Après ces présentations, elle cède la place à Hamma Hammami, le porte-parole du « Front » choisi à l’unanimité par ses camarades qu’il commence par
remercier pour cette confiance placée en sa personne.
Unité dans la lutte
Il débute son discours par rappeler que l’objet de la conférence c’est l’annonce des pas franchis et ce qui reste à faire, qui est
minime, estime-t-il. Hammami souligne que les composantes du « Font Populaire» ne sont pas définitives et que celui-ci reste ouvert aux partis organisés, aux indépendants et aux
organisations de la société civile notamment l’UGTT, les jeunes chômeurs et les associations féminines. Il précise, également, que les structures actuelles du « Front » ne sont
pas étrangères les unes par rapport aux autres, vu qu’elles ont milité ensemble sur, pratiquement, tous les terrains, lycéen, estudiantin, syndical, politique, culturel et surtout celui
de la Révolution à laquelle elles ont largement et efficacement contribué et où elles ont participé à destituer le dictateur et continué la lutte, à toutes ses étapes, depuis Kasbah 1 et
2 jusqu’au gouvernement actuel de la « Troïka » dirigée par « Ennahdha » en passant par celui de « Essebsi ». « Le militantisme et les prisons nous ont
unifiés depuis belle lurette, enchaîne le porte-parole du « Front Populaire » ».
La nécessité du « Front »
Il évoque, par la suite les différentes expériences passées parmi lesquelles le « Front du 14 Janvier » qu’il qualifie comme
de simples rencontres et non pas de vrais fronts. La leçon retenue, d’après lui, est, qu’à cette étape, il est insuffisant de se contenter de réaliser un travail commun sectoriel ou
périodique dans ces cadres limités ne se prêtant pas à des actions de grande envergure. « Certes, il existe des différences idéologiques entre nous, mais le principal c’est l’action
politique, c’est la rectification majeure que nous avons apportée à la conception étriquée, qui nous a toujours guidés, et qui nous a permis de constituer notre front, note Hammami. Ce
front est une nécessité et un besoin urgent que nous impose la réalité caractérisée par l’étouffement de la Révolution dans ses aspects patriotique, démocratique et social. Le
gouvernement actuel n’a pas respecté les engagements pour lesquels il a été élu, et ce désengagement touche, pratiquement tous les domaines qui ne connaissent toujours pas de réforme
et où on garde le statu quo tels que la presse qui subit un vrai harcèlement à l’image de ce qui se passe à « Dar Assabah » dont je salue le militantisme et la détermination de
ses journalistes. La justice non plus n’a pas connu de réforme et la ressuscitation du Conseil Supérieur de la magistrature en est la parfaite illustration, les organes de sécurité, elles
aussi, souffrent de cette défaillance qui ne fait qu’aggraver la question sécuritaire, ce qui amène les syndicats de ce secteur à en revendiquer à cor et à cri la réforme, cette réforme
qui fait défaut dans l’ensemble de l’administration tunisienne, soutient Hammami. »
La vente des richesses
Dans ce chapitre relatif aux déficiences du gouvernement de la « Troïka » et pour compléter cette longue liste de griefs qui
lui sont imputés, il ajoute les résultats « désastreux » au niveau économique et politique qui ne sont que la conséquence logique de la poursuite, par
« Ennahdha », de la politique de Ben Ali contre laquelle le peuple tunisien s’est soulevé, la vente des 114 entreprises confisquées, la persévérance dans l’endettement, les
terres, les richesses minières, les exploitations pétrolières donnés en bail aux Qataris ainsi que la convention complémentaire conclue avec « British Gaz » et le contrat
d’exploitation du gaz de schiste avec « Shell » et ses conséquences néfastes sur la santé attestées par tous les experts du monde et négligées par le ministre de l’industrie,
selon Hammami.
« Les richesses nationales sont vendues et la santé des citoyens est menacée,
s’indigne-t-il».
Mécontentement général
Hammami ajoute à tous ces «méfaits» l’absence ou la médiocrité des services prodigués
dans le domaine de la santé, la rentrée scolaire et universitaire, «les pires dans les annales de l’enseignement dans le pays », le taux de chômage galopant, les fiascos répétés de
la politique étrangère orientée vers le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie qui ont dicté et imposé à « Ennahdha » la position vis-à-vis de la Syrie et les contrats à signer
comme celui de la construction de 30.000 logements sociaux accordé aux Turcs et qui a suscité la protestation des ingénieurs tunisiens exclus de ce grand projet. «Les mécontents face à
cette situation chaotique se recensent parmi toutes les catégories sociales, à savoir les travailleurs, les agriculteurs, les jeunes, les femmes, les enseignants, les juges, les avocats,
les médecins, les syndicalistes, les partis politiques, les journalistes, les artistes pratiquement l’ensemble de la société, il n’y a qu’eux, les « Nahdhaouis », qui soient
satisfaits, ironise Hammami. L’unité du peuple est en danger et menacée de sédition. Ils veulent occulter l’histoire du pays oubliant que c’est ce peuple qui a déterminé les aspects
généraux aussi bien des revendications sociales que ceux de la constitution, signale-t-il. »
Le « Front » en tournée
Toutes ces considérations ont rendu urgente la constitution de notre front qui n’est pas conçu pour formuler des protestations, mais
pour gouverner, et nous disposons d’arguments assez solides pour prétendre à un tel statut : nous avons le programme, les compétences et l’amour du pays ! s’exclame le
porte-parole du « Front Populaire ». Il termine son discours par réitérer son invitation à tous ceux qui n’ont pas encore rejoint ce dernier, rappeler la tenue de l’assemblée
populaire qui aura lieu le 7 Octobre au Palais des Sports d’El Menzah qui sera le point de départ de la tournée dans les différentes régions du pays pour présenter le « Front »
et constituer des coordinations locales et régionales en vue de la préparation du symposium national qui sera organisé au mois de Novembre prochain.
Faouzi KSIBI
La liste nominative des conférenciers : Amor Mejri (Front Populaire Unioniste), Jalloul Azzouna (Parti Populaire pour la Liberté et le Progrès), Jamel Lazhar (Parti Patriotique Socialiste Révolutionnaire), Othman Bel Haj Amor
(Mouvement du Baâth)), Ahmed Khaskhoussi (Mouvement des Démocrates Socialistes), Ahmed Seddik (Parti de l’Avant-garde Arabe Démocratique), Mohammed Lassoued (Parti du Militantisme
Progressiste), Hamma Hammami (Parti des Travailleurs), Chokri Belaïd (Parti Unifié des Patriotes Démocrates), Abdelkader Zitouni (Tunisie Verte), Mohammed Salah Toumi (représentant les
indépendants), Nizar Amami (Ligue travailliste de gauche).
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