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Ouchen Saïd. Ancien gardien de but emblématique du NAHD et de l’équipe nationale : Le gardien volant resté terre à terre

Ouchen Saïd. Ancien gardien de but emblématique du NAHD et de l’équipe nationale : Le gardien volant resté terre à terre

le 19.02.15 | 10h00 9 réactions

«Le seul sport que j’aie jamais pratiqué, c’est la marche à pied, quand je suivais les enterrements de mes amis sportifs.»
Bernard Shaw

Saïd Ouchen a été un gardien de but de talent, dont le destin l’empêcha de côtoyer les cimes auxquelles il était promis. Ses prestations sur les terrains de football étaient toujours suivies avec intérêt, car notre homme y ajoutait cette touche qui manquait aux autres.

Le chat noir, en raison de sa tenue, sa désinvolture et sa grâce s’illustrait par ses envolées autour de sa cage où, tel un félin, il planait, bravant tous les dangers. Où diable allait-il chercher cette maîtrise, cette coordination de toutes ses possibilités soudain mises en harmonie ? A l’époque, sans doute a-t-il su émerger malgré une brochette de goals tout aussi valeureux comme Nassou, Boubekeur, Zerga, El Okbi, Abrouk ou Krimo.

Il se lâche en convoquant sa mémoire pour parler de son palmarès, de l’équipe nationale et du NAHD qui a enfanté une génération de footballeurs à nulle autre pareille. Avec les Fergani, Guenoun, Madjer, Merzekane,
Moussouni, Ighil, Dziri, etc.

Saïd est né le 6 avril 1943 à Hydra. Il a grandi dans ce quartier où il a fait ses classes à l’école du Groupement sportif d’Alger. Hydra (GSAH). En 1956, il rejoint l’Olympique d’Hussein Dey où ses idoles Fez et Bellamine faisaient parler d’eux. En 1959, Saïd opte pour l’AS Saint-Eugène où il côtoie d’autres joueurs non moins valeureux comme Meziani, Guitoun, Belbekri, et autres Krimo et Bernaoui.

A l’indépendance, repéré par les dirigeants nahdistes Laïd Maref et Aïdaoui Aliouat, Saïd n’a d’autre choix que de signer chez les Sang et Or. Commence alors une formidable aventure qui va durer des années. «Le NAHD est un club formateur. Il nous manquait toujours ce petit quelque chose pour monter sur les podiums. Avec une génération de joueurs tels que Bouyahi, Oualiken, Djebbar, Moussouni, Sebaoun, nous avions remporté le championnat en 1966-1967.

C’était peu par rapport à nos ambitions. Mais, à l’instar du RCK, d’El Biar, de l’ASMO nous étions des clubs formateurs peu aidés et notre sort était scellé.»

L’ENFANT DE HYDRA

Ouchen, que les aléas des stades n’ont pas gâté, à dû mettre sa carrière entre parenthèses pendant deux ans en raison d’une méchante blessure contractée contre le CRB, suite à un choc avec Lalmas. «C’est Bellamine qui m’a remis en selle. C’était un éducateur comme on n’en fait plus. Il était de la trempe d’El Kamal de Kouba, dont je garde une bonne image lorsqu’il nous entraînait dans les présélections.» Inactif pendant toute cette durée, il fallait avoir une sacrée dose de courage pour remonter la pente. «J’étais touché tant physiquement que moralement. Je me déplaçais en France à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon pour soigner ma fracture à l’avant-bras… C’était Sellal, dirigeant à Hydra, qui m’accompagnait chaque mois.

Je lui serai reconnaissant toute ma vie.» Saïd évoque simplement les étapes de sa vie, sans rien manquer ni l’essentiel, ni l’anecdotique. Sobre et sûr de lui-même, ignorant l’emphase, il ne renie nullement ses engagements allant en faveur du beau jeu et du panache, adepte qu’il est du foot sans chicaneries. «Le football, malgré les passions qu’il déchaîne et l’emploi abusif et contraire parfois qu’on en fait, reste un jeu», clame-t-il. Saïd refuse toujours d’un même revers de la main dans ses jugements la complaisance et la méchanceté.

Ce qui ne l’empêche jamais de dire leurs quatre vérités à ceux qui le méritent. Même l’environnement de plus en plus envahissant du football dit de haut niveau n’a pas de prise sur son enthousiasme et son amour pour le jeu à onze. «Avec du recul, j’estime que je suis passé à côté d’une grande carrière. Je n’ai pas exploité mes qualités à fond, à l’instar d’Amirouche Boualem, l’un des meilleurs ailiers du monde selon bon nombre de techniciens de l’époque. Il était timide comme moi, et c’est peut-être cela qui nous a bloqués.» Saïd se souvient de sa première sélection en équipe nationale, sous la houlette du duo Ibrir-Khabatou au milieu des années soixante.

«Je n’ai pas dormi toute la nuit. C’était un bonheur, un honneur et un énorme défi de défendre les couleurs nationales, c’était sacré.» A la question de savoir s’il n’était pas «barré» par des monstres comme Boubekeur et Nassou au panthéon de leur forme à l’époque, Saïd rétorque que Nassou «avait les mêmes caractéristiques que moi, alors que Boubekeur m’avait entraîné au NAHD. Je n’étais pas en territoire étranger, au contraire je m’inspirais beaucoup d’eux.»

Esprit intègre et droit, toujours habité de scrupules, cet homme au calme impressionnant se souvient des bons et mauvais moments passés sur les terrains de foot. Commençons par les bons : «En 1971, on avait fait un match extraordinaire contre le MCO à Oran qui jouait le titre. On a terminé la partie à 2-2. C’était un match inoubliable, comme les arrêts que j’ai effectués.

A la fin, Carlos Gomez, entraîneur-joueur du MCO, est venu me féliciter, m’a fait monter sur ses épaules pour un tour de piste sous les applaudissements nourris d’une foule enthousiaste. Le nul n’arrangeait pourtant pas le MCO, mais on était sortis satisfaits les uns et les autres. La sportivité était de rigueur, ce qui, hélas, n’est pas le cas aujourd’hui.

Quand je pense à cet événement, j’ai la chair de poule.» Le sport dit : on va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. Ainsi, dans ses mauvais souvenirs Saïd évoque cette défaite en finale de coupe d’Algérie. «Je voulais offrir le trophée à nos supporters, mais le destin en a voulu autrement et la JSK nous a ravi le sacre malgré la composante de notre équipe. Deux années après, j’ai pris ma revanche (sportive) sur la même équipe, alors que j’étais entraîneur-adjoint».

LE NAHD POUR TOUJOURS

Saïd est de ceux qui sont convaincus que le sport national actuel est faible : «Il y a beaucoup d’argent englouti pour des résultats insignifiants. A la TV, je n’arrive même pas à terminer une mi-temps. A notre époque, il y avait une stratégie malgré le peu de moyens, et les couleurs c’était sacré. Je dois dire que la réforme sportive de 1976 a été extraordinaire pour le football algérien.

Les résultats qui l’ont suivie l’attestent. L’ISTS avait aussi formé de bons techniciens. Des étrangers venaient effectuer des stages dans ce centre. Et puis, il y avait des entraîneurs de haut vol comme Snella, Vernier, Leduc, Rogov, Raykov… Aujourd’hui, ce serait ridicule de faire des comparaisons… J’estime qu’on a placé la charrue avant les bœufs. On parle sans pudeur de professionnalisme.

Pour moi, ce n’est même pas de l’amateurisme ! C’est la foire ! Quel est le club qui a ses propres infrastructures ? Où sont les centres de formation. Regardez où sont nos sélections de jeunes ! C’est un véritable gâchis… On bricole, on bricole… quant aux joueurs, il y a beaucoup à dire.

Certains ne savent même pas faire une transversale de 40 m et exigent des centaines de millions, ce n’est pas sérieux… Ma philosophie, c’est que lorsqu’on entreprend quelque chose, on la fait dans les règles de l’art, sinon pas la peine. Construire un stade comme le 5 Juillet et ne pas entretenir sa pelouse avec des gens compétents, ne trouvez-vous pas cela révoltant ? Et puis, quel sens donner à cette décision de l’Etat qui décide de se désengager en 2018 ? C’est suicidaire, car les clubs ne sont pas imprégnés de la culture du sponsoring.

Cela m’étonne que les clubs puissent s’autofinancer. En tout état de cause, le sport reste un phénomène social que l’Etat a le devoir d’encadrer.» Cela dit, Saïd considère que le professionnalisme est un tout et que les dirigeants aussi doivent l’être, ce qui n’est nullement le cas actuellement. Pour étayer ses dires, Saïd se réfère toujours au passé, à Snella par exemple «qui est un véritable professionnel ayant encadré de grands joueurs comme Mekhloufi et Herbin à Saint-Etienne.

C’est lui qui a transformé Madjer qui était défenseur en un attaquant de niveau mondial.» Saïd n’omet pas aussi de rendre un vibrant hommage à Loulou Sellal qui l’avait entraîné en 1970 en équipe nationale et avec lequel il a effectué un mémorable déplacement à Lagos, au Nigeria. «Deux jours avant sa mort, il m’avait appelé de Paris. Il m’a dit merci pour tout. Je ne sais pas comment il a obtenu mon numéro de téléphone. Je garde un souvenir impérissable de lui. C’était un père pour moi. Il y avait avec lui Youcef El Kenz de Skikda, un gars extraordinaire qui n’a pas eu la considération qu’il méritait. On était pressés de rentrer en stage tellement on se sentait bien en groupe.»

DÉÇU PAR LA REGRESSION

Avec les attaquants de l’époque, les gardiens n’avaient qu’à bien se tenir et surtout sortir le grand jeu pour annihiler les essais adverses. Saïd redoutait-il particulièrement certains attaquants ? «Je ne redoutais personne, sinon ceux que je ne connaissais pas. J’avais une bonne lecture de jeu. Je savais par exemple ce qu’Amirouche, Lalmas ou Achour allaient faire. Je n’avais pas peur, mais je les respectais tous.»
Respect, le terme revient souvent dans le discours de Saïd qui se dit embarrassé parfois par certains comportements : «quand je vois des gardiens de but bloquer avec la poitrine ou jongler avec le ballon dans leur surface, je considère cela comme un manque de respect envers l’adversaire. Moi, je ne l’ai jamais fait et ne le recommande pas à mes élèves.» Aujourd’hui, la télévision mouline le foot du matin au soir. «Pas toujours dans le bon sens, relève-t-il, comme il met en garde contre certaines attitudes.

Certains journaux spécialisés ne sont plus que faux scoops et piètres exclusivités jetables et renouvelables à volonté, avec des scandales, des faits divers, où parfois on parle de tout, de l’intimité des gens en oubliant presque d’évoquer le ballon…» Lorsqu’il jouait, Saïd se réfère à une époque où le sport avait toute sa signification. Il est vrai qu’on n’a jamais pris Saïd, d’apparence réservée, en flagrant délit d’emportement contre un tacle violent, une décision injuste, mais aujourd’hui sa colère est perceptible lorsqu’il évoque l’ingratitude des hommes.

«De grands joueurs qui ont tant donné au football algérien sont partis dans l’indifférence D’autres vivent dans l’anonymat, souvent sans considération aucune. Sans vouloir me mettre en avant, pensez-vous que je puisse faire vivre ma famille avec une retraite de 30 000 DA ?»

Parcours

Né en 1943 à Hydra, il a commencé à jouer dans son quartier. A rejoint l’OHD, puis l’ASSE.

A l’indépendance, il opte pour le NAHD où il signe un contrat de fidélité : il ne jouera plus que chez les Sang et Or. Il entraîne l’USMA, l’USMB avec Mouassa, puis Sarjah à Dubaï.

Il est entraîneur adjoint de l’équipe nationale féminine avec Azzedine Chih. Il est champion arabe en Egypte avec cette sélection, il est 3 fois finaliste de la Coupe d’Afrique avec la sélection féminine. Ouchen a porté à plusieurs reprises le maillot national. Marié, père de deux filles.

VOS RÉACTIONS 9

sita le 20.02.15 | 10h11

goal exemplaire

le chat ce n'est pas seulement lui et les goals des equipes algeroises:
n'oublions pas aussi ALLILI DE L'USMBLIDA qui a fait de gands arrets au stade 5 juillet.
il y'avaient des" chats noirs" partout en algerie pas uniquement a alger.

Times they are rechanging !

Merci pour et encore merci pour toutes les tranches de vies de bonheur et de joie que tu nous as offert. Il fallait du courage pour être "Goal" que nous disions à l'époque. Le poste le plus ingrat et le plus difficile.Certes notre reconnaissance n'as pas la couleur du billet de banque mais le billet de banque n'atteindra jamais la valeur de notre reconnaissance. Les couleurs étaient sacrées.Alors en retour que ton ciel soit de toutes les couleurs.

Le chat noir

Pour ceux qui ne connaissent pas said ouchen , c était un chat noir qui nous vibrait de bonheur dans les années 60 et 70 .c est avec nostalgie que j ai lu ton interview sauf que le dernier paragraphe m a rendu triste . Je me rappellerai toujours de ta parade face à une tête de Dali de la jsk au stade du 5 juillet .tout le monde a cru au but sauf toi .t as été chercher la balle en pleine lucarne (avant on disait plein équerre ) rabi ihefdhek ou taouel 3amrek . Je connaissais dahmane ton frère qui ton entraîneur occasionnel . Merci pour tout ce que t as donné au foot algérien salah de paris

la belle epoque du NAHD!

avec les ,Bouyahi,Djebbar et ses puissantes frappes,les freres Aouar stratèges,le feu follet Oualiken,et Saadi l un des meilleurs avant-centre de l époque!c était un régal d assister a un NAHD-CRB,MCA,JSK,USMA et tant d autres belles équipes!merci de rappeler ces joueurs d antant,ils avaient de la classe et du fair-play!

Le chacal ou le félin.

OUCHÉNE ou le chacal restera dans la mémoire de beaucoup d´admirateurs. Un gardien de but qui a marqué toute une génération de footballeurs et qui restera un exemple de sérieux et de professionalisme. Que les jeunes gardiens d´aujourd´hui s´inspirent de sa personne!
Longue vie Monsieur OUCHÉNE.

ouchen

Un grand keeper généreux et attachant comme il n'en existe plus. Tellement difficile à battre qu'on utilisait des moyens anti-sportifs pour violer sa cage. Je me souviens de l'épisode avec Lalmas el-kebch.Bien que ce dernier fut lui aussi un virtuose de la balle ronde,face à son impuissance à te marquer, il n'avait pas hésité à t'agresser violemment. Merci pour tous les grands moments que tu nous as offerts et salutations distinguées. Smaïl de Limoges (ex.HARRACHI)

Said Ouchen

Mon Dieu! Quel sentiment délicieux quand je p ense à l'époque de ce merveilleux gardien (à tous les points de vue) qui avait devant lui une non moins merveilleuse défense avec l'extraordinaire paire de centraux Akkak/Kheddis. Rabbi y taouel omrak ya Said.

LE PUR

Said est un frere pour moi comme pour lui d'ailleurs comme lors de votre interview Said est quotidiennement comme ca lorsqu'il evoque sa minable retraite c'est malheureux qu'un footballeur de sa trempe dans tous les niveaux perçois un salaire aussi insignifiant pour la petite histoire la veuve du defunt Mohamed Kheddis a eut toute les peines du monde pour reunir le dossier de retraite de son defunt epoux à l'heure actuelle je ne sais pas si elle y est arriver merci à vous de l'avoir solliciter SAID merite tout le bien du monde

un exemple a suivre

nos jeunes d’aujourd’hui doivent s’imprégner des hommes qui ont écrit l'histoire du foot ball national en lettres d'or, c'était vraiment le bon temps

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