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En Russie, les internautes dissidents sont interpellés comme des terroristes

En Russie, les internautes dissidents sont interpellés comme des terroristes

(De Moscou) Un simple commentaire en ligne déplaisant aux autorités russes, et vous pouvez voir droit à un « Show masqué » chez vous ! Un « show masqué », dans le nouveau folklore russe, c’est une descente musclée d’hommes armés et cagoulés.

C’est ce qui est arrivé à l’opposant Artiom Tchebotarev le 27 mai dernier. Et pour que le message circule rapidement sur le « Runet » (l’internet russe), la sécurité d’Etat (FSB, ex-KGB), a posté le jour même sur Internet la vidéo de l’arrestation.

Les médias en ligne et la télévision d’Etat russe ont aussitôt amplifié cet événement incongru. En effet, jusqu’ici, les « shows masqués » étaient réservés aux terroristes et aux oligarques récalcitrants.

« A terre ! A terre ! »

La volonté de faire un spectacle de cette arrestation paraît évidente. L’un des quatre ou cinq membres du commando du FSB n’avait pas d’autre fonction que de filmer les événements. La vidéo démarre sur le commando cagoulé, portant des gilets pare-balles, pénétrant un immeuble, montant les escalier, frappant à une porte et criant « police, ouvrez ! ».

Dès que la porte s’entrouvre, trois hommes du commando se jettent sur le suspect en hurlant « A terre ! A terre ! ». L’homme n’offre aucune résistance. Plaqué au sol, il se voit immédiatement enfiler des menottes. L’un des cagoulés lui ordonne de tourner son visage et d’ouvrir les yeux.

Le responsable du commando lui signifie qu’une enquête criminelle est ouverte contre lui pour avoir posté sur vk.com (le Facebook russe) « des commentaires au contenu extrémiste ». Les formalités sont achevées pour le suspect, embastillé sur le champ.

Il risque deux ans de prison

Selon le parquet, Artiom Tchebotarev, 36 ans, serait un partisan de l’indépendance « d’Ingria » (autre nom de la région de Saint-Pétersbourg, dont Vladimir Poutine est originaire), et animerait un groupe dédié au séparatisme.

Or, une loi entrée en vigueur l’année dernière en Russie punit de peines allant jusqu’à cinq ans de prison la simple expression d’idées ou de slogans séparatistes.

Ce lundi, Artiom Tchebotarev a été relâché contre le serment de ne pas quitter la ville de Saint-Pétersbourg jusqu’au terme d’un procès dans lequel il risque jusqu’à deux ans de prison. Pour des commentaires postés sur Internet en février 2015, avant le passage de la loi sur le séparatisme.

Trolls pro-Kremlin

Interrogé par la radio Svoboda, il a assuré n’avoir aucun souvenir des commentaires en question :

« C’est complètement arbitraire. Ils m’ont arrêté comme si j’étais un dangereux terroriste alors que je n’ai jamais rien volé ni commis de crime de mon existence.

Ils ont trouvé le mot “Moskal” (terme désobligeant pour “Moscovite”) dans mes commentaires, et estiment que j’ai insulté les Moscovites en tant que groupe ethnique. Je n’ai rien contre les Moscovites, parmi lesquels j’ai plein d’amis. J’ai employé le mot Moskal dans un sens idéologique. »

Le mot « Moskal » sert aussi à qualifier les « Impérialistes grand russes » qui ont annexé la Crimée et combattent dans l’est de l’Ukraine.

Mais ici, qu’importe le sens des mots. Le show masqué du FSB était destiné à intimider tout ceux qui pensaient pouvoir poster impunément des commentaires contredisant l’idéologie poutinienne. L’internet russe, déjà saturé de trolls pro-Kremlin, a compris la leçon.

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