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Réseau des Démocrates

Ahmed Benbitour répond aux lecteurs du Quotidien d'Oran

benbitourRéponses aux intervenants sur la page de, LE QUOTIDIEN d’ALGERIE, consacrée à la stratégie d’implantation du changement que j’ai proposée.

Dr Ahmed BENBITOUR

Novembre 2010

 

J’aimerais remercier tous les intervenants. Ceux-ci  peuvent être classés en deux catégories :

-          Ceux qui se sont autorisés le droit d’accusations très graves allant jusqu’à me considérer au service d’un clan pour casser l’opposition, selon leurs propres expressions.

-          Ceux qui ont posés des questions de clarification ou des avis différents et argumentés.

Pour les premiers je réponds par trois citations :

-          La première citation est tirée de l’introduction de mon dernier livre « Radioscopie de la gouvernance algérienne » édition EDIF 2000, 2006 :

« Le lecteur pourra se poser après lecture de ce témoignage la question suivante : comment un homme né dans les régions sahariennes éloignées, n’appartenant ni à un clan du pouvoir, ni à un groupe d’influence et ne disposant pas d’assise financière, a-t-il pu accéder, relativement en peu de temps, au sommet de la hiérarchie de l’exécutif ? Le hasard ? Un accident ? Il pourrait retenir le hasard ou l’accident de l’histoire pour répondre à sa question.

Pour ma part, je propose une explication déterministe pour dire que c’est l’aboutissement normal d’un travail commencé bien avant l’avènement de la Révolution armée, par une famille totalement engagée dans le combat pour l’indépendance nationale et la construction d’un Etat digne du génie de son peuple et des potentialités de son pays. » (fin de citation)

-          La deuxième citation est tirée de la conclusion du même livre :

« Pour ma part, j’ai toujours considéré chacune de mes missions, chacune de mes actions, au service de l’Etat algérien, comme « un acte de remboursement » de la dette contractée par ma génération auprès de celle qui l’a précédée. Combien de parents et de proches de la famille qui m’ont pris dans leurs bras dans mon jeune âge, ont sacrifié leur vie au service de ce pays ?

C’est pourquoi, aux premiers mois de l’indépendance, je me suis engagé dans une course effrénée pour rattraper le retard accumulé dans les études pendant la guerre de libération nationale.

Par la suite, je me suis lancé le défi de réaliser un cursus universitaire dans les branches, les plus difficiles et les plus utiles, pour l’étape de développement que traversait mon pays : mathématiques, gestion, économie et finances, afin de répondre aux exigences les plus contraignantes de mon métier. » (fin de citation).

-          La troisième citation est tirée du Coran :

« Ho les croyants ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, alors chercher la preuve, parce que, dans l’ignorance, vous porteriez atteinte à des gens, et qu’ensuite vous auriez regret de ce que vous avez fait » (fin de citation).    

 

Pour la deuxième catégorie d’intervenants j’ai retenu un certain nombre de points de clarification :

Il faut d’abord noter que ce texte sur la stratégie d’implantation du changement accompagne une lettre d’anniversaire adressée à ceux qui travaillent avec moi sur le site www.cicc-dz.net pour faire le point d’une année de travail.

Le Quotidien d’Algérie a jugé utile de le faire connaître sur son site, je l’en remercie.

Voici un extrait de cette lettre :

« La seconde année verra la consolidation des premiers  instruments du changement et l’accélération du rythme de création des CICC, ainsi que leur plus grande animation. »

« En parallèle, un travail de réalisation d’alliances stratégiques et de réseaux entre les différentes initiatives pour le changement qui fleurissent à travers le territoire national s’impose. Il ne s’agit pas de  fusionner les différentes initiatives, ce serait les affaiblir. Chacune doit  garder son  autonomie et sa  trajectoire de développement. Mais, leur mise en  réseau et leur alliance stratégique est une étape importante de  la mobilisation pacifique pour le changement (voir à ce sujet le document intitulé « Stratégie d’implantation du changement »). » (fin de citation)

Les points de clarification, sont au nombre de sept : fusionner ou réunir, changement inéluctable, personnalités d’appui, manque de vision, étapes à différencier, Etat défaillant-Etat déliquescent, Constituante.

1.       Le refus de «  fusionner » a été compris comme un refus de l’unité des forces d’opposition. Au contraire, après une année de travail en équipes de plusieurs dizaines de personnes de haut niveau de compétence, nous sommes arrivés à l’idée de faire converger les différentes initiatives. Il ne s’agit nullement de refuser l’unité. Nous avons d’ailleurs été les premiers à encourager publiquement l’appel à la création d’un Front pour le Changement National. Créer un Front ne signifie pas fusionner les différentes initiatives mais faire converger les actions vers un même objectif.

Un peu de sémantique ne fait pas de mal et permet de clarifier les choses : fusionner deux initiatives, c’est les réunir pour n’en former qu’une seule ! Est-ce possible dans l’état actuel des choses ?

Unir deux initiatives, c’est s’entendre, joindre leurs efforts pour atteindre un but commun ! C’est le sens de l’appel à des alliances stratégiques et la construction de réseaux.

Par définition, la création d’alliances stratégiques c’est la création d’un rapport de force, de pouvoir et de négociation. Donc l’alliance stratégique doit être bâtie sur un projet précis. Vous constatez que ce n’est qu’après une année de travail à notre niveau pour bien définir notre projet du changement et ses différentes étapes que nous nous croyons capables de former des alliances stratégiques avec d’autres qui auront au préalable défini leur projet. Ce qui nous permettra d’évaluer, au départ, la capacité de création de rapport de force.

Nous appelons à la création de réseaux comme première étape avant les alliances stratégiques, pour deux raisons :

Parce qu’à l’avenir l’organisation du travail politique se fera de plus en plus à travers les instruments qu’offrent les NTIC : réseaux sociaux, Internet, … et moins par les partis. Ensuite, c’est un instrument qui permet de mieux se connaître pour construire la confiance et arriver à l’alliance stratégique et son corollaire l’unité dans l’action. Nous pouvons considérer que la publication du texte objet de notre débat par LQA, de façon autonome sans m’en informer, est un acte de construction de réseau : avec cette initiative nous allons mieux nous connaître.

 

2.       Le changement est inéluctable, c’est quoi ? Comme je l’explique dans le texte. Après étude de différentes expériences et analyses comparatives avec la situation algérienne, je suis arrivé à l’hypothèse que ce type de régimes contient les facteurs de sa propre destruction. Nous sommes alors en face de deux hypothèses de changement, celle certaine mais lente de la destruction du régime et avec lui l’éclatement de la société et celle probable mais qui nécessite un grand engagement de la part des forces du changement. Il s’agira, alors, de la mobilisation pacifique pour un changement au service du progrès et de la prospérité des algériens. Donc le changement par la destruction est inéluctable, sauf à se mobiliser pour un changement organisé.

3.       Les personnalités d’appui, ce sont, tel que décrit dans le texte, des personnes qui bénéficient d’une caution morale reconnue au niveau local et qui apportent leur soutien à la vision et au leadership.  

4.       Il manque une vision. Voici un extrait du texte sur la stratégie d’implantation du changement : «  La vision est ouverte au débat, notamment par les textes sur la refondation de l’Etat, la refondation de l’économie, la refondation de l’école… » Celui qui exprime une absence de vision a-t-il oublié de lire cette partie du texte ? Il y a sur le site www.cicc-dz.net des dizaines de pages sur la présentation de la vision, en particulier, le programme urgent de la refondation de l’Etat, de l’école et de l’économie.

 

5.       « Y a pas d’étapes ni de stades à différencier ». Au contraire un travail sérieux doit définir des étapes et des stades d’implantation du changement. Ce n’est pas la thérapie de choc. Il faut trois étapes pour construire une démocratie solide. Une première période d’endiguement pour arrêter l’hémorragie. Une deuxième période d’achèvement des transitions, parce que cela fait plus de deux décennies que nous sommes dans la trappe de transition permanente, à savoir,  la démocratie de façade : ni système de parti unique, ni démocratie plurielle. Une troisième étape de consolidation de la démocratie pour traiter des questions fondamentales. Vous ne pouvez pas traiter objectivement les questions fondamentales pendant la transition parce que les rapports de forces sont fragiles et mouvants et les institutions en construction. Or nous avons besoin de rapport de forces bien établis et d’institutions solidement ancrées pour faire les choix fondamentaux.

6.       Différence entre Etat défaillant et Etat déliquescent ? Un Etat défaillant se manifeste par cinq facteurs: 1. L’absence de l’Etat de droit : la justice est au service du pouvoir, d’où l’expression de « HOGRA » et le phénomène des « HARRAGA ». 2. L’absence de l’Etat régalien, à savoir, l’incapacité de l’administration à exercer ses prérogatives de puissance publique. Il y a absence de l’Etat et le sentiment que le pays est à l’abandon. 3. L’économie défaillante : cycle de mauvaise croissance et de récession ; pays exportateur de richesse et importateur de pauvreté, économie de rente distributive au lieu d’économie productive. 4. L’absence de légitimité de l’Etat : les institutions officielles souffrent de manque de représentativité, à savoir, faible taux de participation aux élections, fraude électorale, l’efficacité des acteurs de la société civile dépend de leur proximité des figures importantes du régime, vide institutionnel et dilution des responsabilités, une opposition émiettée. 5. La fragilisation de la société : la destruction des classes moyennes, la paupérisation des populations, la perte de la morale collective, la déprime est partout, la pauvreté et la mal vie se côtoient.

Les pays africains à un degré ou un autre sont dans le stade d’Etat défaillant. L’Etat algérien répond aux cinq critères de défaillance.

Un Etat déliquescent se caractérise par la généralisation de la corruption, l’institutionnalisation de l’ignorance et de l’inertie, le culte de la personnalité, la centralisation du pouvoir de décision entre un nombre réduit d’individus au lieu et place des institutions habilitées, l’émiettement du pouvoir entre les différents clans à l’intérieur du système. Le pays persistera, alors, dans la situation de non gouvernance avec la forte probabilité de vivre en même temps la violence sociale et la violence terroriste. C’est alors la trappe de misère permanente et la porte ouverte à la dislocation de l’unité nationale et le danger sur l’unité du territoire. Dans le cas de l’Algérie, et dans l’état actuel des choses, cela interviendra avec la baisse sensible des capacités d’exportations d’hydrocarbures que je situe entre 2018 et 2020. C’est ce que j’ai appelé « un mélange détonnant de pauvreté, de corruption généralisée et de perte de la morale collective. » La Somalie, l’Irak, et le Libéria d’il y a quelques années en sont une illustration.

7.          La Constituante. Est-ce réaliste de discuter d’une Constituante dans l’état de délabrement politique du système au pouvoir et de l’opposition ? La Constitution doit être l’achèvement et le couronnement de la construction démocratique qui mérite énormément de débats à travers l’ensemble des composantes de la société, un travail constitutionnel énorme, une formation citoyenne avancée, une forte confiance entre les citoyens et l’Etat et un grand respect entre les différentes parties prenantes. Cela ne peut se réaliser que durant la troisième période de consolidation de la démocratie.

J’espère avoir répondu à vos questions et demandes de clarification. Le débat continue.

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