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Abdelkader Benmaârouf : «Le rapport de la Cour des comptes doit être public»

Le président de la Cour des comptes a dû déployer des trésors d’imagination pour tenter de répondre aux questions qui lui étaient posées sans tomber dans la divulgation de secrets. Son intervention a eu lieu hier lors d’un forum organisé par la Chaîne I, l’occasion toute donnée à Abdelkader Benmaârouf pour lancer un appel à plus de transparence en direction de l’opinion algérienne.


C’est d’ailleurs l’un des points sur lequel l’invité de la Chaîne I est revenu à plusieurs reprises lors de son passage dans une émission consacrée au rôle de la Cour des comptes dans le contrôle de l’argent public dans notre pays. 
Invité par un journaliste à s’exprimer sur le sujet, Abdelkader Benmaârouf a très vite reconnu que l’Algérie détenait malheureusement une place peu honorable dans un classement réservé à la transparence à travers le monde, et qu’il fallait nécessairement œuvrer pour une avancée en la matière. Sa proposition consiste à amener les dirigeants algériens à accepter de rendre public le rapport annuel de la Cour des comptes. 
Publier ce document permettrait, selon lui, d’effectuer un pas notable, «précieux», dit-il, qui permettra «d’améliorer l’atmosphère dans le pays» du moment que ce rapport pourra être consulté par les citoyens, premiers concernés dans la comptabilité de la gestion du denier public «puisqu’ils contribuent quotidiennement à alimenter les fonds en payant des taxes et des impôts. Le citoyen a le droit de savoir de quelle manière est utilisé cet argent». 
Relancé maintes fois sur le même thème par des journalistes avides d’en savoir plus, il bifurque sur un autre sujet s’y rapportant. Cette fois, il s’agit de révéler que de grosses difficultés en matière de transparence ont été dépassées par la force du temps. Il a fallu un long travail, apprenons-nous ainsi, pour amener les dirigeants algériens, toutes échelles confondues, à s’astreindre à la «reddition de compte». En d’autres termes, accepter de remettre annuellement un rapport détaillé sur la manière dont a été géré le budget qui a été alloué durant l’année. «Les dirigeants doivent se soumettre à cette règle essentielle chaque fin d’année, contrairement aux responsables centraux qui doivent, eux, déposer leur rapport au mois de septembre. Il y a quelques années encore, seuls 15 à 25% de responsables le faisaient. Aujourd’hui, 90% se soumettent régulièrement à cette règle.» 
Abdelkader Benmaârouf ne fait aucun commentaire sur les 10% qui échappent à cette obligation et ne fournit pas plus d’indications sur les raisons ayant amené les responsables algériens à s’astreindre aux demandes de la Cour des comptes. Les pressions exercées par l’environnement et l’évolution du monde en matière de transparence ne semblent pourtant pas y être étrangères. 
On apprend ainsi que la Cour des comptes a été elle-même amenée à œuvrer sérieusement pour le réaménagement et le développement de l’organisme en mettant en place une stratégie basée sur un travail d’experts étrangers (européens surtout) chargés de déceler les faiblesse et les lacunes existantes. Benmaârouf insiste cependant sur les bonnes relations qu’entretient la structure qu’il préside et les dirigeants. «Il y a une grande compréhension entre les dirigeants et la Cour des comptes, elle est essentielle à son bon fonctionnement, les juges et les magistrats spécialisés l’ont appris durant la formation spécialisée qu’ils ont reçue (…) Ils savent travailler dans des situations parfois difficiles.» Exemple : «Parfois, poursuit-il, il faut savoir transmettre le message et même négocier avec les dirigeants pour faire accepter certaines recommandations. Et c’est ce que nous faisons.» Invité à s’exprimer sur le problème d’évasion fiscale, l’invité de la Chaîne I ne s’est pas adonné au jeu des chiffres auquel le pressaient les journalistes reconnaissant, toutefois, qu’il s’agissait là d’une question «très difficile, sensible car liée à des problèmes complexes dont nous sommes conscients et qui découlent des ouvertures enregistrées dans le cadre des activités économiques». 
Le président de la Cour des comptes ne fait pas état de recommandations en la matière, préférant s’arrêter plus longuement sur les faiblesses budgétaires enregistrées au sein de plusieurs associations algériennes «celles qui peinaient à obtenir des subventions auxquelles elles avaient pourtant droit, mais le gouvernement s’est toujours montré sensible sur le sujet et a même pris les dispositions nécessaires pour régler le problème». «Il faut comprendre que nos recommandations ne sont pas des injonctions, leur prise en charge n’est pas obligatoire, mais nous en faisons régulièrement pour tenter d’améliorer les choses», souligne-t-il avant de donner un exemple : «Voilà de longues années que nous appelons les dirigeants à axer les revenus de l’Algérie uniquement sur la rente pétrolière. Aujourd’hui, nous entendons les politiques insister sur la nécessité de multiplier les sources de revenus.»
R. N.

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