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20 Septembre 2015
Il n’a pu obtenir que de l’argent au 800m des Jeux africains
Taoufik Makhloufi est parti à Brazzaville, il a vu, mais il a été vaincu. Engagé, mercredi après-midi, dans la finale du 800m des Jeux africains de Brazzaville, il n’a pu qu’obtenir la deuxième place derrière le Botswanais Nijel Amos. Ce scénario pouvait-il être inversé ? Oui si l’athlète algérien avait pris, avec un peu plus de sérieux, ces Jeux africains grâce à qui il avait commencé à se faire un nom, en 2011, lorsqu’il avait remporté la médaille d’or sur la même course aux Jeux de Maputo. Mais aujourd’hui Makhloufi a le statut de champion olympique du 1500m et ne voit, certainement, pas de la même façon les Jeux africains.
Nous avions écrit, il y a quelques jours, qu’il y avait de la désinvolture chez ce garçon. Son statut de champion olympique lui a, peut être, donné des vertiges jusqu’à se permettre des choses qu’il n’aurait pas faites lorsqu’il était encore inconnu du grand public. On le remarque dans l’attitude qu’adopte la Fédération algérienne d’athlétisme lorsqu’elle a affaire à lui. C’est bien simple, elle donne l’impression de n’avoir aucune emprise sur lui alors que la loi lui donne autorité de faire jouer sa tutelle sur ses athlètes. Ces derniers bénéficient, de la part de l’Etat, d’une bourse de préparation à charge pour eux de se mettre à la disposition du mouvement sportif national lorsqu’il est fait appel à eux. Taoufik Makhloufi, qui doit être l’athlète algérien qui bénéficie de la plus bourse de préparation la plus élevée (on parle d’une somme, qu’il aurait reçue en début de saison, comprise entre 250 et 300 000 euros), sans omettre tous les avantages et privilèges que l’Etat et certains sponsors lui ont accordés après sa médaille d’or conquise aux Jeux olympiques de 2012, comprend-il, vraiment, ce que le sport de ce pays attend de lui en certaines circonstances ? On peut en douter lorsqu’on voit comment il a géré sa préparation pour les Jeux africains. C’est ainsi qu’après avoir échoué au pied du podium lors du 1500m des Mondiaux de Pékin, il a multiplié les meetings dont les trois derniers, ceux de Zurich, Berlin et Rieti. Le dernier ne s’imposait pas du moment qu’il intervenait le jour du début des compétitions d’athlétisme des Jeux africains. La Fédération algérienne d’athlétisme avait le devoir d’intervenir pour l’empêcher de courir à Rieti pour avoir le maximum de chances à Brazzaville. On ne sait pas si elle l’a fait mais Makhloufi n’en a fait qu’à sa tête pour réaliser un chrono de cadet sur le 1500m de Rieti (3 :35.53) alors qu’il avait annoncé qu’il allait courir en moins de 3 :30. Cette participation au meeting de la ville italienne l’a obligé à accomplir un marathon aérien dans la nuit de dimanche à lundi pour rejoindre Brazzaville où les demi-finales du 800m étaient programmées le mardi. Makhloufi est un être humain mais il s’est pris pour un superman alors qu’il était gagné par la fatigue. Résultat des comptes, il n’a pas pu obtenir la médaille d’or du 800m et a donc perdu son titre des Jeux africains. On peut même parler d’erreur de stratégie de sa part, sachant qu’il aurait mieux fait de courir le 1500m à Brazzaville où il n’y avait aucun athlète de renom que le 800m dans lequel figurait Nijel Amos. En tout cas, son manque de sérieux a fini par le trahir. Ce n’est pas en affirmant comme il l’a fait à nos confrères de l’APS, présents à Brazzaville, qu’il « s’est incliné contre l’athlète qui a réussi la meilleure performance mondiale de tous les temps sur le 800m », qu’il pourra atténuer la déception du camp algérien. Du reste, Nijel Amos est un très grand athlète mais pas le meilleur sur le 800m dont le record du monde est la propriété du Kenyan David Rudisha. Amos n’est que le quatrième sur ce plan là, bien après Rudisha, Kipketer et Coe.
Voilà comment le champion algérien a fini sa saison. Sur un échec. Il appartient à la FAA de revoir sa copie dans les relations qu’elle entretient avec lui dans la perspective des Jeux olympiques de 2016. Si elle le laisse agir à sa guise, la désillusion n’est pas à écarter à Rio.
Ahmed Achour