain n’est plus un événement. Le PND, accrédité de 209 sièges, est en roue libre pour la majorité des 283 sièges en jeu pour le deuxième tour. Une simple formalité administrative. En somme, en fermant le jeu politique, le régime du monarque du Caire n’est autre qu’un signe de panique, voire de faiblesse.

 

 Alors que la société bouge dans le sens du changement, le régime s’enferme en haut de sa pyramide. Son seul programme est de se maintenir, quitte à écraser la société. Pour de nombreux acteurs politiques du Caire, «le régime qui dure depuis 29 ans est complètement usé et discrédité. Il est impossible que ce régime continue à diriger le pays, alors qu’il est gangrené par la corruption qui génère la misère, l’injustice et le déni de droit». 

Hacen Ouali
 
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