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Réseau des Démocrates

Intensification des luttes sociales. Contradiction inconciliable entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas ».

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Editorial - mars 2010.

L’année 2010 s’annonce sous des signes qui incitent à l’optimisme. Le pays assiste à un saut qualitatif dans l’éveil de la conscience sociale des travailleurs, manuels ou intellectuels.


Ouvriers de Rouiba, d’El Hadjar, de Sidi Bel Abbes, enseignants, médecins du secteur public, jeunes chômeurs - la liste des catégories socio-professionnelles entraînées dans le combat social est de plus en plus longue - se mettent en mouvement. Les discours sur la crise, sur la baisse des recettes pétrolières, sur la hausse des prix des biens importés et sur la nécessité qui en découlerait d’accepter des “sacrifices” n’ont pas de prise sur les travailleurs en grève. Tous constatent que les crises ne touchent pas et n’ont jamais touché tout le monde de la même façon. Une minorité s’enrichit de crise en crise, accumule sans état d’âme un patrimoine immobilier insolent ou place l’argent du pillage dans les banques étrangères. Mais les travailleurs, les petits commerçants et artisans, les catégories “moyennes” de salariés, eux, s’appauvrissent. Les couches sociales dominantes, les hommes des appareils du pouvoir qui avaient conduit le pays au désastre de la crise de 1985 n’ont nullement souffert de l’application des mesures d’ajustements structurels de 1994 provoquées par leur politique. Au contraire, les “réformes” leur ont profité et les ont immensément enrichis. Mieux encore, grâce à “l’esprit des réformes” et à la culpabilisation des principes moraux qualifiés de “populistes” par les tenants d’une “modernité” capitaliste, leurs richesses illicites sont désormais blanchies et les nouveaux nantis peuvent étaler sans avoir à se cacher les fruits de leur rapine. Les terres nationalisées ont été restituées aux anciens féodaux et gros propriétaires - et même les “dons” des hauts fonctionnaires - sans que le prix des produits alimentaires et le volume de leur importation aient baissé. Les banques publiques se sont pliées “en quatre” pour servir en généreux “crédits téléphoniques”, et sans aucune garantie, les messieurs influents et les enfants de ces messieurs, afin qu’ils importent en toute liberté camelote et biens de luxe, cassent le secteur productif, réduisent au chômage et à la misère des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles. Le volume des crédits que ces messieurs ont daigné rembourser est insignifiant. Pour camoufler les trous, le gouvernement a régulièrement recours à une recapitalisation des banques publiques et cette opération est mise mensongèrement sur le compte des dettes du secteur public.

Aucun “capitaine d’industrie” n’a surgi en échange de cette manne.


En revanche, des barons de l’huile, du sucre, du rond à béton, du médicament, des voitures, du blé, etc., bref des barons du tout import qui peuplent les coulisses et les couloirs du régime, il y en a à profusion. Les signes de leur prospérité agressent le travailleur de l’usine autant que l’enseignant ou le jeune sans travail, sans logement, sans espoir de se marier : villas somptueuses, véhicules à 10 millions de dinars que conduisent les filles et les fils insouciants de “ceux d’en haut”, heureux d’exhiber leur patriotisme d’apparat à chaque compétition internationale de football, mais n’éprouvant aucun sentiment d’indignation face aux injonctions des ambassadeurs des grandes puissances impérialistes qui nous disent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

Alors, après 25 ans de réformes et de crises dont les conséquences ont été supportées par les seules couches populaires, après une sanglante décennie qui plonge ses causes dans la politique économique et sociale des couches sociales dominantes, les travailleurs répondent au pouvoir qui les appelle à de nouveaux sacrifices : faqo !

Les défenseurs du régime auront beau utiliser la qualification de l’équipe nationale de football au mondial 2010, souffler sur les braises d’un chauvinisme latent, ou discourir sur la criminalisation du colonialisme, pour faire diversion, les travailleurs se laissent de moins en moins prendre facilement au piège.


Le pouvoir pourra encore menacer, intimider, réprimer, bastonner à coups de manches de pioche, acheter des “syndicalistes”serviles, tant qu’il y a encore des miettes à leur donner, il n’empêchera pas l’aiguisement de la conscience de classe et la politisation chez ceux qui produisent les richesses mais sont les derniers à prendre leur part de ces richesses. Le régime ne peut pas faire de concessions de lui-même. Ce sont les luttes et une solidarité des ouvriers et des salariés sans faille qui l’y obligent. Toute sa politique a consisté depuis plus de vingt ans à réduire les impôts sur les plus riches, à leur accorder des cadeaux de toutes sortes aux dépens des équilibres du budget de l’Etat et sans effet aucun sur le niveau de la production matérielle. Le directeur général des Impôts vient de reconnaître que la “pression fiscale” algérienne est la plus basse de la Méditerranée. Rien qu’en dix ans, elle a diminué de 60% ! La baisse réelle est encore plus effarante si l’on tient compte de l’impact des fraudes et de l’informel alimenté par les barons de l’import. Ajoutons à ce tableau les surfacturations à grande échelle des importations et des travaux publics utilisées comme procédé de pillage massif du revenu national par les couches sociales qui forment la base sociale du pouvoir actuel, sans oublier les grands marchés accordés aux multinationales - téléphonie mobile, cimenteries, centrales électriques, usines de liquéfaction du gaz naturel, construction des lignes et fournitures de tramways, etc. - pour consolider les alliances de ces couches sociales avec les puissances impérialistes.

On comprend alors pourquoi les comptes financiers extérieurs de l’Algérie sont sous pression et pourquoi la fiscalité ordinaire (hors fiscalité pétrolière) ne suffit plus depuis des années à couvrir les dépenses de fonctionnement de l’État, le déficit entre celles-ci et les recettes ordinaires s’aggravant à vue d’œil.

Voilà pourquoi le régime n’est pas disposé à écouter les cris de détresse des travailleurs et des couches laborieuses. Toute concession entraînera la nécessité de réduire la part des couches parasitaires que ces dernières ne sont pas disposées à l’accepter, sauf en cas d’un grand mouvement populaire. Il y a une contradiction inconciliable entre les intérêts des travailleurs et ceux des classes possédantes. Peu importe le moyen qui a permis aux possédants d’accumuler leurs richesses, que ce soit par des procédés purement mafieux ou “classiques”, c’est-à-dire par l’extorsion de la plus-value de la classe ouvrière. Face à celle-ci, ils sont tous unis et prêts à réprimer sans hésitation pour conserver leurs privilèges. Aucun dialogue ou “partenariat social” n’est possible dans un régime capitaliste si ce n’est pour berner les travailleurs et gagner du temps et encore plus d’argent.

La seule issue pour les classes populaires réside dans un changement radical débouchant sur l’avènement d’un nouveau système social qui sera sous leur contrôle et exprimera leurs intérêts. C’est la condition pour elles d’améliorer leur condition et de sauver par la même le pays d’un naufrage certain.


Zoheir Bessa


Editorial publié dans le numéro de mars-avril 2010 d’Alger républicain.


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