Espace conçu pour les Démocrates de tous bords.
15 Mars 2017
le 15.03.17 | 12h00 Réagissez
C'est parce qu’ils se sont dotés d’une grande équipe dirigeante en matière économique que bien des pays arriérés ont pu se hisser au stade d’Etats émergents, passage obligé vers le statut de nations développées. L’Algérie n’en est pas là aujourd’hui, et pourtant par le passé, par deux fois, elle a expérimenté deux grandes réformes économiques, impulsées par de solides équipes managériales.
Durant les premières décennies de son Indépendance, le président Boumediène avait bâti une doctrine prônant le contrôle des ressources nationales, l’implantation d’une industrialisation lourde et la mise en place d’une réforme agraire, le tout accompagné d’un vaste tissu de commercialisation sous contrôle étatique. Il avait confié cette mission à Belaïd Abdeslem, qui lui donna un contenu concret à travers l’essaimage d’un réseau dense de complexes industriels.
Il sut s’entourer de solides équipes de dirigeants et de cadres bien formés, y compris dans les instituts algériens. Cette première expérience aurait pu servir de base de développement du pays et permettre à l’Algérie de s’ancrer dans la sphère économique mondiale par la voie royale, celle de l’industrie industrialisante et de l’autosuffisance alimentaire, mais elle fut freinée par le successeur de Boumediène.
Au lieu de maintenir le cap du développement autocentré en corrigeant les erreurs d’exécution et en améliorant les points positifs, Chadli Bendjedid, avec la complicité de Abdelhamid Brahimi, son chef de gouvernement, démantela méthodiquement le système précédent, le remplaçant par une économie débridée, sinistrée et corrompue, qui plongea le pays dans le chaos social et politique (Octobre 1988).
La seconde grande expérience fut inaugurée par l’équipe de Mouloud Hamrouche, qui mit en place un programme innovant et ambitieux de réformes économiques adossé à une Constitution pluraliste. Entre autres, il introduisit le concept d’autonomie des entreprises publiques, fit de la Banque centrale un organisme indépendant, ouvrit l’investissement aux étrangers et libéralisa le commerce extérieur. La compétence, qui était aux commandes du pays, ne put aller au bout de son ambition, qui était de préparer les conditions d’un décollage économique de l’Algérie.
La crise politique et sécuritaire due à l’émergence violente du FIS fit capoter «l’expérience des réformes Hamrouche» et par conséquent de la seconde tentative, depuis l’Indépendance, de réhabiliter l’économie et la gouvernance managériale. Belaïd Abdeslam tenta, en vain, un certain retour au dirigisme étatique, tandis que ses successeurs, Rédha Malek et Mokdad Sifi, butèrent sur les conditionnalités du FMI. Après la fermeture et la dissolution de milliers d’entreprises publiques et le licenciement massif de travailleurs, l’Algérie du début des années 2000 devint un gigantesque bazar dopé par les importations massives permises par la manne pétrolière.
Le système politico-économique, consolidé par Bouteflika, privilégia la rente à la production. Peu de place fut accordée à la compétence et au savoir, plus particulièrement au sommet de la décision. Les gouvernements successifs se contentèrent de dépenser l’argent public se gardant de lancer de grandes réformes. Quelques Premiers ministres ou ministres se distinguèrent individuellement, mais sans réel impact. Le summum de l’aridité économique fut atteint avec le gouvernement Sellal : l’Algérie en paye le prix le plus lourd, car rien de sérieux et de durable ne vient compenser la perte de la rente pétrolière.